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ANALYSE

Tchad : Le rêve brisé des diplômés sans emploi, entre débrouille et désespoir


Alwihda Info | Par Nguessitta Djimtengaye William - 28 Juillet 2025


Au Tchad, une jeunesse instruite se heurte à un mur : des milliers de jeunes diplômés peinent à trouver un emploi stable et décent, malgré des années d'études et des sacrifices financiers. Cette situation alarmante transforme leur savoir en fardeau, brisant leurs ambitions et les poussant vers la débrouillardise ou l'exil.


Tchad : Le rêve brisé des diplômés sans emploi, entre débrouille et désespoir


  Le taux de chômage officiel, estimé à seulement 1,09 % en 2024 (selon la Banque Mondiale/ILO), masque une réalité bien plus complexe. Ce chiffre ne prend en compte que les personnes qui recherchent activement un emploi, excluant ainsi une grande partie de la jeunesse diplômée découragée, ceux qui vivent de petits boulots précaires ou d'activités informelles sans revenus stables.

 
En effet, des milliers de diplômés universitaires ou de formations professionnelles restent sans emploi pendant des années faute de débouchés. Beaucoup d'entre eux ne sont pas recensés comme chômeurs car ils ne sont ni enregistrés, ni engagés dans des démarches formelles de recherche d'emploi. On estime que près de 80 à 90 % des actifs travaillent dans le secteur informel (vente ambulante, moto-taxis, petits métiers). Ces personnes sont considérées comme "occupées" dans les statistiques, mais elles n'ont ni contrat, ni sécurité sociale, ni revenu stable, ce qui équivaut à un chômage déguisé ou sous-emploi massif.
 

 

 
Les histoires d'Eric Tilabaye, diplômé en sciences politiques de l'Université de N'Djaména et au chômage depuis cinq ans, ou de Mahamat Ali, titulaire d'un Master en relations internationales et devenu moto-taximan pour subvenir aux besoins de sa famille, illustrent parfaitement ce désarroi. Tous deux témoignent de la difficulté à trouver un emploi dans un système où le favoritisme est perçu comme une règle. "Ici, tout se fait par favoritisme. J’ai préféré me concentrer sur ma moto pour nourrir ma famille", lâche Mahamat Ali avec amertume.
 

Des Solutions Nécessaires et Concertées

 
Pour lutter contre ce chômage endémique, des efforts conjoints de l'État et des jeunes eux-mêmes sont indispensables :
  • Pour l'État :
    • Investir dans la formation professionnelle en l'alignant sur les besoins réels du marché du travail.
    • Soutenir l'entrepreneuriat par des mesures incitatives et un accès facilité au financement.
    • Promouvoir le secteur privé afin qu'il puisse absorber davantage de main-d'œuvre qualifiée.
    • Recruter sans favoritisme dans la fonction publique et les entreprises d'État, en garantissant la transparence des concours.
    • Créer un climat économique propice à l'emploi par des réformes structurelles.
  • Pour les jeunes :
    • Se former dans des secteurs porteurs et adapter leurs compétences aux demandes du marché.
    • Développer l'auto-emploi et l'entrepreneuriat, en explorant des niches économiques.
    • Utiliser le numérique comme levier de développement personnel et professionnel.
    • S'organiser en réseaux pour échanger des informations, des opportunités et mutualiser les efforts.
La lutte contre le chômage des diplômés au Tchad exige une mobilisation forte et des actions concrètes pour que le savoir redevienne un atout, et non un fardeau, pour cette jeunesse pleine de potentiel.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)