ANALYSE

Cameroun : et si Atangana Kouna rendait compte des choses vécues en prison ?


Alwihda Info | Par Ahmed Abdoul-Aziz - 9 Septembre 2022


Le « dégoût », la « République profanée », tels sont, entre autres, les titres-réactions, que semble avoir inspiré, à certains organes de presse du Cameroun, l'audience sollicitée et obtenue le 30 août 2022 par Basile Atangana Kouna, auprès du ministre Directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo, le « mauvais génie du Palais », au lendemain de sa libération le 29 juillet dernier.


De gauche à droite : Jean Pierre Amougou Belinga, Basile Atangana Kouna et le ministre Samuel Mvondo Ayolo.
Le propos qui suit n'a de prétention que de montrer qu'au-delà de ces cris d'orfraie, véhémentes protestations faussement effarouchées, ces organes de presse donnent à lire, inconsciemment la peur, la hantise de leurs commanditaires, de la Prison centrale de Yaoundé (Kodengui), et de l'extérieur, de voir leurs projets funestes exposés en haut lieu.

Avant d'y revenir un peu plus en profondeur, il convient d’établir, une fois de plus, la légitimité et la légalité de l'audience en question.

Si le déchaînement médiatique suscité par l'audience à lui accordée par le ministre Samuel Mvondo Ayolo, pourrait se justifier par les perceptions que charrie symboliquement l’ancien prisonnier Basile Atangana Kouna dans la société camerounaise, elle ne s'en inscrit pas moins dans la légitimité et la légalité républicaines.

Manipulation médiatique
S'exprimant d'un ton affecté et précieux, s'habillant avec une certaine recherche et se montrant comme habité par une soif atavique de faire exposition de sa personne, et de ses nombreux biens, traits qui, ensemble, rappellent le gentilhomme du 17ème siècle français, Basile Atangana Kouna, comme beaucoup de ses amis, ne peut qu'éprouver du mal à s'attirer la compassion de ses compatriotes qui, pour la plupart, vivent difficilement. Du coup, son élargissement et, au surplus, l'audience sollicitée et accordée par un proche collaborateur du chef de l’Etat, leur apparaissent, aidés en cela par la manipulation médiatique, comme des privilèges indus. Et non comme la reconnaissance de ses droits civiques.

En effet, une fois élargi par le droit, Basile Atangana Kouna retrouve, à travers sa nationalité camerounaise, tous ses droits civiques. Lesquels comme l'indique Aristote, s'articulent, depuis la Grèce et la Rome antiques, autour de la participation à la « chose publique » (res publica), référence à un « bien commun », la liberté de citoyen et de l'égalité.

Or, comme tout le monde devrait le savoir, le Palais de l'Unité, siège de la présidence de la République, au-delà de sa fonctionnalité administrative, politique et stratégique est, du point de vue symbolique, la Maison de la Nation, la Maison commune de tous les Camerounais.

Que Basile Atangana Kouna y ait été reçu, comme nous pouvons le subodorer, dans l'intention d'une catharsis, donc d'une purgation citoyenne des passions et d'exprimer au Magistrat Suprême du pays, sa gratitude déférente est tout ce qu'il y a de légitime, et de légal.

Qu'il l’eût fait auprès du ministre Directeur du cabinet civil, n'a rien d’infamant, et de compromettant, s'agissant de la grammaire, et de l'éthos républicain. Bien au contraire ! En effet, le ministre-DCC est, du point de vue des Institutions et au plan civil, une courroie de transmission et de distribution, pour reprendre une terminologie propre à la mécanique, notamment automobile. Et au plan stratégique, il a, dans la palette de ses nombreuses missions, celle du renseignement. De ce fait, il a une obligation de réception, et d'écoute des Camerounais de tous bords, pour la très haute information du chef de l'Etat.

La peur du lendemain
Ce n'est point un hasard si depuis, cette fonction a été surtout dévolue aux diplomates, dont le métier s'articule autour du renseignement. En témoigne le modèle français du diplomate, Charles-Maurice Talleyrand-Périgord (1754-1838). Pour ne rien dire de Henry Kissinger, le modèle américain ! Comme on peut le voir, la mission d'information est consubstantielle aux fonctions multiples et complexes de ministre-DCC.

Depuis 2018, année de sa nomination à ses fonctions actuelles, Samuel Mvondo Ayolo a eu à faire la démonstration, à la fois, de sa fidélité, et de sa loyauté républicaines et filiales, et de son efficacité pragmatique. Il faut reconnaître qu’il est servi en cela par la richesse de son expérience au ministère des Relations extérieures, où il a été directeur ONU, et secrétaire général par intérim. À laquelle il faut ajouter, naturellement, les fonctions d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Libreville au Gabon, et à Paris en France. Sans oublier le bénéfice stratégique d'être constamment sous-estimé par ses contempteurs et adversaires.

Les véhémentes protestations exprimées par des organes de presse à la solde des conjurés de la prison de Kondengui, considéré par de nombreux experts de sécurité comme le quartier général de la déstabilisation au Cameroun, et de ceux du dehors, du régime et de l'opposition, ne semblent pas se justifier par le fait de l'audience. Mais par son opportunité et son objet. Et si Basile Atangana Kouna, ancien agent secret de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), en reconnaissance ou en contrepartie de la liberté retrouvée, était venu rendre compte des choses vues et entendues au cours de ses quatre années de prison ? Notamment des opérations passées, présentes, et à venir, planifiées par les BRUTUS du dedans, et du dehors, et tous ceux qui, à terme, auront à rendre gorge de leurs indélicatesses dans la gestion publique ?

En définitive, la peur du lendemain est à la mesure de la charge haineuse et manipulatoire des supports médiatiques mobilisés !

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