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INTERVIEW

Tchad : le couvre-feu est-il respecté à Moundou ? Les réponses avec le procureur


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 11 Avril 2020


Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Moundou, Brahim Ali Kolla, fait le point sur le respect et les violations du couvre-feu instauré au Logone Occidental, dans un entretien à Alwihda Info.


Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Moundou, Brahim Ali Kolla. © Golmen Ali/Alwihda Info
Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Moundou, Brahim Ali Kolla. © Golmen Ali/Alwihda Info
Depuis l'instauration du couvre-feu au Logone occidental, quelques fois on se rend compte qu'il y a des citoyens qui violent la mesure. Est-ce que Moundou a enregistré également des gens qui ont violé le couvre-feu ?

Oui, ils sont en prison. Il y en a qui ont déjà été condamnés.

Ils sont combien à peu près ?

Une trentaine sont condamnés. Il doit en rester six. Le premier groupe, on l'a déjà libéré complètement. Ceux des deux premiers jours, on les a libérés, on s'est dit que ce n’est pas la peine. On leur a dit de ne pas recommencer, ils ont un avantage.

Pour le deuxième, un groupe est parti à Koutéré prendre des gens. Ils sont partis chercher des étudiants confinés qui étaient encore en confinement et qui ne devaient pas sortir. Ils ont été arrêtés aussi. Ceux-là ont été condamnés.

Est-ce que ce n'est pas en complicité avec les gens là-bas ?

Eux ils disent que c'est les étudiants. Comme là-bas c'est la brousse, ils font comme s'ils vont faire leurs besoins, puis après ils disparaissent dans la brousse. Comme ils sont nombreux, les agents qui assurent leur sécurité ne les trouvent pas. C'est comme ça que des élèves se faufilent et disparaissent. Ils laissent même le sac là-bas. Ils trouvent des passagers qui les prennent, quelques fois ce sont les clandoman qui les prennent. Ceux-là aussi, on les a arrêtés. On a ramené les jeunes là-bas le même jour pour la fin de leur confinement. Ceux qui les ont transportés, on a pris les motos. 

Quelle est la peine qui les attend ? 

Il y a des gens qui sont déjà condamnés, jusqu'à six mois. Ils sont poursuivis pour rébellion et tentative d'atteinte à la santé publique.

La ville de Moundou le 24 février 2020. Illustration. © Golmen Ali/Alwihda Info
La ville de Moundou le 24 février 2020. Illustration. © Golmen Ali/Alwihda Info
Par rapport au couvre-feu, si quelqu'un est arrêté au-delà de l'heure, qu'est-ce qu'on fait de lui ?

C'est la même chose. Si la police ne fait pas les amendes forfaitaires, il y a trop d'abus là-bas, on les amène chez nous. Hier, ils ont arrêté encore deux qui sont au Commissariat d'arrondissement n°1. L'un était un peu saoul, il a opposé une résistance à la police. On les a amenés et moi je les ai déférés à la maison d'arrêt. Ce qui est sûr, ils vont à la maison d'arrêt.

Il n'y a pas eu de cas où la police a un peu exagéré ?

Ça, il y en a. Là où il y a le travail, il y a toujours des abus. Il y a des policiers qui sont véreux, qui profitent de ce genre de trouble pour faire du mal aux gens. Je leur ai dit que le couvre-feu ne veut pas dire qu'il faut brutaliser les gens. On ne brutalise pas quelqu'un. Vous faites d'abord un travail de sensibilisation. Même si les gens sont dehors, il faut seulement les intimider, ils vont rentrer et c'est fini. Mais c'est vrai qu'il y a des gens qui s'entêtent. Chaque jour on leur dit la même chose, ça ne va pas. 

Mais de manière générale ça va. Les trois premiers jours, il y a eu des abus, mais après je crois que le commissaire leur a dit que ce n'est pas bon, qu'il ne faut pas faire des choses comme ça. Ils ont compris. On n'a pas encore eu de dénonciation sur tel ou tel acte.

Avez-vous un message à dire à la population ?

Oui effectivement. Le message c'est de dire que tout ce qu'on fait, toutes les mesures que le Gouvernement a prises, c'est dans leur intérêt. Ce n'est pas pour un simple plaisir. Il y a une maladie qui est arrivée. C'est une maladie planétaire. Ça n'épargne personne. Nous on prend seulement des mesures préventives pour votre santé, et même à nous. Vous aussi vous pouvez mourir, contaminer vos parents, vos proches. Ce sont de bonnes mesures mais les gens ne comprennent pas toujours. Il y a l'incivisme qui gangrène nos têtes souvent, il y a des gens qui sont véreux, qui ne comprennent rien dans ce qu'ils sont en train de faire.

Le message c'est de dire à tout le monde de ne plus faire ça, de s'accrocher à ce que l'État a dit, ce que le Gouvernement a pris comme mesures. Je crois que ce sont de bonnes mesures.

Il n'y a pas de problèmes jusque-là. De 19 heures jusqu'à 6 heures, il n'y a rien de grave. Ce n'est pas un état de siège, ce n'est pas un état d'urgence, c'est simplement une interdiction temporaire. En réalité, même la nuit, qu'est-ce que les gens vont faire dehors ? A ces heures, quelqu'un de normal est à la maison. Ce sont de bonnes mesures mais il faut qu'ils respectent simplement.

Propos recueillis par Golmen Ali.



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