En Novembre prochain, se tiendra la Table Ronde de Bruxelles (BELGIQUE) consacrée à la République Centrafricaine, notre pays plongé depuis plus de trois ans dans un cycle de violences et de régression socio-économique.
Ce sera un tournant crucial pour notre pays au regard des immenses attentes du Peuple Centrafricain, en détresse. Il s’agira pour la Communauté Internationale de mobiliser des ressources financières indispensables au règlement des problèmes vitaux tels que : la Réconciliation nationale, le processus DDR-R, la création d’emplois en faveur des jeunes, la réhabilitation et/ou la construction des infrastructures de base, etc. Sans oublier l’épineuse et la récurrente question de l’insécurité qui connait une montée exponentielle ces derniers temps. Comme on peut le constater très amèrement, de l’est au nord en passant par le centre et même dans la capitale de la République Centrafricaine, il y’a une recrudescence de violences organisée par les chefs de guerre qui se livrent à des exactions abominables, des violations intolérables des droits de l’homme et à des actes de pillage des ressources naturelles. Dans ces localités de l’arrière-pays, ces mercenaires se sont substitués à l’Etat et collectent les impôts et taxes.
C’est dans ce contexte infernal que les Autorités françaises, par la voix du Ministre de la Défense Jean-Yves Le DRIAN, viennent d’officialiser, depuis le 31 Octobre 2016, la fin de la mission de l’opération Sangaris (du nom d’un papillon) déclenchée en décembre 2013.
Est-il besoin de rappeler l’objectif fondamental de cette opération : empêcher la course vers l’abime de ce vaste pays qu’est la République Centrafricaine au nom du sacro-saint principe du devoir ou du droit d’ingérence humanitaire.
Peut-on légitimement affirmer que cet objectif a-t-il été atteint pour que la France puisse choisir d’opérer ce retrait ?
A la lumière des données factuelles de l’heure, on ne peut répondre que par la négative. En effet, malgré la montée en puissance de l’effectif des Casques bleus des Nations Unies (12.000 hommes), la puissance de feu et les moyens logistiques dont dispose la force onusienne sur le terrain, la situation sécuritaire est loin d’être stabilisée.
Si l’on peut aisément comprendre le bien-fondé de cette décision française qui obéît à des impératifs de politique intérieure et de difficultés financière et économique, il faut bien admettre que la France, pays colonisateur, a une responsabilité toute particulière dans cette partie de l’Afrique Centrale où se joue, à l’heure actuelle, une compétition féroce pour le contrôle des richesses de la République Centrafricaine, connue pour être également un "scandale géologique".
Réclamer haut et fort une implication de la France dans la stabilisation de la situation en Centrafrique n’est nullement synonyme de pleurnicher encore moins de se "déculotter". Loin de là !
Revendiquer cette implication, c’est précisément vouloir le juste retour de l’ascenseur. Ne l’oublions pas, ne l’oubliez pas, l’Oubangui-Chari, actuelle République Centrafricaine, fut la première colonie parmi les nombreuses colonies françaises à avoir répondu positivement à l’appel du 18 Juin du Général De GAULLE. Oui, les Oubanguiens s’étaient sacrifiés à l’époque pour sauver la France sous occupation nazie.
Ne perdons pas de vue que la France dispose d’"avantages comparatifs" considérables (Membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, Membre du FMI, de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de la BAD etc.). Fort de sa position et de son rang, ce pays ami peut aider notre pays à sortir de ce cercle vicieux de violences et de la pauvreté. Le Président François HOLLANDE avait fait la démonstration du leadership français en mobilisant d’importantes ressources financières au profit du MALI. Pourquoi, ne le ferait-il pas pour la République Centrafricaine à l’occasion de la Table Ronde de Bruxelles ? L’argent n’aime pas le bruit et le bruit ne produit pas l’argent a-t-on coutume de dire.
C’est pourquoi, dans la quête pour le retour à la paix et à la sécurité, deux acteurs majeurs doivent se ré-impliquer. Le premier, c’est le Président tchadien Idriss DEBY ITNO, en sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine et de sa connaissance des belligérants.
