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AFRIQUE

20 janvier – 30 avril : Quelles leçons tirées des 100 premiers jours de Catherine Samba Panza ?


- 30 Avril 2014



Par Mwana Nguya - Le Pays Centrafrique

Catherine Samba-Panza à Bangui, le 20 janvier 2014 (ERIC FEFERBERG/AFP)
Catherine Samba-Panza à Bangui, le 20 janvier 2014 (ERIC FEFERBERG/AFP)
Comme ça passe si vite les jours ? En effet, aujourd’hui 30 avril maman Cathy vient de boucler 100 jours bien comptés à la tête de la RCA comme Chef d’Etat de Transition. Elue le 20 janvier, même si ce n’est pas une règle absolue pour évaluer une telle étape de gouvernance, l’exercice vaut la peine d’être fait comme cela se fait sous d’autres cieux. Trop d’espoir était placé à l’élection d’une dame pour la première fois, pour gérer la destinée de la nation. Malheureusement, toutes les femmes ne se ressemblant pas, la RCA aurait mérité une autre femme que maman Cathy. A dire vrai et sans revenir sur la tonne de tout ce qui lui est reproché dès les premières semaines même, il n’y a pas quatre chemins pour qualifier sa gouvernance (jusque là) d’échec. Elle donne l’impression d’être une femme de poigne, une dame de fer, au fond elle ne serait qu’une marionnette prise en otage (elle l’aurait voulu) par plusieurs clans.
 
Otage de ses ‘’technocrates’’ de la présidence où des conseillers lui font avaler n’importe quoi, et le temps de s’en rendre compte, c’est trop tard. L’exemple le plus patent est son dernier bras de fer (le tout premier du genre) avec les professionnels des médias. Pour des révélations touchant l’éthique sociale à travers sa vie privée où elle devrait incarner un modèle, un exemple, elle et ses manipulateurs du palais en ont fait une montagne qui accouchera d’une souris. Le fait d’aller trop vite en besogne pour mettre des journalistes en prison en ce contexte d’instabilité voire d’insécurité chronique que sa gouvernance n’arrive pas encore à juguler, elle a compris que dans ce domaine on ne badine pas avec la presse. Les pressions exercées sur elle en sont révélatrices. Et il est très regrettable de relever qu’elle s’est allouée les prestations d’une soi-disant conseillère en communication qui, en réalité n’est qu’une pure journaliste, ne se limitant qu’à jouer au griot, pour amadouer sa patronne. La coalition des femmes à la manœuvre partout ? D’accord, pour une dynamique féminine (et non féministe pour afficher les tailleurs, pagnes et crayons de beauté chaque matin) mais faudrait-il encore qu’elles soient vraiment à la hauteur.
 
Otage du clan ethnique (gbanziri et alliés…), les Marcel Djimacé, Michel Koyit et consorts ne lui auront jamais rendu service en laissant faire ce qui est outrancièrement reproché aux régimes passés (Kolingba, Patassé, Bozizé et Djotodia). C’est comme si en RCA, le nanisme politique a atteint tous les acteurs concernés en dépit de leurs belles paroles et promesses avant leur prise de fonction. Nominations tous azimuts des parents, amis surtout amies au gouvernement et au cabinet de la présidence, et le plus flagrant ses propres enfants qui ne devraient pas vraiment être demandeurs, mais l’instinct de protection voire de tricherie aidant, elle a tenu s’entourer des plus proches qui soient. D’abord de sa fille qui était bien nantie à la socacig, ensuite son fils qu’elle tenait coûte que coûte en faire directeur national (RCA) de la beac. Malheureusement, il n’était pas en mesure de remplir toutes les exigences d’entrée dans cette institution.
 
Otage des dettes morales affectives et sélékistes. On sait les passés entre l’époux Samba Panza et Djotodia qui ont concouru d’abord à sa nomination (hier) à la mairie, ce qui lui ouvrira la porte de briguer la magistrature suprême de l’Etat. Il y a ses multiples passés de femme tout court surtout dans le milieu musulman où elle s’y sent très proche raison pour laquelle elle n’a pas hésité de mettre un véto catégorique sur le désarmement de Km5. Une certaine presse a tenté d’y lever un pan de voile, mais dans une démarche un peu maladroite, ce qui a causé plus de mal dans le milieu des professionnels des médias.
 
Dira-t-on qu’ailleurs, en France avec Hollande, l’éthique conjugale n’est pas plus respectée à plus forte raison en Afrique et en Centrafrique. Ce qui frise la délinquance dont les personnalités concernées ne peuvent incarner des modèles. Et pourtant, c’est ce qui devrait dominer à ce niveau de la gestion de la chose publique surtout en Centrafrique où le niveau d’éducation socioculturelle est très très bas. La plupart des femmes qualifiées de ‘’grandes dames’’ avec lesquelles elle s’est entourée ne jouissent pas d’une vie conjugale stable voire équilibrée. Que des femmes seules obligées de se partager entre plusieurs hommes et de parcourir des lieux de mondanités pour se garantir un minimum d’équilibre psychologique, de réjouissance et d’épanouissement, ce qui ne passe pas inaperçu d’ailleurs, et ça se raconte partout. Alors, quelles modèles incarnent-elles celles là ?
 
D’une manière générale, au niveau de la gouvernance à proprement parler, c’est un échec cuisant, du moins pour le moment au terme de ces cent (100) premiers jours. Les trois priorités à savoir l’instabilité, l’insécurité et l’immobilisme gouvernemental sont encore d’actualité. Rien ne semble bouger. On tue, on rackette, ni la présidente, ni le premier ministre ni aucun ministre n’en dit mot. De part et d’autres, des téméraires jusqu’auboutistes (des égarés dit-on) antibalakas et musulmans du km5 se plaisent encore à s’attaquer aux paisibles citoyens. Des musulmans et ex-séléka qui appellent à la réconciliation mais qui, paradoxalement, acceptent la logique de déplacement vers le nord, ce qui cache les velléités séparatistes ce, au vu et au sud des gouvernants et de maman Cathy en personne sans en donner d’explications.
 
On n’entend plus parler de salaires. Des folles rumeurs ne cessent de circuler sur un imminent grand toilettage gouvernemental qui risquerait même d’emporter le premier ministre (le fusible idéal à défaut de la présidente elle-même). Mais pourquoi en si peu de temps ? Si cela est avéré, c’est encore une preuve flagrante de cet échec du fait de ces nominations fantaisistes sous prétexte que c’étaient des technocrates, qui ont plutôt brillé par leur invisibilité. La plupart est issue de la diaspora et logée aux frais de l’Etat à l’hôtel Ledger. C’est dire que pendant et après Djotodia, le pouvoir est toujours et encore dans la rue. L’immobilisme est total. Le gouvernement n’est pas à la hauteur de créer les conditions souhaitées, pour le retour de la sécurité et de la paix, gages de libre circulation des personnes surtout à Bangui où la ville semble être coupée en plusieurs blocs inaccessibles par telles ou telles communautés à l’instar de la somalisation.
 
Il faut se rapprocher des sangaris et la de misca, pour entendre toutes sortes de confidences sur la gouvernance boiteuse actuelle. Les déceptions sont perceptibles dans ces milieux, mais devoir de réserve oblige, il faut être fin observateur pour discerner et comprendre. Maman Cathy doit vraiment changer si elle veut que la Transition se poursuive au grand souhait et à la grande satisfaction de tous.■



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