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ANALYSE

Tchad : Crise silencieuse dans le secteur de la santé, entre négligence et manque de moyens


Alwihda Info | Par Nguessitta Djimtengaye William - 3 Août 2025


Les hôpitaux et centres de santé du Tchad sont confrontés à une crise silencieuse, exacerbée par une double négligence : l'une institutionnelle, due au sous-financement, et l'autre comportementale, de la part des patients et des soignants. Cette situation aggrave la fragilité d'un système de santé déjà parmi les plus faibles du continent.




  Selon la Banque mondiale, le Tchad n'allouait que 25 dollars par habitant aux dépenses de santé en 2022, un chiffre bien inférieur à ses voisins et à la moyenne mondiale. Ce manque de moyens se traduit par des infrastructures déficientes et un manque criant de personnel. L'OMS estime que le pays compte à peine 0,4 médecin pour 10 000 habitants, soit 25 fois moins que la moyenne mondiale. Dans certaines régions reculées, un seul infirmier doit gérer des centaines de patients.

 
Les ruptures de médicaments touchent un tiers des centres, et moins de 15 % du personnel accède à la formation continue. Ces conditions mènent à des erreurs de diagnostic, à l'absence de soins d'urgence et à un sentiment général d'abandon.
 

Une population résignée et mal informée

 
Parallèlement, la population tchadienne entretient une relation problématique avec le système de santé. L'OMS Afrique rapporte que près de 70 % des Tchadiens ont recours à l'automédication ou à la médecine traditionnelle sans consultation médicale. Beaucoup évitent les hôpitaux et ne s'y rendent que lorsque leur état devient critique.

 
Un infirmier de Moundou déplore cette situation, soulignant que ce retard dans la consultation, souvent lié à un manque d'information, de confiance ou d'argent, rend la prise en charge tardive et inefficace. Le taux de mortalité maternelle, qui atteint 1 063 décès pour 100 000 naissances (UNICEF), est l'un des plus élevés au monde.
 
 

L'urgence d'un sursaut collectif

 
Cette crise silencieuse est également un problème de confiance et de responsabilité partagée. Les soignants, découragés par leurs conditions de travail, et les patients, souvent méfiants, alimentent un cercle vicieux.


Pour inverser la tendance, des efforts concertés sont nécessaires :
  • Former et encadrer le personnel de santé, en améliorant l'accès à la formation continue.
  • Informer et sensibiliser les citoyens par des campagnes de santé communautaire adaptées.
  • Investir durablement dans les soins primaires, notamment en zones rurales, avec le soutien des partenaires techniques et financiers.
Cette crise est évitable si l'État, le personnel soignant et les citoyens prennent conscience de leur rôle dans la défense de ce bien commun vital : la santé.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)