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INTERVIEW

Abakar Khamis : « La gestion des ordures et l'assainissement sont des défis pour la capitale »


Alwihda Info | Par Tchonchimbo Ouapi Raphaël - 15 Juin 2021


Dans un entretien accordé à Alwihda Info, le maire adjoint du 6ème arrondissement de la capitale fait le point sur ces préoccupations inhérentes à la ville de Ndjamena.


Quelle est la gestion d'ordures ménagères dans votre circonscription, le 6ème arrondissement de la capitale Ndjamena ?
La gestion des ordures ménagères a deux étapes : la gestion au niveau des familles et celle de la mairie qui vient ramasser après, afin de déposer hors de la ville, parce que la capitale n'a pas un dépotoir fixe bien aménagé. On ramasse maison par maison, pour les déposer en brousse. En ce qui concerne le tas d'ordures du canal des jardiniers de Paris-Congo, il ne date pas longtemps. Nous l’avons bien dégagé en 2018 et il ne restait pas un seul déchet.

Mais comment se sont constitués ces déchets ménagers qui jonchent les différents habitations tout autour ?
Paris-Congo constitue un carrefour où l'on mobilise des gens du quartier pour ramasser à tout moment, les déchets. Ceux-ci, au lieu d'aller loin, ils ne visent que ce canal de jardiniers. Quelques fois, certains patrons de ménages eux-mêmes les emmènent de loin par les véhicules. C'est ce qui fait que ça s'agrandit, jour après jour. C'est vrai, il y a souvent des bagarres entre les périphériques et ceux qui apportent les ordures ménagères. J'ai moi-même mis sur place un comité de veille, mais ils étaient débordés, car les décharges se font la nuit.

Quelle est la position de la mairie en terme de tâches ?
Les tâches sont partagées. Il y a en a pour les communes d'arrondissement et pour la voirie (la mairie centrale). Quand c'est un dépotoir sauvage, c'est la mairie centrale qui doit s'en occuper, parce que les communes d'arrondissement n’ont que les bennes qui circulent de maison en maison, pour collecter les ordures mises en tas dans les bacs à ordures, pour les décharges loin de la ville. Nous n'avons pas la capacité d'enlever un dépotoir sauvage. Maintenant que c'est constitué, nous allons faire appel à la mairie centrale pour dégager cela.

Avez-vous un plan d'action d'hygiène et assainissement de votre circonscription communale ?
Oui, nous avons bien programmé enlever ce tas d'ordures, mais il faut d'abord qu'il y ait une mesure d'accompagnement. Puisqu'il ne sert à rien d'enlever et que deux ou trois mois après, ça se reconstitue, la population va encore souffrir. Pour ce faire, nous avons un projet d'aménagement du canal de Paris-Congo. Ce projet est soutenu par l'Agence Française de Développement (AFD) et sera lancé d'ici 2022. Avant que cela ne commence, nous venons de procéder à la pose de la première pierre, pour la construction des centres de transfert à Paris-Congo et un autre au quartier Hardep-djoumbal. Les deux centres de transfert seront dotés de grands bacs à ordures d’une capacité de 12m³. Le mécanisme d'enlèvement régulier se fera à chaque fois que ces cubes sont pleins.

Entre temps, on va enlever ces ordures ménagères sauvages de Paris-Congo pour commencer le projet d'aménagement du canal des jardiniers. Si ce projet est mis en œuvre, ce canal deviendra un lieu de loisirs et de distraction pour les arrondissements des 3ème et 6ème. Les travaux de construction de ces deux centres de transfert sont à présent lancés, pour une exécution de quatre mois. Cependant, toutes les ordures ménagères seront orientées vers les centres de transfert, et on espère que l'eau du canal serait libérée, les gens ne viendront plus déposer les déchets là-bas comme avant. La ville est très grande et donc pour évacuer les déchets et les mettre hors de la ville, il faut faire trente kilomètres, et avec un porte-tout, c'est impossible de le faire. C’est pourquoi les différents quartiers viennent décharger au dépotoir sauvage de Paris-Congo. Il y avait un comité mis sur pied pour les collectes en 2017-2018.

