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11 jours de garde à vue : "aucun tchadien ne mérite de vivre une telle situation", dénonce un avocat


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 18 Juillet 2018


Suite à un mandat d’amener émis par le procureur de la République près le tribunal de N’Djamena, Oumar Magadi a été interpellé vendredi 6 juillet à Moundou et déféré le mardi 12 juillet à N’Djamena où il est en garde à vue dans les locaux de la Section Nationale de la Recherche Judiciaire (SNRJ). Les éléments en faction devant la SNRJ interdisent formellement à ses avocats et à sa famille d'accéder à Oumar Magadi, dans son lieu de détention, prétextant qu’ils ont reçu des instructions très fermes de leur chef hiérarchique en ce sens.


Maître Max Laolngar, avocat d'Oumar Magadi. Alwihda Info
Maître Max Laolngar, avocat d'Oumar Magadi. Alwihda Info
La libération d’Oumar Magadi par la justice de Doba, le 22 mai dernier a été un élément déclencheur de la grève des magistrats et des professions judiciaires libérales. La grève a été levée à la suite du limogeage de l'ex-gouverneur du Logone Oriental, Adam Nouki Charfadine, suivi de son arrestation et de sa condamnation. 

L’avocat d’Oumar Magadi, Maître Max Laolngar, dans un entretien accordé à Alwihda Info, dénonce la détention extrajudiciaire au-delà du délai légal de garde à vue de son client et l’interdiction de visite imposée à son conseil et à sa famille. Par ailleurs, il déplore que les institutions chargées de faire appliquer la loi et de la faire respecter se permettent de fouler aux pieds la même loi.
 
Alwihda Info : Maître Max Laolngar, votre client, Oumar Magadi est détention depuis quelques jours. Où se trouve-t-il ?

Maître Max Laolngar : Depuis (plus de) 11 jours, il se trouve au violon de la SNRJ. Il a été pris vendredi, il y a plus d’une semaine à Moundou, au moyen d’un mandat d’amener signé par le procureur de la République près le tribunal de N’Djamena.

Avez-vous pu accéder à votre client depuis son lieu de détention ?

Nous avions été appelés pour le voir par l’officier de la police judiciaire en charge du dossier afin d’assister à sa déposition mais c’était dimanche et l’officier qui nous a fixé ce rendez-vous n’était pas là.

Voulant faire d’une pierre deux coups, nous avions demandé à le rencontrer mais nous, nous sommes heurtés à un refus de la part des agents qui étaient en charge de sa protection, semble-t-il parce qu’ils avaient reçu des consignes strictes de ne pas laisser quelqu’un l’approcher. Nous sommes désolés de la situation, ces consignes n’ont pas lieu d’être parce que c’est une exigence de la loi que tout prévenu soit assisté par son avocat.
 
Sachant que votre client a une santé fragile, n'avez-vous pas des craintes pour la suite ? 

Justement, je profite encore, une fois de plus, de votre micro pour en appeler aux plus hautes autorités judiciaires même au premier magistrat, je l’ai déjà dit. C’est inadmissible. Vous voyez, quand les institutions chargées d’appliquer la loi et de la faire respecter se permettent de fouler au pied la même loi, ça donne une étiquette au pays : c’est une République bananière et un État sans droit. On ne peut pas l'admettre.

Oumar Magadi a 67 ans, il a été pris au moyen d’un mandat d’amener. Un mandat d’amener c’est l’ordre qui est donné aux agents de force de l’ordre de rechercher et d'amener quelqu’un, de le conduire devant l’autorité ayant signé le mandat. Normalement, étant donné qu’à la base, ils nous ont dit qu’il y a des plaintes qui ont été déposées à N’Djamena contre notre client, Oumar Magadi, il aurait tout simplement été convoqué, ça se comprendrait. Ils ne l’ont pas convoqué. A la rigueur, un mandat de comparution immédiate. Mais un mandat d’amener qui se transforme au fil des jours en un mandat d’arrêt ou de dépôt, c'est inadmissible. Le délai légal de garde à vue est de 48 heures. Ça fait 11 jours qu’il est détenu, c’est inadmissible, aucun tchadien ne mérite de vivre une telle situation, quel que ce soit le crime qu’il ait commis. A l’égard d’une personne de son âge c’est abominable.

Avez-vous une idée de ce qui est reproché à votre client ?

Nous n’en savons rien. Tout ce que nous savons c'est qu'Oumar Magadi a fait l’objet d’une première poursuite à Doba. Il a été jugé et relaxé. L'’affaire est aujourd’hui pendante devant la cour d’appel de Moundou parce que certaines personnes auraient interjeté appel. Il va de soi qu’on attende que la cour d’appel de Moundou prenne le dossier. Ceux qui sont à plaindre, qu’ils viennent faire valoir leur prétention là-bas.

Il faut le dire, le dossier de N’Djamena ne concerne pas Oumarou Magadi, c’est le dossier d’Adam Nouki Charfadine et les autres. Si on l’emmène ici, il est logiquement partie civile et devrait comparaitre librement. Ce n’est pas entre les quatre fers qu’on devrait l’emmener ici à la cour d’appel. On ne sait pas ce qui lui est reproché. Nous attendons d’assurer sa défense mais nous constatons qu’il y a des violations flagrantes des droits humains qui ne sauraient être tolérées.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)