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TCHAD

Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 28 Septembre 2019



Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme. © Alwihda Info
Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme. © Alwihda Info
N’Djamena - La coalition voix de paix a organisé vendredi, au marché de poisson de Dembé à N’Djamena, une réunion de plaidoyer axée sur la « lutte contre l’extrémisme violent au Tchad », en présence d'une centaine de commerçantes et vendeuses de produits de la mer.

Face à l’ampleur de l’extrémisme violent, une militante et présidente associative a indiqué que le lieu du marché de Dembé a été choisi car il est fréquenté par beaucoup de femmes qui viennent vendre du poisson.

« Nos cerveaux sont ouverts sur l’extrémisme violent. Nous sommes là pour sensibiliser, restituer certaines choses qui se passent. Certaines femmes ont écouté, d’autres non. Il y a beaucoup de femmes ici qui peuvent écouter, c’est pour ça que nous avons choisi ce lieu », a-t-elle justifiée.

Le rôle de la population dans la lutte contre l’extrémisme

Le président du CEDPE, Ahmat Yacoub Dabio a remercié les organisateurs pour l’invitation, expliquant que même s’il s’agit de venir parler sous un arbre de cette problématique de l’extrémisme, il est prêt à venir en discuter.

« Nous n’avons pas la force de combattre l’extrémisme mais nous pouvons sensibiliser. L’extrémisme ne se combat pas uniquement avec la force sinon les américains auraient vaincu en Afghanistan contre les talibans. La lutte contre l’extrémisme implique plusieurs possibilités », a-t-il indiqué.

Ahmat Yacoub a déploré le peu d’efforts du Tchad en matière préventive. Évoquant les différentes tactiques de Boko Haram, il a parlé notamment de la terreur ou encore de la promesse.

« La lutte contre l’extrémisme, c’est pas l’armée seulement. C’est avec la population. Si la population ne soutient pas, ça ne fonctionnera pas. Au Cameroun, au Nigeria, tous les deux trois jours il y a des explosions. Ici au Tchad, c’est impossible », a affirmé le président du CEDPE, sous les applaudissements.

Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme. © Alwihda Info
Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme. © Alwihda Info
C’est quoi l’extrémisme intelligent ?

Le CEDPE a une approche qui s’appelle l’extrémisme intelligent. C’est quoi ? « C’est plus dangereux que l’extrémisme violent. Par exemple, quelqu’un se rend dans une administration pour obtenir un document, on lui dit de revenir demain, puis après-demain. On le fait traîner à chaque fois. Ça frustre et ça peut dégénérer », souligne Dr. Ahmat Yacoub.

Un autre exemple : vous faites un accident mais n’êtes pas fautif. Vous êtes pourtant accusé à tort voire même agressé dans la rue. C’est aussi de l’extrémisme intelligent.

« Autre chose dont nous sommes tous responsables : les violations des droits de l’Homme », a déploré le président du CEDPE. C’est notamment le cas lorsqu’une vendeuse de poison est harcelée par un agent de la mairie alors qu’elle a déjà payé sa taxe. « C’est de l’extrémisme. Normalement, ils doivent encourager, aider ces commerçants. Si vous entendez les récits pour lesquels les combattants rejoignent Boko Haram, vous serez surpris. L’extrémisme a plusieurs aspects », relève Dr. Ahmat Yacoub.

« Le renseignement féminin est plus fort que celui des hommes »

Le vice-président du Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAI), Cheikh Abdedaïm Abdallah a expliqué que « nous sommes tchadiens. Il y a des musulmans et des chretiens mais Dieu a fait que nous sommes tous sur cette terre. Avant l’arrivée des colons, il y avait des cantons et sultanats du nord au sud. Le problème qu'on rencontre actuellement, avant il n’y avait pas ça. Les politiciens veulent le pouvoir et les gens meurent. Si quelqu’un a un problème, on l’aide, sans distinction de religion. C’est ça la cohabitation ».

« Certains se disent musulmans mais ils ne connaissent rien sur l’Islam. Certains se disent chrétiens aussi mais ne connaissent pas les fondements de leur religion. Il y a des musulmans extrémismes et des chrétiens extrémistes aussi. Il y a beaucoup de problèmes à cause du manque de tolérance », a déclaré Cheikh Abdedaïm Abdallah.

Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme. © Alwihda Info
Tchad : à N'Djamena, les vendeuses de poisson sensibilisées sur l'extrémisme. © Alwihda Info
Le rôle de la population dans la lutte contre Boko Haram

« Les tchadiens, Dieu merci, ont compris le mal qu'est Boko Haram. Les hommes le matin sortent chercher de quoi manger, mais les femmes connaissent tout sur le quartier, la maison de tel ou tel, les entrées et sorties, ou les habitants de tel endroit. Le renseignement féminin est plus fort que celui des hommes. Contre Boko Haram, on doit tous se lever ensemble », a indiqué le n°2 du CSAI.

"Une fois à Al Mouna, lors d’une conférence, un européen a dit qu’il avait peur de venir au Tchad auparavant. Ensuite, en se promenant dans la rue, il était surpris et a déclaré que la sécurité qu’il y a, au Tchad, est surprenante. En Algérie par exemple ou dans d’autres pays c’est impossible. On ne dit pas qu’il y a la sécurité à 100%, c’est impossible mais on doit préserver ce qu’on a", a souligné Cheikh Abdedaïm Abdallah.

Il a mis en garde contre les propos politiciens. « Quand quelqu’un veut un poste, il se met à critiquer et dresser les gens les uns contre les autres ». Il a également dénoncé les coups bas, lorsqu'un "rapport est fait sur tel fonctionnaire en poste pour qu’il se fasse virer".

« Regardez le Soudan qui s’est divisé en sud et nord. Le Yémen aujourd’hui est divisé et ils se battent. On veut un Tchad uni et sans division. Si on se croise quelque part, on doit se considérer comme tchadiens sans distinction », a prévenu Cheikh Abdedaïm Abdallah.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)