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ANALYSE

N'Djaména interdit la Chicha : Une décision qui divise


Alwihda Info | Par Barra Lutter - 25 Juillet 2025


La commercialisation et la consommation de la pipe à eau, communément appelée "chicha", sont désormais interdites sur l'ensemble de la commune de N'Djaména. Cette décision, rendue publique le 23 juillet 2025 par la Mairie Centrale, suscite des réactions mitigées parmi la population. Si pour certains, la chicha est devenue un véritable mode de vie et un plaisir incontournable, d'autres saluent cette mesure de protection de la jeunesse.


N'Djaména interdit la Chicha : Une décision qui divise


  L'interdiction s'appuie sur des études sanitaires alarmantes. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une seule séance de chicha équivaut à la consommation de 20 à 30 cigarettes. La fumée de chicha, même filtrée par l'eau, contient des niveaux élevés de substances toxiques :
  • Monoxyde de carbone (CO) : Produit par la combustion du charbon, il réduit l'apport en oxygène aux organes et au cerveau, pouvant entraîner des maux de tête, nausées, vertiges, malaises, voire des comas.
  • Goudron et particules fines : Ces substances se déposent dans les poumons, augmentant considérablement le risque de cancers (poumon, gorge, bouche), de bronchites chroniques et d'emphysème.
  • Métaux lourds : Plomb, chrome, nickel sont retrouvés dans la fumée et sont connus pour leur toxicité.
  • Substances cancérigènes : Benzène, formaldéhyde et autres composés volatils nocifs sont également inhalés.
Au-delà des consommateurs directs, la fumée de chicha expose à un tabagisme passif dangereux, particulièrement pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies respiratoires. Les lieux publics de consommation se transforment en "chambres à gaz". L'utilisation de narguilés partagés augmente par ailleurs le risque de transmission de maladies infectieuses (hépatite, tuberculose, herpès labial), même avec des embouts individuels.


Malheureusement, une grande partie de la jeunesse semble ignorer ces dangers, considérant la chicha comme un "poison silencieux" qui les tue "à petit feu".
 
 


Réactions Contrastées

 
La décision de la mairie est loin de faire l'unanimité :
  • Haroun Ahmat exprime son mécontentement : "La ville de N'Djaména a plus de problèmes que cette fameuse histoire de chicha. L'alcool frelaté et la cigarette nuisent gravement à la santé de la jeunesse, et ils sont vendus et consommés en toute liberté. Cette décision n'est pas faite pour protéger la jeunesse."
  • Achta, rencontrée dans le quartier Kabalaye, rejette l'autorité du maire sur ce point : "Ce n'est pas à M. le Maire de décider à notre place. Si c'est pour la question de santé, il faut fermer la brasserie et tous les bars de N'Djaména. Une ville n'a aucun espace de divertissement. Les lieux de chicha sont devenus un grand carrefour de causerie et d'échange pour beaucoup de jeunes."
  • À l'inverse, Sani Amadou salue la mesure : "Je salue cette mesure. La ville de N'Djaména manque d'espaces de loisirs pour la jeunesse, mais ce n'est pas une raison d'encourager les jeunes à consommer de la chicha. Cette décision, c'est pour protéger la jeunesse. Il faut interdire aussi l'alcool. Mon inquiétude, c'est sur l'application de cette mesure."
     

 


Nécessité d'une Application Rigoureuse et de Sensibilisation

 
Malgré les voix discordantes sur les réseaux sociaux, la chicha représente une menace sérieuse pour la santé publique, et la commune de N'Djaména a l'obligation de protéger sa jeunesse. Au-delà des critiques, il est impératif que cette mesure soit appliquée sans distinction, accompagnée d'un renforcement des opérations de contrôle, de répression et, surtout, d'une sensibilisation accrue sur les méfaits de la chicha. Le forfait est chèrement payé, mais la prestation n'est ni à la hauteur, ni conforme aux attentes de santé publique.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)