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Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement


Alwihda Info | Par Éric Guedi & Djibrine Haïdar - 27 Février 2020


"Nous pouvons produire énormément mais nous n'avons pas les routes", explique le maire de la ville Saoudonon Robert.


Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Laï, "capitale de l'or blanc", accueille vendredi le chef de l'État Idriss Déby qui va lancer le programme d'appui au développement local et à la finance inclusive (PADLFIT). A la veille de l'évènement, Alwihda Info a rencontré le maire de la ville, Saoudonon Robert, dans son bureau. Il s'est expliqué sur la situation économique et sociale de Laï.

La ville doit son surnom à sa grande capacité de production de riz, cultivé deux fois dans l'année. C'est l'une des premières villes du Tchad. "Je dirais même la première parce que ça fait plus de 100 ans que Laï a existé comme une structure reconnue officiellement par la colonisation", souligne le maire.

Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
L'enclavement, un frein au développement

Géographiquement, cette ville de 40.000 âmes se trouve sur une grande plaine qui "fait son malheur", Laï étant "complètement enclavée". D'après le maire, "la ville de Laï ne vit que quatre ou cinq mois pendant l'année. Le reste du temps, elle est coupée comme une île dans un océan d'eau."

"Sur le plan des potentialités, je crois que c'est la ville la plus favorisée parce que nous pouvons tout faire à Laï et dans ses environs dans le domaine agro-Sylvio-pastoral. Nous avons l'eau à fleur de sol, les cultures. Nous pouvons cultiver deux fois le riz dans l'année. Nous avons une terre qui accepte les oignons, l'ail, les pommes de terre. Nous avons une terre qui nous produit tout. Malheureusement, le seul handicap qui fait que Laï est resté une dernière ville c'est les canaux de distribution, c'est-à-dire les routes. C'est la plus grande difficulté de la ville de Laï", relève Saoudonon Robert.

Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
L'enclavement de la zone freine considérablement le développement de Laï qui présente pourtant d'énormes potentialités agricoles. "Nous aurions eu une route qui part jusqu'à Doba, je crois que Laï ne serait pas ce que vous avez vu. Nous serions très loin. Pour les gens qui connaissent le Sud du Tchad, si vous plantez la tête de votre compas dans la ville de Laï, vous faites le tour du Sud, c'est presque le centre. Faites l'expérience un jour, prenez une carte, tout le Sud, c'est Laï qui est au centre. Même géographiquement, si Laï est désenclavé, tout passe par Laï. Du Sud, tout le monde passera par Laï, du moins la grande partie", explique le maire de la ville.

Cette ville qui a son importance dans l'histoire du Tchad, peut produire énormément au niveau agricole. Cependant, l'enclavement a découragé la population. "Malheureusement, nous n'avons pas les routes pour écouler ce qu'on produit. Ça a entrainé une démotivation de la jeunesse. La jeunesse aujourd'hui produit juste le nécessaire pour manger, avoir quelque chose, mais elle n'a pas l'ambition de produire pour devenir un peu aisée, riche, alors que nous pouvons devenir riche. Si nous avons les canaux de distribution, les voies d'écoulement de nos produits, notre jeunesse peut devenir très riche", estime Saoudonon Robert.

Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Le PADLFIT, un "soulagement"

A ses yeux, le lancement du PADLFIT apporte un "ouf" de soulagement, notamment pour la jeunesse, mais il doit absolument s'accompagner de la construction de routes. Il affirme que "ce projet a amené vraiment un ouf, en ce sens que ça a amené la jeunesse à abandonner l'alcool et à s'occuper d'une certaine manière avec des activités génératrices de revenus."

A quelques kilomètres de la ville, le projet PADLFIT est en train de réaliser une ferme intégrée, proposant des formations aux jeunes dans le domaine de l'élevage, l'agriculture, les cultures maraichères et même de la pisciculture. Ces jeunes, une fois formés, peuvent se lancer à leur propre compte, produire, vendre et vivre de leur production.

"Si ce projet s'arrête seulement à ça, je n'exagère pas mais je vais multiplier par zéro ces efforts parce que le jour où ils vont produire, il faut qu'ils écoulent ça. Quand le prix d'écoulement dépasse le prix de vente, ça veut dire que personne ne prendra avec eux et ils vont rester avec ça dans les bras. A la fin, ils ne produiront plus. Ils vont refuser de produire et retournerons à la case départ, ils vont se remettre à boire. Leur boisson préférée de Laï c'est "La cochette". Et on dira que les jeunes de Laï sont des soulards, ils boivent La cochette", analyse Saoudonon Robert.

Il suggère que le projet soit intégré, "dans le sens où tout ce qui se fait maintenant, si on ne fait pas la route, je crois que le projet ne nous arrange pas." 

« Ça c'est l’attente même de la population de la Tandjilé. C'est la grande attente. Avec ce projet, que le président fasse tout pour nous faire la route, du moins Laï-Doba, et peut-être améliorer la route Kélo-Laï. Si nous arrivons à ce résultat, nous ne demanderons plus rien au Gouvernement tchadien parce que je suis sûr que nous allons nous auto-suffire sur le plan agricole. Nous allons même vendre le riz en dehors de Laï. Aujourd'hui nous vendons le riz à Laï mais c'est des cultures "derrières les maisons" comme on dit. Mais si on a la possibilité de faire beaucoup de riz et d'écouler, je vous assure qu'on va faire des hectares et des hectares de riz. On va cultiver deux fois le riz dans l'année. Les coûts de transport de nos produits reviennent tellement cher qu'une fois les produits arrivés à N'Djamena, nous ne pouvons pas les vendre, la concurrence nous prend", précise le maire du chef-lieu de la Tandjilé.

Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
"Cette population est très brave"

Déplorant un manque de soutien du Gouvernement, Saoudonon Robert reste toutefois persuadé de la détermination de la population à relever les défis du développement. "Regardez même un peu le bureau du maire. Ça montre tout. Je n'ai même pas besoin de faire de commentaires. Mais cette population est très brave. Avec cette population, j'ai un projet communautaire depuis que je suis là. Ça fait quatre ans que je suis là. Les gens de Laï ont juré de construire le siège de la Mairie. Il y a un bâtiment nouveau. Quand vous partez d'ici, il y a un kiosque d'Union express, ça c'est le terrain de la nouvelle Mairie. Nous sommes en train de construire. Ça fait depuis deux ans que nous avons entrepris la construction pas à pas. J'ai relancé pour qu'on puisse couvrir le bâtiment et que nous puissions aller travailler dans ce bâtiment. Et ça c'est un projet communautaire", détaille le maire.

Il ajoute que "la population adhère à un bien-être dans cette ville. Malheureusement nous n'avons pas vraiment le soutien du Gouvernement tchadien. Nous sommes là, on fait avec, nous sommes un peu croyants, surtout moi et je crois que Dieu fera quelque chose de notre ville."

Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info
Tchad : Laï, capitale de l'or blanc, un potentiel énorme malgré l'enclavement. © Éric Guedi/Djibrine Haïdar/Alwihda Info



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