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TCHAD

Tchad : les députés s'indignent du sort de 64 ex-salariés de la raffinerie de Djarmaya


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 2 Décembre 2020



Le ministre du Pétrole Oumar Torbo Djarma s’est expliqué mercredi à l’Assemblée nationale sur le non-renouvellement de contrat de 64 ex-salariés de la raffinerie de Djarmaya. Il a répondu à une question posée par le député Matoengue Netenguar.

Le Tchad a conclu un accord le 20 septembre 2007 avec la CNPIC pour la construction et l'exploitation d’une raffinerie à Djarmaya. En novembre 2017, 122 jeunes tchadiens ont été recrutés à la raffinerie sous contrat CDD. Ils ont été formés, soumis aux tests d’évaluation par la Société de raffinage de N'Djamena (SRN). À l’issue des évaluations par la SRN et l’Institut français du pétrole, sur les 122 jeunes, 64 tchadiens n’ont pas bénéficié d’un CDI.

"Les contrats des 64 jeunes sont arrivés à terme le 25 novembre 2019. Leurs droits sociaux ont été payés. (…) Le renouvellement de ce contrat est une faculté tant pour l’employeur que pour l’employé", explique le ministre du Pétrole.

"Nous avons rencontré et écouté les représentants des ex-travailleurs dont les contrats n’ont pas été renouvelés ainsi que les responsables de la raffinerie de Djarmaya. Il s’agit d’une question relevant de la législation du travail. Toutefois, nous avons entamé des démarches et ordonné à la société de reprendre les 64 ex-contractuels et de renforcer leurs capacités", informe Oumar Torbo Djarma.

"Nous manquons des graines de patriotisme"

À tour de rôle, les députés déplorent un "laxisme administratif du côté tchadien". « Quand nous partons négocier, nous négocions des contrats. Nous ne prenons pas le temps de lire les clauses pour déceler les pièges de ceux que nous appelons pompeusement partenaires », s'indigne le député Matoengue Netenguar.

"J’ai l’impression que nous manquons des graines de patriotisme. Nous sommes incapables de défendre nos compatriotes devant les étrangers. Nos compatriotes ce sont des tchadiens qui ont été formés dans un Institut", ajoute l'élu du peuple.

Selon lui, le premier des chinois gagne plus de cinq fois ce que gagne la directrice générale adjointe de la raffinerie. "Le Tchad a toujours été cité comme un pays qui a de très bons textes mais c'est l’applicabilité qui pose problème", dit-il. Le député appelle à mette en place un comité de suivi et d’évaluation du processus national des postes et demande que les textes en matière de travail soient respectés.

"Un faux débat"

Le député Manadji Tolkem Bertin n'est pas convaincu par l'argument d'incompétence des 64 ex-travailleurs. "Pourquoi chercher à entretenir des incompétents, les former et dire après qu’ils sont incompétents ? Alors qu’ils ont été recrutés sur concours". Les raisons avancées "ne sont pas fondées", selon le député, qui estime qu'il s'agit d'un "faux débat".

"Un chinois incompétent doit rester chez lui là-bas (...) C’est des incompétents encore (...) C’est des incompétents qu’on envoie ici pour rapatrier l’argent. (...) Il faut privilégier les nationaux", dit-il.

La députée Al Boukhari Hapsita affirme que c'est une perte énorme pour l'État tchadien. Elle suggère de valoriser les ressources humaines tchadiennes.

Pour Ali Koloutou Tchaimi, les ex-agents ont été lésés. Il demande le rétablissement des contrats des ex-salariés. "S'ils sont incompétents, aux premières heures de leur recrutement ils doivent être dégagés. Mais si la société accepte d'aller au terme de leur contrat au lieu de renouveler, nous trouvons que c'est choquant".

"Si nos citoyens n'entrent pas dans leurs droits, nous allons revenir et nous seront obligés de prendre une résolution", prévient Ali Koloutou Tchaimi.

Des négociations annoncées

Le ministre Oumar Torbo Djarma rassure que des négociations vont être entreprises pour revoir les clauses contractuelles défavorables aux nationaux.

Pour sa part, le président de l'Assemblée nationale, Dr. Haroun Kabadi, se dit gêné de cette situation : "En tout temps, on a formé des cadres tchadiens dans le secteur pétrolier, ce sont des cadres compétents. (...) Certains ont même été expatriés pour aller travailleur ailleurs. Dire que 64 agents tchadiens formés dans nos instituts soient totalement incompétents, je suis surpris et en même temps gêné".

Dr. Haroun Kabadi appelle à les reprendre en mettant en place un système permettant de connaitre le niveau de chacun et évaluer les acquis à maitriser pour avoir le niveau nécessaire. Il insiste également sur un plan de nationalisation.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)