Nos "cousins" du Tchad n’ont pas le droit de nous abandonner en plein naufrage ! Nos "cousins" du Tchad ont le devoir de se souvenir que la République Centrafricaine avait ouvert ses frontières pour offrir l’hospitalité aux Tchadiens. C’est ainsi que beaucoup de réfugiés de ce pays voisin avaient pu avoir la vie sauve et poursuivre leurs études, leurs activités commerciale ou agro-pastorale en Centrafrique.
Le second acteur, c’est le Président Congolais Denis SASSOU N’GUESSO, Médiateur dans la crise centrafricaine. Ses immenses qualités de Médiateur de même que son humanisme ne sont pas à démontrer.
Certes, notre pays a tant besoin de cette solidarité internationale et sous-régionale, mais il faut se rendre à l’évidence que la Communauté Internationale ne saurait régler nos propres turpitudes ni se substituer à nous Centrafricains. Pour ce faire, il nous faudra privilégier deux axes majeurs :
1) L’Exécutif Centrafricain devra faire preuve d’inventivité voire d’agressivité diplomatique ;
2) Les acteurs centrafricains, au-delà des considérations politique, confessionnelle et autres, ont l’impérieux devoir de se retrouver pour discuter et définir collectivement le sens et le contenu à donner à l’expression naguère lancée par l’ancien dirigeant socialiste Jean JAURES : Union Sacrée.
Pour ma part, l’Union Sacrée, dans le difficile contexte centrafricain de l’heure, ne peut ni ne doit se résumer à un simple partage de responsabilités dans un quelconque dispositif gouvernemental ou au sein de la haute Administration.
L’Union Sacrée doit plutôt être comprise comme un effort de mutualisation des intelligences et de mobilisation autour des sujets de portée nationale : la laïcité de l’Etat, le respect de l’intégrité du territoire national, la relance économique, la reconstruction nationale, la sauvegarde des Institutions, etc.
En un mot, comme en mille, l’Union Sacrée devra nous conduire à privilégier l’idée selon laquelle "ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise" : la paix et la sécurité pour le développement.
Dans cette perspective, l’Exécutif, le Législatif, les formations politiques, la Société Civile doivent mesurer le poids de leurs responsabilités dans ce tournant décisif de l’histoire de notre pays.
C’est à ce prix que le monde entier appréciera notre degré de maturité. La réussite ou l’échec de la Table Ronde de Bruxelles en dépend largement.
Honorable Bertin BEA
Député de la Circonscription de BOALI
Membre du Parlement Panafricain
Ancien Ministre
Ce sera un tournant crucial pour notre pays au regard des immenses attentes du Peuple Centrafricain, en détresse. Il s’agira pour la Communauté Internationale de mobiliser des ressources financières indispensables au règlement des problèmes vitaux tels que : la Réconciliation nationale, le processus DDR-R, la création d’emplois en faveur des jeunes, la réhabilitation et/ou la construction des infrastructures de base, etc. Sans oublier l’épineuse et la récurrente question de l’insécurité qui connait une montée exponentielle ces derniers temps. Comme on peut le constater très amèrement, de l’est au nord en passant par le centre et même dans la capitale de la République Centrafricaine, il y’a une recrudescence de violences organisée par les chefs de guerre qui se livrent à des exactions abominables, des violations intolérables des droits de l’homme et à des actes de pillage des ressources naturelles. Dans ces localités de l’arrière-pays, ces mercenaires se sont substitués à l’Etat et collectent les impôts et taxes.
C’est dans ce contexte infernal que les Autorités françaises, par la voix du Ministre de la Défense Jean-Yves Le DRIAN, viennent d’officialiser, depuis le 31 Octobre 2016, la fin de la mission de l’opération Sangaris (du nom d’un papillon) déclenchée en décembre 2013.
Est-il besoin de rappeler l’objectif fondamental de cette opération : empêcher la course vers l’abime de ce vaste pays qu’est la République Centrafricaine au nom du sacro-saint principe du devoir ou du droit d’ingérence humanitaire.
Peut-on légitimement affirmer que cet objectif a-t-il été atteint pour que la France puisse choisir d’opérer ce retrait ?
A la lumière des données factuelles de l’heure, on ne peut répondre que par la négative. En effet, malgré la montée en puissance de l’effectif des Casques bleus des Nations Unies (12.000 hommes), la puissance de feu et les moyens logistiques dont dispose la force onusienne sur le terrain, la situation sécuritaire est loin d’être stabilisée.
