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POINT DE VUE

Tchad : l'ex-ministre Issa Mahamat Abdelmamout analyse un livre de Succès Masra


Alwihda Info | Par Issa Mahamat Abdelmamout - 22 Décembre 2019



Issa Mahamat Abdelmamout, ex-ministre des Finances et du Budget. © Issa Mahamat Abdelmamout
Issa Mahamat Abdelmamout, ex-ministre des Finances et du Budget. © Issa Mahamat Abdelmamout
Mon analyse sur la pensée de M. Succès Masra développée dans son livre : Eloge des lumières obscures. " Du sacre des cancres à la dynastie des pillards psychopathes".

Le livre qui trahit les ambitions politiques de Succès Masra

Après sa démission de la BAD (Banque africaine de développement) dont le Tchadien lambda ne connait toujours pas les raisons objectives, Succès Masra tente, tant par la voie légale qu’illégale(rassemblements non autorisés, absence d’une reconnaissance juridique formelle de sa formation politique…), d’entrer dans l’arène politique. Si l’ancien golden boy est très populaire sur les réseaux sociaux (avec moins de deux millions d’utilisateurs pour une population estimée à plus de 15 millions d’habitants), de loin son canal de communication préféré, il n’est pas encore connu du paysan qui vit dans les tréfonds de Baïbokoum (ville de l’extrême Sud du Tchad ou de l’éleveur de Bardaï (extrême Nord). A N’Djaména et dans les grands villes où les jeunes profitent des services magiques des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) pour rester connectés les uns aux autres le jour comme la nuit, Succès Masra est porteur d’un espoir de changement qu’aucun médium ne peut malheureusement voir pour l’instant. Dopé par une outrecuidance qui se repose, non pas sur une quelconque expérience politique ou administrative, mais plutôt sur des supposés soutiens extérieurs et son aisance à envisager théoriquement l’avenir du Tchad, par ricochet le sien, Succès Masra bouscule et boxe rageusement comme un super heavyweight pour avoir sa place, un titre, celui d’un député, d’un chef de file de l’opposition et, avec une bonne dose de songe, pourquoi pas celui d’un président. Brillant et maîtrisant parfaitement les voies modernes de communication, il veut donner un sens, nettement agité, au débat politique. Pour cela, il multiplie des sorties médiatiques, propose des voies et moyens pouvant menant à une alternance et lance, en passant, des pierres dans le jardin de ceux qu’il considère comme des adversaires politiques. Et la stratégie semble fonctionner, à en juger par des réactions, quoique rares, provenant du parti qui tient solidement le pouvoir. Pour ses sympathisants, les vieux routiers de la politique nationale, ces vermoulus qui font l’opposition depuis des années sont bons à oublier. Puisque, même si l’influence des réseaux sociaux sur les consultations électorales au Tchad n’est, à ce jour, pas encore démontrée, ces opposants indéboulonnables et attachés à leurs méthodes classiques de lutte politique, investissent moins dans la communication sociale.

Au regard de son engagement, son investissement et ses ambitions, au-delà du débat et de l’intérêt politique, la personne de Succès Masra, ce jeune « Transformateur », ne peut manquer de titiller toute pensée intellectuelle. Afficher mieux que tous la prétention nourrie et hardie de présider à la destinée de ce Tchad marqué et encore hanté par de nombreux soubresauts historiques et actuellement soumis à d’alambiquées péripéties économique, sociale et sécuritaire n’est, en soi, pas osé. Mais c’est parvenir à persuader les Tchadiens en âge de voter, en étant sous la peau d’un ange qu’ils ignorent royalement, de se détourner d’un pouvoir qu’ils connaissent par cœur. Ce pouvoir qui a fait en sorte que les Tchadiens puissent se sentir libres et exprimer librement leurs opinions. En dehors d’être jeune, intelligent et quelque peu innovateur, quels autres atouts Succès Masra a dans sa valise transformatrice et qui puissent convaincre les Tchadiens de le suivre?En tentant de répondre à cette question, le devoir de mémoire oblige de remonter le passé de dix pas. Dix pas qui ramènent pile poil à l’année de publication d’un ouvrage empanaché dont il est coauteur. 

