
Le motif invoqué par de nombreux propriétaires est une préférence marquée pour les couples mariés. Bien que le droit au logement soit un droit fondamental à valeur constitutionnelle, visant à garantir un toit à chaque individu et reconnu par divers textes internationaux et constitutions nationales, cette réalité à N'Djaména semble contredire ces principes.
Malheureusement, dans la capitale tchadienne, les propriétaires immobiliers jouissent d'une liberté apparente de choisir leurs locataires, et les femmes célibataires sont fréquemment exclues de cette équation.
Francine, divorcée et mère de deux enfants, témoigne de son parcours difficile : "J'ai fait presque le tour de plusieurs quartiers à N'Djaména, et la question des propriétaires est toujours la même : 'Êtes-vous mariée ?' Si je réponds non, la réponse est invariablement : 'Notre maison est pour une femme mariée'." Son désarroi face à cette discrimination est palpable.
De même, Irène Nérmercie, jeune diplômée aspirant à son indépendance, se heurte au même obstacle : "Après avoir obtenu mon diplôme, je ne veux plus être à la charge de mes parents, mais aucun propriétaire n'a accepté ma demande de location. Je suis obligée de vivre chez une tante. C'est une injustice flagrante faite aux femmes célibataires."
Jean Diallah, un propriétaire immobilier, offre une perspective différente, bien que controversée : "Ce ne sont pas toutes les femmes célibataires à qui l'on refuse la location. Cela dépend de leur comportement. Si une femme célibataire est responsable, aucun bailleur ne devrait la refuser." Cette justification individualise un problème systémique et ne tient pas compte de la discrimination généralisée.
Face à ce fléau silencieux, il est impératif que les autorités en charge de la protection du genre se saisissent de la question. En l'absence d'un cadre juridique spécifique pour contrer cette pratique discriminatoire, certains propriétaires immobiliers continuent d'exclure les femmes célibataires de l'accès au logement. Ce refus de location constitue une forme de violence morale envers ces femmes, limitant leur autonomie et leur droit fondamental à un toit. Une intervention législative et des mesures de sensibilisation sont nécessaires pour garantir l'égalité d'accès au logement pour toutes les femmes, quelle que soit leur situation matrimoniale.