Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
TCHAD

Tchad : enquête sur la mort de 44 détenus en avril, étaient-ils finalement de simples civils ?


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 7 Août 2020



N'DJAMENA - La Commission nationale des droits de l'Homme a rendu public vendredi un rapport d'enquête et d'investigation sur la mort de 44 détenus présumés membres de Boko Haram survenue le 15 avril 2020 à la Légion n°10 de la Gendarmerie nationale de Diguel à N'Djamena. Ce rapport succède ceux de la CTDDH et de la LTDH.

Le rapport met en cause des mauvaises conditions de détention (notamment la faible capacité de la cellule, la forte chaleur ambiante, le manque de nourriture) et écarte la piste d'un empoisonnement.

Il précise toutefois que "toutes les informations recueillies attestent que ces derniers n'ont pas subi de sévices corporels, des tortures et traitements inhumains dégradants. Ce qui parait étonnant car les éléments des forces de défense et de sécurité sont connus pour leurs agissements violents et humiliants à l'endroit des personnes arrêtées (délinquants)."

La CNDH mentionne également des "informations selon lesquelles il y a eu des exécutions extrajudiciaires". La responsabilité de tous ces faits est "clairement établie et attribuée à l'État à travers les institutions et les agents en charge de l'affaire", indique le rapport.

Dans un entretien avec la presse, le président de la CNDH, Djidda Oumar Mahamat, évoque des "souffrances" suite aux "conditions de détentions" assimilées à de "graves tortures". Une "information judiciaire doit être ouverte" pour situer les responsabilités, précise-t-il.

Des civils sans aucun lien avec Boko Haram ?

"Les personnes arrêtées dans le cadre de la lutte contre Boko Haram sont pour la plupart des chefs de famille partis à la recherche de la pitance quotidienne ou pour des raisons de contraintes sociales (visites aux membres des familles dans d'autres villages)", selon le rapport.

Il ajoute que "les détenus ont été arrêtés bien après l'opération de l'armée nationale tchadienne en riposte à l'attaque de Bohoma et non pendant les combats."

Plusieurs recommandations

La CNDH recommande le jugement dans les meilleurs délais des détenus survivants afin de clarifier leur situation, leur prise en charge psychologique eu égard au traumatisme important et réel pour avoir été témoins malgré eux de la mort de 44 de leurs codétenus, avec qui, ils ont pour la plupart des liens de famille.

"Ces derniers ont été contraints de séjourner toute une nuit auprès des cadavres reliés par des menottes. Une telle torture nécessite un suivi", précise la CNDH.

L'institution demande l'ouverture d'une enquête judiciaire pour situer les responsabilités et la construction de l'ensemble des lieux de détention et de privation de libertés conformément aux normes minimales.




Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)