En 2009, l’étudiant en sciences économiques à la Sorbonne se fait découvrir auprès de la majorité des Tchadiens [qui aiment lire] en co-écrivant, avec son ami, Béral Mbaïkoubou, qui entrera un peu plus tôt dans la politique pour être élu député en 2011, un essai qui dresse une kyrielle d’erreurs supposément commises par les dirigeants tchadiens, de Ngarta Tombalbaye à Idriss Déby en passant par Malloum, Hissein Habré, etc. Le ton emprunté pour décrire ces hommes qui furent petits par leurs actes(selon les auteurs qui n’épargnent pas ceux qui ont travaillé pour eux ou sous leurs ordres] est étonnamment corrosif.Rugueux et brute,une (re)lecture de ce pamphlet, un véritable réquisitoire, s’impose judicieusement si l’on veut comprendre et connaitre le « prophète » envoyé et soutenu par des milieux innommés. « Lire, c’est toujours interpréter », dixit Henry Miller. 

L’un des plus grands défis auxquels ont fait et font face les gouvernants du Tchad, c’est indubitablement comment faire pour que, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, les Tchadiens puissent se sentir uns et indivisibles. On ne peut pas accuser le MPS d’avoir échoué quand on sait qu’il faut plus de temps à un chef d’Etat pour raccommoder le tissu social qu’un prédécesseur n’a eu pour le mettre en lambeau. L’histoire difficile du Tchad renseigne que lorsqu’on referme une déchirure, une autre s’ouvre. Ainsi de suite. Fort de cette considération et face à une telle évidence, un prétendant au fauteuil présidentiel ne peut être celui qui a marqué l’histoire tchadienne par un discours qu’il faut qualifier de divisionniste sans risquer d’exagérer. Un écrivain est l’historien du présent si Georges Duhamel accepte qu’on le paraphrase. Même s’il n’est pas un écrivain stricto sensu, « Tchad, éloges des lumières obscures » et son sous-titre de « Du sacre des cancres à la dynastie des pillards psychopathes », quoi qu’il n’est pas l’expression de la pensée d’un seul auteur, est la preuve qu’il manque à Succès Masra quelque chose qu’on trouve chez ceux qui, par leur humanisme et leur neutralité charismatique, ont su rassembler des peuples autour des idéaux communs. Loin de faire des critiques savantes, l’on peut comprendre que ceux qui suivent ou se sentent proches de Succès Masra soient peu portés à évoquer ce livre de 166 pages. 166 pages parsemées d’insultes haineuses visant, soit directement soit indirectement certaines communautés dont le seul tort est de vivre dans un pays où n’importe quel arriviste peut se lever pour vouloir manipuler les esprits.

Dès la première partie de cet ouvrage, faisant fi de la finesse chère aux hommes des lettres, les auteurs exposent crûment et avec grandiloquence des sentiments agressifs en titrant : « Le bal des cons patriotes ». Les cibles, les deux premiers présidents, Ngarta Tombalbaye et Felix Maloum. Le premier, alors qu’il inspire à beaucoup d’Africain une plus profonde déférence eu égard à son lourd héritage du tout premier président de la République du Tchad et d’avoir voulu restauré l’identité du Tchadien, est gratuitement affublé du substantif de « marchand d’illusions ». Felix Maloum, lui, moins outragé, est« le dernier des saints.»

Si les personnes proches des deux premiers présidents doivent ruminer durant toute leur vie les fortes accusations d’échec que ceux qui sont leurs pères, grands-pères ou oncles ont fait l’objet,  Hissein Habré et Idriss Déby ont eu droit à un traitement particulièrement très tendancieux qui ne leur a reconnu aucun mérite. Ne dit-on pas que quel qu’un homme soit malfaisant, il a toujours en lui quelque chose d’humain ?La deuxième partie, consacrée aux deux derniers présidents, est titrée « Les disciples de la mort ». Ainsi, devant le tribunal de Succès,Hissein Habré est « le boucher du désert » et Idriss Déby« l’héritier du Boucher ». Sans blague !

