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POINT DE VUE

Atelier de réflexion autour de la paix au Tchad à Genève : la nécessité d’un dialogue national inclusif et d’une culture de la compréhension mutuelle


Alwihda Info | Par Alwihda Info - 9 Mai 2010



Atelier de réflexion autour de la paix au Tchad à Genève : la nécessité d’un dialogue national inclusif et d’une culture de la compréhension mutuelle

Talha Mahamat Allim - Genève, Suisse

Le Mardi 4 mai 2010 s’est tenu à Genève, un atelier de réflexion autour de la paix au Tchad. Cet atelier a été organisé par Utopie Nord-Sud en collaboration avec EIRENE suisse, deux associations qui ont pour but de contribuer à la coopération au développement et à la promotion de la paix au sud.

Plusieurs ONGs internationales, suisses et africaines y ont activement participé ; les points suivants ont été principalement débattus, conformément à l'ordre du jour :

• La situation au Tchad et les enjeux d’une réconciliation nationale ;
• L’initiative de la société civile tchadienne : les activités du CSAPR (Comité de suivi et de l’appel à la paix et à la réconciliation) ;
• Pourquoi et comment l’association Utopie Nord Sud s’est investie pour relayer le processus ;
• En quoi les ONGs suisses et la Suisse peuvent être une alternative effective et pertinente pour relayer l’initiative de la société civile tchadienne.

L’objectif était de dégager les voies et moyens susceptibles de rendre concrète et de renforcer l’initiative de la société civile tchadienne, initiative visant la recherche d’une paix durable à travers un dialogue inclusif impliquant toutes les forces sociales et politiques du Tchad et l’accompagnement de la dynamique de la société civile dans ce sens.

Les échanges ont été particulièrement riches sur les questions relatives au règlement des conflits armés qui ont endeuillé plusieurs familles tchadiennes, au processus de sortie de l’incertitude et à la dynamique de consolidation de la paix.

Il convient tout d’abord, de noter que les interventions des participants (européens et africains dont suisses et tchadiens) fondées sur l’observation attentive de la situation socio-économique et politico-militaire du Tchad ainsi que les actions multiples et variées menées par les ONGs tchadiennes, ont mis en évidence l’attachement de l’ensemble des acteurs tchadiens à la paix. Cependant, les moyens pour y arriver divergent. D’où la question de savoir quelle serait la meilleure alternative, aux tentatives antérieures de "réconciliation nationale", pour résoudre et prévenir durablement les conflits armés au Tchad et y construire la paix véritable.

Les participants ont rappelé que ces dernières décennies, le Tchad est déchiré par d'incessants conflits. Jusque-là, aucune initiative de paix n'a abouti. Le dialogue inclusif qui devrait regrouper toutes les composantes de la société tchadienne ainsi que les mouvements politico-militaires reste dans les limbes. Les participants ont ainsi estimé qu’il faut travailler à éradiquer les raisons qui engendrent ces conflits. Pour ce faire, ils ont proposé que toutes les forces en présence (gouvernement, opposition politique et politico-militaire, acteurs socio-économiques et culturels), appuyées par les partenaires internationaux et régionaux, devraient engager un véritable dialogue inter-tchadien dans un pays neutre sous la forme qui conviendrait aux différents acteurs.

C’est dans cette optique que l’association UTOPIE NORD-SUD, soutenue par EIRENE Suisse, envisage la création d’un collectif qui pourrait réaliser un plaidoyer auprès des autorités helvétiques et européennes ainsi que des institutions internationales afin qu’elles s’investissent davantage dans la réalisation d’une conférence de réconciliation nationale tchadienne en Suisse. Du point de vue des participants, la Suisse pourrait, par ses expériences, mobiliser d’autres partenaires et permettre ainsi à la société civile tchadienne de faire aboutir son initiative et d’atteindre ses objectifs en matière de paix.

Les participants n’ont pas perdu de vue l’influence des pays voisins du Tchad ainsi que les enjeux géostratégiques et économiques de la sous-région. Ils ont également mis en évidence le rôle que peut jouer la France dans cette recherche d’une paix durable au Tchad, du fait de la place qu’elle occupe dans l’histoire et la vie politique et économique du pays. D’une manière générale, ils ont souligné la nécessité de la contribution active de tous les partenaires du Tchad et le fait que ces derniers doivent peser de toute leur influence pour impliquer tous les acteurs tchadiens dans cette recherche de paix.

Il s’agit ici, pour les représentants des ONGs présents à cet atelier, de privilégier le dialogue inclusif entre tchadiens, indispensable à une réconciliation nationale véritable, à une stabilité politique convenable et à une paix durable au Tchad.

Ils ont apprécié la pertinence du travail fait par la société civile tchadienne sur le terrain et n’entendent jouer que le rôle de facilitateurs, sans aucun parti pris. Les participants ont reconnu que les réseaux locaux ont besoin de renforcer leurs capacités et de développer leurs compétences en matière de la promotion de la paix. Dans ce contexte, la coopération avec la société civile internationale apparaît comme une ressource importante. La constitution d’alliances nationales, régionales et internationales est nécessaire pour mobiliser le potentiel de la promotion de la paix.

Ils ont également noté que la réflexion engagée autour de la paix au Tchad mérite une attention particulière, et ont apprécié les efforts faits par l’association Utopie Nord-Sud dans cette direction. Une association qui, au-delà de la promotion de la paix au Tchad, développe une diplomatie civile pour le renforcement de la sécurité des acteurs locaux impliqués dans le domaine du développement.

Pour concourir à une culture de paix et de non-violence, les participants ont mis en exergue l’importance de fonder une culture de la compréhension mutuelle, et de ce fait, la nécessité d’une éducation à cette compréhension dont le sens serait de réaliser la paix au sein de toutes les composantes de la communauté nationale tchadienne.

Avant de conclure, il a été rappelé que cet atelier de réflexion s’inscrivait dans un processus continuel dont les fondements se trouvent dans le dispositif du Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation qui énonce des propositions de sorties de crise tchadienne.

Les participants se sont séparés sur le souhait de la poursuite de ce genre de rencontre et ont émis un appel à une plus grande concertation entre les différents partenaires et la coordination de leurs mesures d’accompagnement respectives. Ils ont demandé à l’association Utopie Nord-Sud de renforcer son rôle en matière de plaidoyer pour la mobilisation des ressources nécessaires en faveur de la tenue d’une rencontre globale entre tous les principaux acteurs tchadiens.

Notons que tel qu’il apparaît dans un éditorial du journal de l’association Utopie Nord-Sud, les ONGs et les associations sont désormais appréhendées comme des acteurs majeurs de la politique sociale moderne globale et non plus comme des organisations "externalisées" par les Etats qui ensemble dominaient jadis la scène politique. La contribution que les acteurs de la société civile peuvent apporter dans le développement de nouvelles formes de gouvernance et en particulier dans le domaine de la prévention des conflits et la promotion de la paix n’est pas des moindres. Il ne fait plus aucun doute qu’une action conséquente dans ce domaine peut contribuer de manière significative à réduire des risques des conflits et au-delà, à la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement en général, et plus particulièrement au Tchad.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)