Dans sa déclaration, la Secrétaire d’État au Ministère de la Santé Publique et de la Prévention, Dr. Mbaidedji Dekandji Francine, a souligné que ce thème « nous invite à dénoncer les tactiques trompeuses de l’industrie du tabac et à lever le voile sur les ravages que ce produit, sous toutes ses formes, inflige à la santé humaine. » Elle a rappelé que le tabac, qu'il soit traditionnel ou industriel, est un poison mortel et un danger majeur pour la santé publique, ciblant particulièrement les jeunes, "fer de lance de la nation".
L'industrie du tabac déploie un arsenal de stratégies de manipulation, de désinformation, de marketing mensonger et de campagnes séduisantes pour banaliser les risques du tabac, allant même jusqu'à suggérer de fausses vertus thérapeutiques. La réalité est cependant tout autre : le tabac contient plus de 4 000 substances toxiques, dont au moins 60 sont cancérigènes. Plus l’initiation au tabac est précoce, plus le risque de dépendance est élevé, et plus la consommation s’inscrit dans la durée, plus il devient difficile d’en sortir.
Les statistiques mondiales sont alarmantes : près de 9 fumeurs sur 10 commenc
ent à fumer avant l’âge de 18 ans. Alors que la prévalence mondiale du tabagisme diminue (passant de 18 % en 2000 à 9,5 % en 2022), l'Afrique connaît une tendance inverse, avec un nombre d'usagers qui est passé de 52 millions en 2000 à 84 millions en 2024. Au Tchad, une étude réalisée en 2024 dans les dix communes de N’Djamena révèle que 43,6 % des jeunes adultes âgés de 18 à 40 ans consomment du tabac. Ces données interpellent, car elles concernent non seulement les consommateurs, mais aussi les milliers de personnes exposées à la fumée secondaire, qui est tout aussi dangereuse.
Le Tchad n'est pas resté inactif face à cette menace. Le gouvernement a pris des mesures courageuses pour protéger la santé de ses citoyens, notamment les jeunes, à travers :
- La ratification de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
- La promulgation d’une loi nationale de lutte antitabac.
- La non-ingérence de l’industrie du tabac dans l’élaboration des politiques de santé.
- L'interdiction de fumer dans les lieux publics.
- L'interdiction de toute publicité, parrainage et promotion du tabac.
- L'interdiction de la vente ou de l’offre de produits du tabac aux mineurs.
Ces efforts s’inscrivent dans la volonté du Président de la République, Chef de l’État, de garantir le bien-être de chaque citoyen, notamment à travers le chantier 10 du Programme quinquennal, consacré à la santé.
Malgré ces avancées, la publicité illicite, la vente par des mineurs et le tabagisme juvénile persistent encore dans le pays.
Le Ministère de la Santé Publique et de la Prévention, en collaboration avec ses Partenaires Techniques et Financiers, appelle à une mobilisation générale de toutes les forces vives de la nation pour renforcer la sensibilisation du public, en particulier des jeunes. Il s'agit d'impliquer les leaders communautaires, religieux, chefs traditionnels, institutions publiques et privées, ainsi que les associations de femmes, d’hommes et de jeunes.
L'appel est également lancé pour des réformes plus strictes, incluant :
- L’interdiction des arômes et additifs dans les produits du tabac.
- L'interdiction totale de toute forme de publicité, y compris en ligne.
- Une réglementation sévère de l’emballage et de la conception des produits pour les rendre moins attractifs.
- L'intégration de l’éducation antitabac dans les programmes scolaires et les campagnes de proximité.
- Le renforcement des partenariats intersectoriels avec les ministères de l’Éducation, de la Jeunesse, de la Communication, ainsi qu’avec les organisations de la société civile.
- L'encouragement de la recherche et de la veille sur les nouvelles tactiques de l’industrie du tabac.
- Le soutien aux programmes de sevrage tabagique, notamment pour les jeunes fumeurs.
Le tabac est un tueur silencieux, il rend malade, ruine les familles, réduit l’espérance de vie, et affecte également l’économie nationale en accroissant les dépenses de santé.