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. Surtout, qu’en vos écrits la langue révérée dans vos grands excès vous soit toujours sacrée », disait Nicolas Boileau. Les idées exprimées dans ce livre, qu’on peut indépendamment lui attribuer, puisqu’il en est l’auteur à part entière, en disent long sur ce que penserait le chef des Transformateurs au plus profond de lui de certains de ses compatriotes. Les hommes politiques ont la grande fierté de se référer à leurs œuvres pour ce qu’elles expriment souvent leurs plus profondes convictions politiques, économiques, sociales ou religieuses. Mais Succès Masra n’évoque presque plus, du moins à ce que l’observateur le plus attentif ait pu constater, « le sacre des cancres et la dynastie des pillards psychopathes ».  « Des dirigeants piètres ne peuvent bâtir une nation forte que par le plus pur des miracles… », peut-on lire dans le livre. On ne peut qu’être d’accord avec lui [eux]. Mais des Tchadiens profondément marqués par les guerres civiles dont les facteurs déclencheurs furent la mise à l’index d’un dirigeant et de sa communauté seraient-ils prêts à s’engager dans un parti dirigé par celui qui, il y a dix ans, insultait copieusement et insoucieusement leurs pères, frères, amis, époux, ethnie ou communauté ? Il est possible que Succès Masra ne pense plus la même chose de ses compatriotes du Nord, particulièrement visés par des diatribes qu’on appelle abusivement livre, ce qui reste à démontrer. Ou qu’il pense toujours la même chose, mais que pour ses ambitions politiques, il masque ses véritables sentiments en passant pour celui qui porte tous les Tchadiens dans son cœur. Dans ce dernier cas, le livre trahit ses ambitions. Pour prendre l’opinion à témoin de ce livre dont la publication avait été très contestée par nombre de Tchadiens, il y a ces extraits, glanés à travers les 166 pages. Lisez !

Chapitre I : le marchand d’illusions

Il est écrit à la page 15
« Face à une telle complexité inhérente à la volonté de diriger un destin politique, quiconque aspire à ce métier ne saurait se dérober à l’exigence de l’intelligence, de la lucidité et de la responsabilité (…) Qu’on l’admette ou non, diriger un Etat, c’est se porter artisan de son maillage pensant : des dirigeants piètres ne peuvent bâtir une nation forte que par le plus pur des miracles… » 
Quelle différence existe-t-il entre « les cons patriotes », « le boucher du désert », « l’apprenti du boucher », etc., et celui qui, au lieu d’enseigner le pardon pour repanser les plaies, a poussé les Tchadiens à se haïr et reviens tenir un autre discours ? Heureusement que les paroles s’en vont, mais les écrits restent. 

Aux pages 19, 20 et 21,  on lit : 
« Et même si monsieur François TOMBALBAYE, pour faire montre d’exemplarité, s’était rebaptisé NGARTA TOMBALBAYE. Prétextant se dépendre d’un certain signe de domination que comportait son prénom français, il n’a jamais exposé la consistance de son projet(…) Ainsi, pour premier principe, tous les citoyens tchadiens portant les prénoms français furent sommés de les abandonner en vue d’effacer toute empreinte de la récente domination occidentale. Ce premier pas déjà était une fumisterie, car, les patronymes occidentaux ne concernaient véritablement que la zone méridionale du pays. Au nord, à l’occasion des campagnes de l’islam au cours des siècles précédents, c’est davantage la culture arabo-musulmane qui a droit de cité.  Cependant, les patronymes arabes qui n’étaient pas moins la conséquence d’une influence étrangère, n’avaient pas fait l’objet de retouches. Est-ce par ignorance de notre histoire ? Est-ce par indifférence à la partie Nord du pays ? Monsieur TOMBALBAYE lui-même étant originaire du Sud, il ne nous appartient pas de jeter le moindre anathème, notre projet étant simplement celui d’une analyse (…) A bien y réfléchir, dans le contexte de l’ambition qui était celle de son excellence Monsieur mon premier Président, à savoir le « RETOUR AUX SOURCES », ces trois idées directrices ne relèvent pour l’essentiel, ni plus, ni moins que d’une fébrile gesticulation politique.»
On peut observer que Ngarta Tombalbaye avait accédé au pouvoir à un moment où un vent panafricain soufflait sur les ex colonies des puissances aliénantes. Sinon Aimé Césaire n’aurait pas publié La Tragédie du roi Christophe en  1963. Ceux qui l’ont lu se souviendront que l’un des plus grands défenseurs de la culture noire encourageait dans cet ouvrage la reconnaissance de l’identité et la reconstruction de la grandeur du peuple noir. Valait-il la peine de refuser cet élan panafricaniste au tout premier président tchadien quand on sait qu’aujourd’hui, de moins en moins d’Africains acceptent de porter des prénoms à connotation coloniale ?

Chapitre II : le dernier des Saints
Dans ce chapitre, l’ex président Malloum a inspiré une telle antipathie que la photo de Hissein Habré est confondue à la sienne (page 32). 

Page 37…
« C’est ainsi que fort de ses fantasmes messianiques, mon Général ouvrit ce qu’il conviendrait d’appeler le bal des embrassades ; mais que les érudits du CSM ont savamment baptisé en son temps, « politique de réconciliation nationale (…)Chrétien de son état, donc nanti d’un cœur tout aussi clément que généreux, le Général Félix MALOUM, au mépris de tout exercice de réflexion, souffla dans la trompette du rassemblement, que retournent au bercail tous les fils du pays : l’heure était venue de s’embrasser. »
La politique de rassemblement est mauvaise, il faut se battre, il faut s’entre déchirer... Or, il aurait été judicieux, le mieux que l’on puisse dire, de pousser la réflexion à l’effet d’encourage une politique de réconciliation nationale. 

