ANALYSE

Tchad : inéligibilité du PCMT, parité des participants au DNIS, Ngoté peut-il oser ?


Alwihda Info | Par Abakar Adoum N'gaye - 30 Aout 2022


Il fait tout sauf l'unanimité : le bureau du Présidium, désigné ou "voté", doit désormais conduire les travaux du dialogue national inclusif et souverain. La surprise, ce 30 août 2022, est qu'à peine installé, Gali Ngoté Gatta a pris la parole et a surpris plus d'un : les travaux sont suspendus pour deux jours et il est mis sur pied une commission ad hoc pour négocier avec Wakit Tamma, Les Transformateurs et les hommes politiques qui ne sont pas dans la salle.


Gali Ngoté Gatta, président du Présidium du dialogue national au Tchad, le 30 août 2022. © B.K./Alwihda Info
Mais sur quoi les négociations avec Les Transformateurs et Wakit Tamma vont porter, du moment où leurs revendications sont toutes sur la table depuis, et connues par tous y compris le chef de la junte ? Jusqu'où Gali Ngoté et ses compagnons forcés sont capables d'aller ? De l'avis des participants au dialogue national, la majorité des 20 autres membres du Présidium est issue de l'ancien parti au pouvoir et ses éternels alliés.

Peut-être que les membres du Présidium ne sont pas au courant, mais désormais ils ont la souveraineté voulue par les radicaux absents à la messe. Pour rappel, cette souveraineté a été actée le 17 août par décret du chef de la junte ; ce qui n'est toutefois pas de nature à convaincre les réfractaires.

À maintes reprises, Les Transformateurs de Dr. Succès Masra n'ont revendiqué que deux choses : l'égalité et la justice. Autrement dit l'inéligibilité de ceux qui dirigent la transition actuelle et plus précisément de celle du chef de la junte, le général Mahamat Idriss Déby Itno alias "Kaka", ainsi que la parité égale des participants à cette messe nationale. Le quota est pour le moment "acquis entre 70 à 90% à l'ancien parti au pouvoir MPS et ses alliés", selon Les Transformateurs. 

La Coordination des actions citoyennes Wakit Tamma est presque sur la même ligne que Les Transformateurs, sauf qu'en plus des deux conditions susmentionnées, elle demande la libération de tous les prisonniers politiques.

Le bureau forcé de Gali Ngoté a fait un bon pas et c'est à saluer, mais s'il n'est pas capable d'user de la souveraineté offerte au dialogue et "léguée" à leur bureau, la suspension du "monologue" et la création d'un comité ad hoc ouvriront le Tchad au boulevard du chaos.

Le farouche économiste -opposant à Déby père- et ses coéquipiers au Présidium n'ont que deux choix : valider les conditions de l'inéligibilité et la parité pour permettre aux radicaux de rejoindre la danse, afin de construire un Tchad fort démocratiquement, tout en inscrivant leurs noms dans les annales de l'histoire ; ou bien tout simplement se taire et diriger le "3ème congrès du MPS et ses alliés" comme les forums de 2018 et 2020, et mourir en traîtres aux yeux du peuple.

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