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TCHAD

Tchad : SNE, un cancer qui ravage l’économie


Alwihda Info | Par Mbainaissem Gédéon - 6 Octobre 2022


Créée en 2011, la Société nationale d’électricité (SNE) est soumise à de lourdes contraintes. Ainsi, son parc de production composé de centrales thermiques à diesel, est coûteux et vétuste.


Moins de 70% de la capacité installée de la Société nationale d’électricité est disponible. En effet, le réseau de distribution ne couvre que le tiers de la superficie de la capitale N’Djamena.

Les pertes techniques sont importantes, la commercialisation peu efficace, alors que les taux de facturation sont élevés. Et la situation financière de l’entreprise devient ainsi très préoccupante.

Avec une consommation en carburant de 150 citernes aux compléments de 270 citernes par mois, la société a de la peine à couvrir 10 quartiers, pour ne pas dire 10 arrondissements. Obscurité par ici, lumière par-là, c’est le jeu de moyens. Quand l’électricité arrive dans le quartier, tous les enfants crient et dansent de joie, tel l’arrivée d’un messie.

Des citoyens réagissent au micro d'Alwihd Info :
« C’est la magie mon frère, surtout pour nous qui sommes sur l’axe CA7. Nous avons fait pratiquement cinq jours sans électricité et aujourd’hui, ils nous ont alimenté juste pour deux heures. Je travaillais sur ma machine et subitement, ils ont coupé. Quand vous parlez de la SNE, c’est comme j’ai envie de vous boxer », s’irrite-t-il.

Tena Hassan, blanchisseur sur le même axe, est désespéré : « j’ai des habits des gens pour le lavage et le repassage. C’est un pressing, je ne peux pas repasser les vestes et vêtements faits avec le tissu Getzner au fer à charbon. Je n'honore plus mes rendez-vous et je ne fais pas assez de recettes à cause du manque d’électricité. Je ne sais pas ce que les gens font au Dialogue, ils devraient taper du poing sur la table, mais hélas ».

Rich Shane, un jeune ingénieur rencontré près de chez lui, s’acharne : « c’est déplorable, médiocre, je dirais même nul. Il y a des semaines où l'on trouve de l’électricité et d’autres non. Imaginez, jeudi dernier, nous avons eu l’électricité de minuit à 3 heures du matin et nous n’avons eu l’électricité à nouveau que lundi 3 septembre au soir. C’est une situation insoutenable ».

Le détenteur d'une cabine téléphonique rencontré devant son kiosque regrette la situation, au moment de le vouloir quitter le pays : « c'est grave pour nous les détenteurs d'activités commerciales. À chaque fois, il faut acheter du carburant et démarrer le groupe électrogène. On a envie de disparaitre de ce Tchad quand on pense à ces choses ».

Au centre de santé d’Habena, un administrateur se plaint des délestages beaucoup trop fréquents ces derniers temps : « on ne reçoit de l'électricité que de temps en temps. Pire, c'est la nuit. Or, nous avons besoin d’électricité le jour pour travailler au laboratoire. Il y a des examens que nous faisons, mais à défaut d'électricité, nous orientons les patients vers les cliniques privées. Certains qui n’ont pas de moyens ne le font pas et cela est un risque.

C’est vraiment déplorable que cela se passe sous les yeux des autorités qui restent silencieuses et complices ». La liste est si longue. Et tout porte à croire qu’au Tchad, l’électricité est un luxe.

Le président du Conseil militaire de transition, propriétaire d’une société qui ravitaille la SNE au temps de son père, feu Idriss Deby Itno, reste silencieux, face à cette situation. Or, il avait réagi la semaine dernière à la vidéo d’une jeune fille qui l’a interpellé sur la question de trouver une solution d’urgence. Mais cette décision semble être une promesse de papier.

Car au Tchad, des milliers de beaux discours tenus n’ont jamais eu des résultats concrets.  Avec un taux d’accès à l’électricité d’environ 4% au plan national, et 80% de la consommation concentrée à Ndjamena, le Tchad est l’un des pays les plus mal desservis en électricité de la sous-région.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)