Page 38 :plus on avance et plus le masque de Succès Masra tombe.
« Voilà comment le monstre du Front de Libération Nationale (FROLINAT) d’antan, Monsieur Hissein HABRE entra par la grande porte dans le temple du saint Général président, Félix Maloum. Hissein HABRE qui, depuis l’aube de son mouvement rebelle, écœuré, décontenancé, blessé dans l’âme par les attitudes mégalomaniaques et impérialistes de NGARTA TOMBALBAYE, ne brûlait que d’une seule envie : défoncer les remparts de l’indésirable pouvoir, marcher sur l’orgueilleux « royaume sudiste ». »

Aux pages 39 et 40 : il tente de réduire le conflit tchadien à une vengeance nordiste piloté par Habré. Ce qui n’obéit pas à la rigueur de l’histoire.
« Le saint père MALOUM qui, comme ses cardinaux,n’avait pas trois sous jugeote, ne pouvait pas réaliser que plus il accordait crédit à Hissein HABRE, plus il le positionnait en présidentiable, et mieux lui-même s’induisait dans une posture de président sociable. Pour le comble de la balourdise, Hissein HABRE fut nommé  le 01 septembre 1978, Premier ministre de la République du Tchad : le monstre sournois que l’on a minimisé venait de rabattre sa mâchoire et ses crocs ingrats irrigués du venin de la vengeance sur les doigts dégoulinant de la mielleuse sève de bonté de son bienfaiteur… »
Une analyse poussée et objective devrait rappeler que Hissein Habré fut nommé Premier ministre après les négociations de KHARTOUM, conduites par MAMARI DJIMET  NGARKINAR, le vice-président de MALOUM.

A la page 41 : le Général Felix Maloum copieusement insulté…
« Après avoir tout mis en œuvre sans relâche ; après avoir investi tout son capital  de naïveté, d’idiotie, de légèreté d’esprit et de morbidité à mettre à jour un sanglant bazar ; le pire qu’ait jamais connu la mémoire du Tchad, Felix  MALOUM  NGAKOUTOU, Général de son état, défenseur assermenté de la patrie, venait de jeter  le manche après la cognée. Il prit le large vers le Nigeria voisin. Jouant ainsi la socro-sainte hirondelle qui ouvrait le printemps des barbaries à N’Djaména puis dans tout le Tchad (…) Tout un peuple orphelin portant la grotesque couronne de la duperie, voguant sur un cargo hasardeux, voguant en dérive parce que le capitaine est en fuite.Le capitaine craintif, peureux, froussard, trouillard, couard. Marin mou qui, au moindre lever de tempête, rentre la queue (…) Cette tempête sanguinaire, il pouvait la voir venir ; pourquoi a-t-il si hâtivement pris la mer ? »
Pour Masra, le Tchad est binaire et le Président Felix Maloum a commis un crime impardonnable, celui d’avoir abandonné le pouvoir à un nordiste, puisqu’il voit en Habré, nonun Tchadien, mais un nordiste.

Page 42 : il vise les nordistes tout en faisant semblant d’insulter Habré
« L’éclatement de la guerre civile du 12 février 1979 n’était ni plus ni moins que la peinture de l’extériorisation d’une longue période d’hypocrisie et de haines sournoises. En réalité, les règnes de Monsieur NGARTA TOMBALBAYE et du Général Félix MALOUM, essentiellement à cause des agissements hautaines du premier, ont été vécus par les originaires du Nord du Tchad  comme un impérialisme ; un impérialisme dont il fallait à tout prix, dès la première opportunité, se libérer.»
Encore une fois, les crimes de TOMBALBAYE aux yeux de Succès, ne sont que des agissements hautains, les victimes apprécieront.
Hissein Habré voulait arriver au pouvoir, c’est vrai, mais, il faut reconnaitre que les termes des accords n’ont pas été respectés par les tenants du CSM, eux qui avaient choisi Habré, parmi tant d’autres comme le moindre mal. 

