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TCHAD

Tchad : la police disperse la manifestation de Wakit Tamma à N'Djamena


Alwihda Info | Par Steve Djénonkar - 2 Octobre 2021


Une énième fois, la police a violemment dispersé une manifestation pacifique. Motif : le non-respect de l'itinéraire indiqué par le ministère de la Sécurité publique.


Le siège du parti Les Transformateurs fourmille de monde dès 6 heures ce samedi. Les militants, majoritairement jeunes, drapelets en main ou serrant les têtes et l'avant-bras, constituent une foule hilare, "engagée". Sifflet, klaxon de motos, vuvuzela, tout ce qui peut faire du vacarme est utile. Les mini-bus transportant les militants des recoins de la capitale effectuent d'incessants aller-retour. Walia Hadjarai, Toukra Rasfil, Koundoul, les militants pousssent des cris stridents pour accueillir les camarades. Le bleu-blanc-rouge français est piétiné sous l'ovation de la foule.

Mariam, mère allaitante, a abandonné son bébé de 3 mois né d'une césarienne pour exprimer son mécontentement car "le Tchad de tout le monde est en train d'être gâché par les Déby". Le "Tallou namchou, ayé darna ("allons-y", "c'est notre pays", Ndlr) est chanté itérativement à cœur pour renforcer le "patriotisme" de Mariam. Yves, non-voyant, réclame lui, une inclusion des personnes handicapées. Juché sur une moto, il exalte la victoire des doigts à l'euphorie générale. 

La fête tourne hâtivement au drame quelques dix minutes avant 7 heures. Les éléments du Groupement mobile d'intervention de la police (GMIP) tirent aveuglément les grenades lacrymogènes. Larmes et morve coulent en abondance. Sauve-qui-peut ! Dorénavant, le moindre groupe reconstitué essuie les tirs de lacrymogène. Anastasie en est atteinte à l'abdomen car le tir était vertical. Transportée d'urgence au siège du parti Les Transformateurs, elle retrouve d'autres blessés mi-conscients et suffocants dans les bureaux. Les jeunes armés de pierres pour riposter subissent les tirs jusqu'au siège. Un bébé de 6 mois pleure à tu-tête dans les bureaux parce qu'ayant inhalé le gaz lacrymogène, la mère s'obstinant à l'en extirper même s'ils étaient quasi anaérobie. "Le vieux Souleymane" quant à lui a pris "innocemment" une balle réelle depuis sa boutique d'en face du Café des Transformateurs, renseignent des témoins exhibant des prise de vue de la victime. L'ambulance du GMIP l'a transporté à l'hôpital. Les parents ignorent son état de santé car "on leur interdit d'y monter".

Exaspération des riverains du siège des Transformateurs

"C'est quel pays comme ça ?", s'emporte un trentenaire à quelques 100 mètres du QG des Transformateurs. "C'est depuis un an qu'on nous gaze ici. Nous allons appliquer la fédération (allusion faite à la scission, Ndlr), tranche une ménagère. "Hé la presse, je n'ai pas vendu mes beignets à cause de ces policiers", interpelle une dame indiquant simultanément ses beignets invendus. Bistrots, gargotes, écoles, boutiques des environs, craignant les bavures ont fermé. Il y a toutefois des personnes dont la proximité d'avec Masra Succes ne semble avoir le moindre inconvénient. C'est le cas d'un haut gradé de l'armée dont les gardes demandent incessamment d'un geste aux interminables cortèges de ralentir ou de ne pas réprimer les manifestants se réfugiant dans son couloir.
 



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)