Si l’on peut aisément comprendre le bien-fondé de cette décision française qui obéît à des impératifs de politique intérieure et de difficultés financière et économique, il faut bien admettre que la France, pays colonisateur, a une responsabilité toute particulière dans cette partie de l’Afrique Centrale où se joue, à l’heure actuelle, une compétition féroce pour le contrôle des richesses de la République Centrafricaine, connue pour être également un "scandale géologique".
Réclamer haut et fort une implication de la France dans la stabilisation de la situation en Centrafrique n’est nullement synonyme de pleurnicher encore moins de se "déculotter". Loin de là !
Revendiquer cette implication, c’est précisément vouloir le juste retour de l’ascenseur. Ne l’oublions pas, ne l’oubliez pas, l’Oubangui-Chari, actuelle République Centrafricaine, fut la première colonie parmi les nombreuses colonies françaises à avoir répondu positivement à l’appel du 18 Juin du Général De GAULLE. Oui, les Oubanguiens s’étaient sacrifiés à l’époque pour sauver la France sous occupation nazie.
Ne perdons pas de vue que la France dispose d’"avantages comparatifs" considérables (Membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, Membre du FMI, de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de la BAD etc.). Fort de sa position et de son rang, ce pays ami peut aider notre pays à sortir de ce cercle vicieux de violences et de la pauvreté. Le Président François HOLLANDE avait fait la démonstration du leadership français en mobilisant d’importantes ressources financières au profit du MALI. Pourquoi, ne le ferait-il pas pour la République Centrafricaine à l’occasion de la Table Ronde de Bruxelles ? L’argent n’aime pas le bruit et le bruit ne produit pas l’argent a-t-on coutume de dire.
C’est pourquoi, dans la quête pour le retour à la paix et à la sécurité, deux acteurs majeurs doivent se ré-impliquer. Le premier, c’est le Président tchadien Idriss DEBY ITNO, en sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine et de sa connaissance des belligérants.
Nos "cousins" du Tchad n’ont pas le droit de nous abandonner en plein naufrage ! Nos "cousins" du Tchad ont le devoir de se souvenir que la République Centrafricaine avait ouvert ses frontières pour offrir l’hospitalité aux Tchadiens. C’est ainsi que beaucoup de réfugiés de ce pays voisin avaient pu avoir la vie sauve et poursuivre leurs études, leurs activités commerciale ou agro-pastorale en Centrafrique.
Le second acteur, c’est le Président Congolais Denis SASSOU N’GUESSO, Médiateur dans la crise centrafricaine. Ses immenses qualités de Médiateur de même que son humanisme ne sont pas à démontrer.
Certes, notre pays a tant besoin de cette solidarité internationale et sous-régionale, mais il faut se rendre à l’évidence que la Communauté Internationale ne saurait régler nos propres turpitudes ni se substituer à nous Centrafricains. Pour ce faire, il nous faudra privilégier deux axes majeurs :
1) L’Exécutif Centrafricain devra faire preuve d’inventivité voire d’agressivité diplomatique ;
2) Les acteurs centrafricains, au-delà des considérations politique, confessionnelle et autres, ont l’impérieux devoir de se retrouver pour discuter et définir collectivement le sens et le contenu à donner à l’expression naguère lancée par l’ancien dirigeant socialiste Jean JAURES : Union Sacrée.
Pour ma part, l’Union Sacrée, dans le difficile contexte centrafricain de l’heure, ne peut ni ne doit se résumer à un simple partage de responsabilités dans un quelconque dispositif gouvernemental ou au sein de la haute Administration.
L’Union Sacrée doit plutôt être comprise comme un effort de mutualisation des intelligences et de mobilisation autour des sujets de portée nationale : la laïcité de l’Etat, le respect de l’intégrité du territoire national, la relance économique, la reconstruction nationale, la sauvegarde des Institutions, etc.
En un mot, comme en mille, l’Union Sacrée devra nous conduire à privilégier l’idée selon laquelle "ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise" : la paix et la sécurité pour le développement.
Dans cette perspective, l’Exécutif, le Législatif, les formations politiques, la Société Civile doivent mesurer le poids de leurs responsabilités dans ce tournant décisif de l’histoire de notre pays.
C’est à ce prix que le monde entier appréciera notre degré de maturité. La réussite ou l’échec de la Table Ronde de Bruxelles en dépend largement.
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