Page 44 : les usines valent mieux que les vies humaines
« Au Sud par exemple, dans la région du Logone Occidental, le Général KAMOUGUE se donna mille peines pour sauvegarder le modeste patrimoine industriel ; car Moundou, chef lieu de la préfecture du Logone occidental et capitale économique du pays, fut érigé en quartier général des « forces  sudistes (…) Fin stratège, bru combattant, le Général  KAMOUGUE, Mister VIDAL, en finit par hériter le charisme de feu NGARTA TOMBALBAYE dont il n’hésite d’ailleurs pas à revendiquer la chute. Tout le Sud le vénéra, on l’appela même le « lion du sud », lui qui, pourtant, n’aura pas été pour peu de choses dans la balourdise de la politique de « réconciliation nationale » ayant ouvert le chemin aux hostilités de Hissein HABRE. Car le Général Kamougué Mister Vidal fut un membre essentiel du CSM, enfant de cœur de sa sainteté le Général Félix MALOUM. Peut-être que du temps de la naissance du CSM, le Général KAMOUGUE n’était trop qu’un frêle lionceau dans sa témérité. En tout état de cause, le moins que l’on puisse dire sans grand risque de s’éloigner de la réalité  est que, en cette période de guerre, l’Officier KAMOUGUE était plus dans son assiette qu’en politique. Non pas que ce dernier serait belliqueux et avide de tueries, mais, parce que la stratégie militaire est bien plus ciselée, moins ambiguë que la politique capable de tracer un chemin sûr pour le peuple tchadien… »
Le bourreau des nordistes est choyé, magnifié, adulé par Succès Masra, au point de minimiser son rôle au CSM en lui attribuant une immaturité héroïque.

Deuxième partie
Les disciples de la mort

Dans cette deuxième partie, le ton est on ne peut plus claire, un parti pris sans recul et sans discernement. C’est en Sudiste haineux et revanchard qu’il a rédigé cette deuxième partie. 

Page 47 : le doigt accusateur toujours pointé sur ses compatriotes nordistes.
« Les orchestrateurs de la longue période trouble et cataclysmique qu’a connue le pays en accédant aux rênes du pouvoir vont porter à son paroxysme la haine fratricide ; et, ériger le laxisme en seul mode de gestion de la chose publique.
Les innommables artisans de la deuxième et de la troisième République du Tchad sont de belliqueux carabiniers s’estimant investis d’une mission de réplique vindicative à la première République, coupable à leurs yeux d’une politique de discrimination à l’égard du nord du pays, leur région d’origine. »
Il appartient à tous les tchadiens d’apprécier ce paragraphe à sa juste valeur.

Page 48 : c’est l’extrémiste anti-nordiste qui se dévoile.
« En propulsant au cœur de l’échiquier national des rapaces aux mœurs primitives, des peuplades vivant en périphérie de l’Histoire, sans le moindre sens de la dignité humaine, les artisans de la médiocrité comme système d’Etat ont porté la couronne d’épine au peuple tchadien avant de l’induire dans un ignoble guêpier meurtrier. Le heurt de ces peuplades cupides, violentes et rétrogrades avec les exigences de la civilisation moderne politique a été un choc thermique aux incommensurables conséquences ; choc thermique qui fera imploser  tout l’appareillage fonctionnel de l’Etat.
Personne ne peut mieux dire qu’un raciste sécessionniste. Le terme peuplades désigne toutes les communautés nordistes musulmanes. Que chacun en tire les leçons qui s’imposent.

Chapitre III : le boucher du désert

Page 50 : la dictature de TOMBALBAYE  est considérée par Masra comme un pouvoir sudiste.  
« Le seul projet de Monsieur HABRE et de ses FAN était d’anéantir le pouvoir sudiste afin d’ériger sur ses cendres un empire nordiste. Hélas, le macabre rêve rencontra les moyens de devenir réalité. »
Cette thèse divisionniste, qui consiste à voir tout en binaire, pouvoir sudiste et empire nordiste, sans effort de démonstration est légère et ne peut que s’effondrer comme beurre au soleil, face à une analyse rigoureuse.

Page 52 : du mensonge il passe à l’appel à la haine
« Dès lors, quoi de plus normal que de les anéantir quand on est un régime qui se veut éternel et qui, pour cela, rêve d’un horizon vaste et sans obstacle ? C’était justice ; car les grands maux tel l’impérialisme sudiste ne se jugulent véritablement qu’à l’état embryonnaire, dans la racine !Des garçonnets de tous âges se sont vus, au mépris de leur innocence, fusiller comme des lapins, sans état d’âme aucun ! »
C’est horrible et condamnable de fusiller des enfants.Mais ressasser de tels faits dans un ouvrage qui n’a rien de scientifique c’est manquer de sérieux. Les faits méritent d’être éclairés pour les lecteurs, étant donné que ce crime n’aurait pas été relevé pendant le procès de l’ex-président Hissein Habré, ni par les organisations de défense des droits de l’homme, qui ont passé au peigne fin le passé du président Hissein Habré.

