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Tchad : la corruption, "un monstre qui détruit"


Alwihda Info | Par Malick Mahamat Tidjani - 15 Décembre 2019



Tchad : la corruption, "un monstre qui détruit". © Alwihda Info
Tchad : la corruption, "un monstre qui détruit". © Alwihda Info
Les « méfaits de la corruption sur un Etat de droit : cas du Tchad », c'est le thème d'une conférence-débat qui a été organisée ce samedi à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la corruption -célébrée chaque année le 9 décembre- par l’association de lutte contre la corruption et la malversation économique au Tchad (ALCOMET).

L'évènement a eu lieu au CEFOD en présence de plusieurs invités. La conférence-débat a été animée par trois personnalités : Foulah Baba Issac, coordonnateur national de l'ALCOMET, juriste, observateur international d'élections, Felix Mbété, sociologue et Maître Djerandi Laguerre Dionro, avocat et enseignant à l’Université de N'Djamena.

"La corruption est un monstre qui détruit"

Le coordonnateur de l’association, Foulah Baba Issac a expliqué le principe d’un Etat de droit, celui dans lequel toute organisation est soumise au respect du droit, du simple individu jusqu’à la puissance publique, un Etat dans lequel le droit est appliqué dans toute se forme.

"Dans un Etat de droit, tout individu, toute organisation peut contester l’application d’une loi dès lors qu'elle n'est pas conforme à une norme supérieure. Dans un Etat de droit, chaque personne à son importance, il n’est pas inquiété par rapport à l’application du droit. Tout le monde est égal devant les lois. Dans l'Etat de droit, il y a la bonne gouvernance. (...) Nous sommes tous égaux, il n'y a pas à dire que tel est supérieur, tel est inférieur. Dans la bonne gouvernance, nous avons l’indépendance de la justice", a déclaré Foulah Baba Issac.

"La corruption est un comportement humain et un fait social. Le droit pénal le qualifie comme un délit La corruption est un monstre qui détruit tout dans son passage. Au Tchad principalement, comment pouvons nous mesurer la capacité de notre Etat comme Etat de droit ? Est-ce que réellement le Tchad respecte le principe de l’Etat de droit ? Est-ce que la bonne gouvernance existe ? Les tchadien sont-ils dans la corruption ou non ?", s'est-il interrogé.

Tchad : la corruption, "un monstre qui détruit". © Alwihda Info
Tchad : la corruption, "un monstre qui détruit". © Alwihda Info
"L’éducation tchadienne est en danger"

Maitre Djerandi Laguerre Dionro, avocat et enseignant à l’Université de N’Djamena, a estimé que la question qui est au cœur de la bonne gouvernance est la corruption et la politique en matière d’éducation.

"L’éducation est un pilier de développement mais aujourd’hui l’éducation est en danger, l’éducation tchadienne est en danger. Parlons du premier problème, la baisse de niveau. La baisse de niveau a un lien avec le phénomène de la corruption. Lorsque on parle de baisse de niveau, on va indexer un seul acteur qui est Etat. Mais non, la responsabilité est à différents niveaux", a expliqué Maitre Djerandi Laguerre Dionro.

Il a ajouté que "le premier responsable de la baisse de niveau c'est l'élève lui-même. Le deuxième, le parent d’élève qui n’assume pas la responsabilité. Au troisième niveau, l'enseignant. N'en parlerons plus de l’Etat. L’Etat qui met en œuvre la politique de l’éducation, l’Etat qui a les moyens qui sont déployés pour construire les infrastructures scolaires, les universités, etc. Ces moyens parfois sont détournés et en plus ne sont pas utilisés dans son objectif principal. Donc l'élève ou l'étudiant ne dispose pas de futur adéquat pour mener normalement ses études."

Selon lui, "le détournement fait par un agent public ou encore à travers les marchés publics constitue un frein à l’épanouissement de l’élève et à l’éducation. La corruption constitue un freine pour le système éducatif. L'un des facteurs de la baisse de niveau est la corruption."

"Nous consommons la corruption"

D’après le sociologue Felix Mbété, les méfaits de la corruption au Tchad sont tels que "chaque semaine quand vous suivez la radio ou les journaux, il n'y a pas un seul instant où l'on ne va pas vous braquer la lumière sur la corruption. Ça veut dire que nous vivons dans la corruption, nous respirons la corruption, nous consommons la corruption. Nous sommes même parfois les enfants de la corruption."

"La corruption ici chez nous au Tchad est immorale. Chez nous ici au Tchad, s'il y a le marché de construction, au lieu de prendre l’argent pour construire, on prend l’argent et on se le partage. Ce n'est même plus la corruption. Parfois vous avez des projets qui disparaissent. Chez les autres personnes, ça s'appelle la corruption, ici au Tchad c'est la razzia", a dit Felix Mbété.

Les débats ont été riches et fructueux, grâce à des échanges interactifs autour de questions et réponses visant à trouver des solutions à ce mal qui mine la société.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)