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TCHAD

Tchad : le mouton hors de prix à l'approche de la Tabaski


Alwihda Info | Par Abakar Adoum N'gaye - 6 Juillet 2022


À moins de trois jours de la grande fête, les musulmans du Tchad, à l'instar des leurs coreligionnaires du monde entier, se préparent à célébrer ce rite qui tire sa source de l’ère du prophète Abraham, le père des messagers.


Lors de cette fête, le plus grand cadeau qu'un père de famille puisse offrir à ses enfants, c'est le mouton de Tabaski. Mais ce cadeau semble être très cher cette année pour les pères de famille.

C'est ainsi qu'une équipe de notre rédaction a fait le tour de quelques marchés à bétails de Ndjamena, pour entendre les acteurs de la chaîne concernés (acheteurs et vendeurs) des moutons, à la veille de cette grande fête.

Après notre constat, on a l'impression que le prix des moutons cette année est très élevé, comparativement à l'année dernière, dans un contexte de cherté de vie qui frappe de plein fouet les ménages tchadiens.

Les prix standards de cette année oscillent entre 50 000 et 150 000 FCFA. Un mouton vendu à 250 000 FCFA a également été aperçu dans un marché à bétail. Les vendeurs interrogés avancent plusieurs raisons : pour certains, cette cherté est liée à l'absence de nourriture pour bétail ; il faut donc élever les animaux en leur donnant des tourteaux, ce qui constitue un coût. A cela, il faut ajouter des dépenses supplémentaires avant de fixer le prix de l’animal.

D'autres vendeurs expliquent que cette flambée est due aux approvisionnements de la capitale, du fait du déplacement des grands éleveurs vers la zone méridionale. L'acheminement est donc compliqué. « La saison dernière, les précipitations étaient tellement médiocres qu’elles ont influé négativement sur le pâturage du bétail.

Depuis plusieurs mois, les animaux sont nourris avec des tourteaux qui s'achètent à des prix élevés. Le sac qui se vendait auparavant entre 7000 et 10 000 FCFA est aujourd'hui écoulé à plus de 20 000 FCFA. Avec tout ça, les gens veulent que le mouton se vende à bas prix, c'est impossible », explique un vendeur. Interpellé sur l'aide du gouvernement en vivres pour bétail, un autre vendeur affirme que « c'est une fausse histoire ».

Selon lui, « seulement quelques sacs ont été distribués à des individus bien connus ». «Comment peuvent-ils donner quatre sacs de tourteaux à un chef de village et dire qu'ils ont soutenu les éleveurs ? Les trois ou quatre sacs ne peuvent même pas couvrir les besoins d'un chef de village, sans penser aux gens qui sont derrière lui. En principe, la cherté du prix des moutons ne doit pas surprendre les autorités qui ne se soucient pas de la vie des concitoyens », ajoute un commerçant.

La jeune assistante du commerçant complète son patron en relevant que « la flambée des prix des moutons est due à une mauvaise foi entretenue ». Les acheteurs sont désemparés au vu des prix et du faible pouvoir d'achat. « C'est inutile de perdre son temps, tout est cher dans ce pays et rien ne va changer », peste un père de famille.

À son tour, le délégué d'un marché à bétail de la capitale exprime sa colère contre les agents de la mairie centrale de Ndjamena. Pour lui c'est « inadmissible que depuis plus 10 ans, la mairie prélève 250 FCFA sur chaque mouton vendu, et 500 FCFA sur la vache vendue, alors qu'elle ne peut même pas donner de l'eau pour abreuver le bétail ».

Cette inadéquation entre les taxes prélevées et les services fournis est d'autant plus caractérisée par l'absence de grillage de protection des marchés. « On n'attend rien des autorités », conclut amèrement le délégué.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)