Page 53 : même l’ennemi mérite respect en tant que humain.
« Voilà pourquoi, aux femmes qui résistaient et refusaient d’offrir leurs grâces à ces assassins hardis, ces chiens du désert venus faire rentrer la queue aux autochtones, donnaient froidement la mort. Même quand l’on est de « sexe faible » et qu’on suscite plutôt la pitié du viol qu’une salve de balles, l’on ne pousse pas son insoumission jusqu’à refuser de faire l’ « amour » avec son héros envahisseur, un envahisseur blessé au fond de son être par une récente période de domination. »
Un homme instruit qui aspire à diriger un jour le pays peut-il proféré de telles insultes deshumanisantes envers ses compatriotes ?

Page 54 : tout ce qui excessif est  inutile.
« Car il sied de reconnaître que le sud du Tchad constitue le véritable réservoir de la richesse intellectuelle du pays. Et cela, le président HABRE, homme rusé et avisé ne l’ignorait aucunement. Ainsi, entre septembre 1983 et fin 1984, il lança une vaste campagne d’extermination des cadres sudistes ; une opération que la conscience collective retiendra sous la triste appellation de « septembre noir », exécutée par Idriss Déby, chef d’état-major, faut-il le rappeler, de Hissein Habré, qu’on nommait avec mélancolie « HH ».
En parlant d’une vaste campagne d’extermination des cadres sudistes pour diminuer le potentiel intellectuel du sud, Succès Masra feint d’ignorer le rôle de nombreux intellectuels de la zone sud du pays, qui ont travaillé aux côtés de Habré ; une flagrante contradiction. Pour les accusations portées envers Idriss Deby Itno, l’intéressé avisera.

Page 55 : la paix des braves ne dit rien à Succès Masra
« Puis, il y a l’explication politique et idéologique. C’est-à-dire la lâcheté de ces hommes du sud qui, s’étant laissés convaincre qu’il n’y avait point de solution autre que de capituler, avaient rallié les rangs du déclaré adversaire. Bien plus, aussi ahurissant que cela puisse paraître, les fameux officiers sudistes dont la témérité avait été tant vantée et glorifiée, s’évadèrent comme si leur courage, leurs exploits d’il y avait seulement quelques années, n’auraient été que la conséquence de quelques turbulente crise d’adolescence !...  

Page 64 : d’une prétendue analyse, on passe aux insultes physiques.
« ….debout, la gorge desséchée, la langue pâteuse, l’estomac creusé, sous le soleil et sous l’œil vigilant de la fameuse Sécurité Présidentielle (S.P) ; ces faucons analphabètes, coiffés de bérets rouges aux couleurs d’ailleurs de leurs yeux, efflanqués, à la dentition abondante et féroce ; véritables loups-garous impitoyables du désert ! »
Les soldats de HABRE comme ceux de KAMOUGUE sont des exécutants. Pourquoi donc s’en prendre à une seule partie ?On devrait condamner, ne serait-ce que la mort d’un seul être humain, à plus forte raison un Tchadien, nordiste ou sudiste soit-il.

Pages 67 et 68 : une vision rétrograde pour un homme politique doublée d’un manque évident de patriotisme
« Et si la Libye voisine parvenait à occuper la bande d’Aouzou, son non moins despote de Président, le truculent Mouammar KHADAFI, en prendrait de l’appui pour grignoter sournoisement le Nord ; le Grand Nord, fief originel et natal de Monsieur HABRE qui risquait de voir les siens annexés… »
A la place d’Hissein HABRE, il s’interrogerait d’abord sur les habitants de la localité annexés avant de défendre le territoire ? Puisque l’intégrité territoriale du pays n’a pas d’importance pour notre « futur président ».

Page 70 : Toujours les insultes envers des communautés
« En termes plus clairs, du simple fait qu’ils avaient en partage la religion musulmane avec le divin clan Gouran, les principaux groupes ethniques du Nord et ceux du centre du pays accédaient à quelque parcelle de dignité humaine supérieure.Conscients de cette logique de la pureté raciale des Gouran à cette époque, nombre de populations dont le dialecte ou la physionomie s’apparentaient au Gouran, se sont laissés aller jusqu’à se renier pour se confondre à cette classe des dieux vivants. Ce fut par exemple le cas de certains Mimi, Zaghawa, Tamas ou même Kanembou… »
Il est malhonnête de prendre des cas isolés pour en faire une généralité.