On a dû arrêter l'activité de ce comité, mais après analyse on s'est rendu compte qu'on a créé un problème social, parce qu'il y a des gens qui ne vivent que de ce travail. La mairie a fini par relancer ce comité de collecte, tout en rappelant les endroits de décharge des ordures, alors qu’on était autorisé par la voirie à décharger à Sabangali, dans le 3ème arrondissement, à l'ex-hippodrome. Mais toujours est-il que l’on revient décharger au canal de Paris-Congo. Nous avons proposé au comité de trouver des personnes détentrices de moto-tricycles ou des véhicules afin d’assurer définitivement le travail. La mairie est ouverte et prête à leur confier le marché.

Pour l'instant, que diriez-vous à ceux qui viennent de loin pour déposer les déchets ?
Ceux qui viennent décharger à ce canal le font parce qu'il n'y a pas un autre endroit pour décharger les ordures. D'ailleurs, ils savent que c'est interdit, c'est pourquoi ils viennent la nuit pour décharger les déchets. Nous avons placé une équipe dynamique pour surveiller pendant 24h/24, et empêcher les gens d'amener les ordures. Cela n'a pu marcher à la longue, parce qu'ils ont changé l'heure de décharge. C’est autour de 1 heure et 2 heures du matin, pendant que tout le monde dort que ceux-ci y viennent, donc il est difficile de veiller. Construire le centre de transfert est l'unique solution à ce défi. Les travaux évoluent de manière simultanée, dans quatre mois, la construction sera achevée. De même, celui de Champ de fil sera construit, donc il n'y aura plus de raisons de déposer ailleurs les ordures pour créer un dépotoir sauvage.

La mairie a-t-elle une vision d'installer les machines à recyclage des objets, comme le font certains pays afin de réduire le chômage ? 
La mairie n'a pas encore de projet de ce genre, mais l'État a prévu construire trois usines de recyclage des objets venant des ordures ménagères. Une usine à Ndjamena, une à Abéché et une autre à Moundou. Cela se fera comme un travail de recyclage de tout, ce qu'on aura à produire comme déchets. Vous savez que les déchets ménagers sont très utiles pour d'autres activités. Un exemple, ces déchets stockés pendant des années à Paris-Congo, peuvent être utilisés déjà comme de l'engrais bio dans les champs. Il suffit de ramasser et de déposer par tas, c'est tout.
À travers ces déchets, cela pourrait contribuer à la production des plantes bio, car c'est de l'engrais organique. J'ai dû proposer à ceux qui font le jardinage, les agriculteurs aux alentours de la ville des termes d'échange et de collaboration, parce que la mairie produit les déchets, mais eux à leur tour pourront transformer ces déchets sur place en engrais bio, puisque les jardiniers produisent les légumes, fruits pour nourrir les populations. C'est de cette manière qu'on peut utiliser les déchets. Le fait qu'on ramasse les déchets et les jeter, constitue une perte, ça n'arrange personne. Les centres qu'on aura à construire seront munis de hangars de tri. Des tris seront faits afin de dégager tout ce qui est comme fer, objets plastiques etc. Les ordures que nous transportons sont pleines de sable.
Aujourd'hui, vous avez constaté que les dépotoirs d'ordures sont compacts, au fil du temps, ça devient la terre. Ces tas d'ordures, à 50%, c'est du sable. Le problème est qu'on confie ces tâches aux enfants et ils n'assurent pas comme les adultes, ou bien on confie aux domestiques qui n'ont pas la notion de gestion de la cour. Alors, il faut apprendre aux gens à nettoyer leur cours de manière à réduire la quantité d'ordure à transporter. Si nous transportons les ordures ménagères 50% de sable, on crée une dépression dans la cours et aussi dans la ville.

Les gens n'arrêtent pas d'acheter les bennes de remblaie. Deux à trois ans après, ils constatent que leur cour est toujours basse. Mais où sont parties ces bennes de remblaie ? 

Il faudrait que la presse mène ce combat avec nous car si un journal identifie un danger et communique autour, cela est mieux suivi. De même, les associations qui mènent les sensibilisations sur un phénomène naturel quelconque sont également suivis par les autorités communales.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)