REPORTAGE

Tchad : Maurice Abatam, le lutteur qui travaille désormais la terre au village


Alwihda Info | Par Mbainaissem Gédéon - 9 Juin 2023


Né le 22 juin 1987 à Baktchoro, un village situé à 20 km de Kelo dans la Tandjilé Ouest, Abatam Maurice, surnommé "Champion", est marié et père de plus de 4 enfants. Mesurant 1,65 m, avec un teint noir, des yeux perçants, une musculature imposante et une coiffure ras simple, Maurice Abatam a commencé sa carrière sportive en 2001. Il a remporté la médaille d'or dans la compétition de lutte africaine (120 kg) lors des 6e Jeux de la Francophonie qui se sont déroulés en 2013 à Nice, en France.


Il a également obtenu la médaille de bronze en épreuve par équipes aux côtés de ses coéquipiers Kossia Kole, Idriss Hamani Hinassou, Benoît Yinkreo et N'Gamsou Guidjingé Kaougué. La lutte africaine a été officiellement intégrée au programme des Jeux de la Francophonie en tant qu'épreuve de démonstration. En 2013, lors de la 7e édition des Jeux, cette discipline a été inscrite officiellement au programme du Tchad en tant que compétition sportive.

Abatam Maurice est un lutteur tchadien qui a fait ses preuves. Rien qu'à l'évocation de son nom, ses adversaires tremblent. À seulement 24 ans, il possède déjà un palmarès impressionnant qui en fait un véritable monstre des arènes et le meilleur tireur de sa génération. Il est devenu rapidement un phénomène de la lutte en général, pratiquant les trois styles de lutte : la lutte libre, la lutte africaine et la lutte olympique, même si sa spécialité reste la lutte africaine dans la catégorie des 120 kilogrammes.

Pourquoi te retrouves-tu maintenant au village, abandonnant ta carrière ?

"J'ai commencé ma carrière en 2001, comme je vous l'ai dit. J'ai remporté la médaille d'or au Championnat du Monde en 2011 au Maroc et au Championnat d'Afrique en 2014, toujours au Maroc. J'ai également remporté de nombreuses médailles d'argent (Championnat du Monde en 2010 en Turquie et Championnat d'Afrique en 2013 au Tchad) et de bronze (Championnat du Monde en 2001 en Russie et Championnat d'Afrique en 2013 au Sénégal), sans oublier la médaille de bronze aux éliminatoires des Jeux Olympiques en 2016 en Algérie. Mais aujourd'hui, je n'ai reçu aucune médaille ni aucune récompense financière. J'ai compris que la fédération m'utilisait, c'est pourquoi j'ai abandonné ma carrière pour retourner au village et m'occuper de mes enfants", nous confie-t-il dans un état de désolation.

Abatam Maurice a également remporté la médaille d'or en 2009 au Liban et en 2013 en France lors des 6e et 7e Jeux de la Francophonie. Il détenait le titre dans cette compétition, mais il n'a malheureusement pas pu le défendre à Abidjan lors des 8e Jeux de la Francophonie en raison d'un surpoids qui l'a disqualifié.

Abatam affirme avoir reçu entre 250 000 FCFA et 400 000 FCFA de la part de la Fédération tchadienne à chaque médaille qu'il remportait. "Je dépense de l'énergie et de l'argent, parfois, pour m'inscrire à cette discipline, et grâce à moi, cette discipline a été reconnue par le Ministère en 2013 en tant que compétition sportive. Mais quand je demande de l'argent pour me nourrir, cela me rend triste. C'est pourquoi je suis rentré au village", explique le "Champion" la gorge serrée.

"Que justice me soit rendue et que je réclame mes médailles", confie-t-il.

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