Page 72 : les victimes du Guéra minimisées ?
« L’on se souvient encore vivement, pensons-nous,  de cette répression énergique et disproportionnelle qu’ont essuyée de bon droit les Hadjaraï dans le Guéra au centre du Tchad après quelque rumeur de tentative de coup d’Etat par des ressortissants de la région. »
Une répression est toujours injuste.S’il faut la mesurer, quelle serait alors la proportion juste?

Pages 72 et 73 :Cherchant des assertions imaginaires pour attiser la haine entre les communautés.
« El Hadj Hissein HABRE déclara avec témérité à tout le peuple : « les Hadjarï sont les derniers Tchadiens ! » Paroles on ne peut plus éloquentes d’un sacré-saint libérateur et unificateur… »
Une référence totalement mensongère pour des communautés qui ont plusieurs liens de mariage. Aussi, y-a-t-il pas contradiction ? Puisque les mêmes qui accédaient à quelques parcelles de dignité humaine supérieure sont traités de « derniers Tchadiens » ». 

Chapitre IV : « l’héritier du  boucher »

Page 75 : Reconnaître la valeur  d’un homme est aussi une qualité, chose que le « président des transformateurs »  ne possède pas ou ignore.
« Idriss DEBY ne vaut rien de mieux que le fruit de cette contingence politique ; et, de ce fait, n’a aucune raison de se targuer d’être un quelconque libérateur, moins encore un quelconque révolutionnaire. L’on friserait le ridicule et le grotesque en présentant comme libérateur ce disciple de la première heure des Forces Armées du Nord (FAN), le laboratoire mortifère de Hissein HABRE. »
Les exigences extérieure de la démocratie ne saurait occulter l’apport des tchadiens qui ont sacrifié leurs vies pour permettre au « président des Transformateurs » de cracher librement sur toute une nation et brailler dans les médias à sa guise. Il faut avoir le courage pour consentir un sacrifice, comme celui des baministes.

Page 78 : le « président des Transformateurs » s’enfonce aveuglement dans les égouts
« Au plus bête des constats, il se trouva que les hommes armés qui, partout circulaient, n’avaient absolument pas changé en apparence : c’étaient les mêmes diablotins abruptes et analphabètes ; aux yeux hagards, efflanqués comme des brindilles et à l’abondante dentition quasi cunéiforme. »
Ce sont, majoritairement les mêmes, nordistes et musulmans qui sont rentrés à N’Djaména. C’est pourquoi le « président des Transformateurs »  s’en prend honteusement à leur physionomie. Quelle haine pour un homme politique dans un pays multi-ethnique ?

Page 79 : toujours des raccourcis qui n’honorent pas l’homme politique
« Car hormis les tueries honteuses de gorilles, Idriss DEBY suspendra net tout paiement salarial aux fonctionnaires. »
Que fera Dr Succès Masra de ces « gorilles » si par hasard il accède un jour au pouvoir, puisqu’ils sont nombreux à la présidence ?

Pages 80 et 84 : « Déby crétin » et « assassin » ?
« Aussi, ces premières frasques du mouvement voyou de DEBY ne valurent, a priori, pas qu’un jeu à somme nulle. En effet, ce fut l’occasion de la naissance de tous les premiers partis politiques et autres mouvements et associations d’opinion et de contestation pour ainsi les nommer (…) Le colonel DEBY, crétin et assassin par excellence, lui, avait compris que le jeu ne consistait à rien de plus qu’à jouer la malignité du rat ; c’est-à-dire mordre rudement puis, souffler le froid pour endormir. » 
Peut-on traiter, dans un ouvrage, une personne de crétin et à plus forte raison un Chef d’Etat ?

Page 94 : Que pense Succès Masra de son ami Béral MBAIKOUBOU ?
« Une bonne poignée de ces récents opposants rallièrent ses rangs contre le brave « LION DU SUD » que tout le monde savait déjà perdant ! Ces lâches, ces charognards, sans honte, ni remord, prirent le courage de déclarer que la cause défendue par le pouvoir de Deby était en tout point celle que tous aspiraient à défendre (…) Mais, quelle honte ! Quelle humiliation ! Personne n’avait jamais su jusque-là que le Tchad regorgeait de si géants bébés, des lâches, esclaves du seul plaisir de leur ventre ! Comment peut-on expliquer si l’on n’est un écervelé, une convergence d’opinion par une divergence politique ? »
Pendant les élections de 2016, le réalisme politique a poussé M. Béral MBAIKOUBOU à soutenir publiquement le programme politique du candidat Idriss DEBY ITNO.

Pages 95 et 96 : Toujours la bienveillance au «  lion du sud »
« Comble de malheur et d’ironie, le temps de ce premier coup de poignard dans le dos, le peuple tchadien essuiera en pleine figure le dédaigneux crachat du Général KAMOUGUE, Mister Widal, le « LION DU SUD » lui-même ! Ayant perdu  sans surprise la dernière bataille des urnes, le Général KAMOUGUE jeta dignement et avec bravoure, son épée de combattant pour jouer au jeu de la fameuse politique de la «  main tendue », sortie on ne sait trop de quel bonnet par le truculent Idriss DEBY (…)  Dans ce bouleversant état de pourrissement, cette scandaleuse détérioration de l’appareil étatique, quels meubles rêvaient de sauver ces traitres politicards, ces vieux boucs castrés qui n’ont à tous égards, ni foi, ni loi ? «   
Quand il s’agit de KAMOUGUE ce n’est plus la lâcheté mais c’est de la dignité et de la bravoure. Est-ce parce qu’il a protégé les industries au Sud ?

Page 97 : le manque de respect aux ainés, est une tare en Afrique.
« Quant à Monsieur KEBZABO, il était déjà parti du mauvais pied et de ce fait, s’offrait à un beau tacle de DEBY ; car, en accédant à son poste-cadeau de Ministre de l’Agriculture, il avait déclaré en toute imbécilité, que ni l’agriculture, ni spécifiquement la culture du coton ne s’étaient jamais aussi bien portées au Tchad que sous le régime du MPS. »
« Le Dr. KASSIRE, lui, n’est qu’un joyau des péripéties politiques qui croit merveilleusement se dérober aux critiques par le moyen de sa rhétorique bancale du « politiquement correct ». Et pourtant, Dieu sait qu’il reste et demeurera longtemps encore, un indigent vieux lézard triste qui se brûle à l’incendiaire soleil du ridicule, cloué aux murs des bas intérêts !... »
Ces politiques que Succès traite d’imbéciles et de vieux lézard sont respectés et ont des militants et sympathisants sur toute l’étendue du territoire. Parce que, contrairement à lui, il rassemble, ils ne font pas peur. M. Succès Masra oserait-il chercher les voix de peuplades primitives ?

Page 101 : Tribalisme quand tu nous tiens
« Avec à sa solde les cagneux avortons juristes de la race de NAGOUM YAMASSOUM, de Pascal YOADOUMNADJI ou de YOKABDJIM MANDIGUI pour ne citer que les icones de l’espèce pure que jamais le ridicule ne pourra tuer ; »
Il y avait aussi d’autres juristes talentueux qui ont toujours accompagnés le Président DEBY, mais Succès Masra s’en prend seulement aux juristes « sudistes » dont  le tort  était de travailler avec un président « nordiste ».

Page 105 : le souci partisan de notre homme politique 
« Mais, de quelle laïcité serons-nous bien en droit de nous réclamer dans cette principauté de voyous où le prince DEBY et son entourage  d’hommes les uns plus médiocres que les autres, s’impliquent pleinement dans la gestion de la vie religieuse islamique ?  Nomination de l’Imam de la grande mosquée de N’djamena par décret présidentiel, organisation du pèlerinage musulman vers la Mecque, contre une indifférence complète vis-à-vis de toute autre confession religieuse… »

Page 125 : « Car, quiconque ayant assimilé son savoir et son éducation humaine dans toute sa dimension de valeur, et par véritable conviction identitaire, n’aurait que de la contrition à voir ce savoir n’être employé que pour le malheur de ses semblables. Hélas, ces malades de l’âme-là, comme tous les imbéciles heureux de notre monde, prennent leur douloureuse convulsion spirituelle pour de la finesse technocratique. »
Même lui Succès Masra, le tribaliste moyenâgeux, a des intellectuels à ses côtés.

Page 129 : 
« Quoiqu’il en soit, il n’y avait pas non plus de raison à s’attendre qu’elle réfléchisse un temps soit peu, cette opposition infirme, fragile et débile. »
Cette opposition dont il rêve, aujourd’hui,  de faire partie.

Comme l’a qualifié un journal de la place, succès Masra n’est-il pas en définitif un vendeur d’illusion voire même un dangereux divisionniste.

Issa Mahamat Abdelmamout
Ex-Ministre des Finances et du Budget



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