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POINT DE VUE

Centrafrique : Les dieux sont tombés sur la tête !


Alwihda Info | Par Pierre DE LACAN - 4 Janvier 2019


Malgré les souffrances et les manques, l’humour centrafricain n’est jamais pris en défaut. Avec une incroyable capacité à tourner les situations, même les plus douloureuses en dérision.


Par Le Comte Pierre DE LACAN Colonel en retraite, ancien conseiller militaire de J.B BOKASSA

L’immense camp de déplacés internes qui longtemps bordât le tarmac de l’aéroport de M’Poko à Bangui, était surnommé « le Ledger », du nom de l’hôtel, pas loin, le plus luxueux de la ville. Un humour sans égal.

Face à l’incapacité des troupes de l’ONU à circonscrire la crise, les centrafricains moqueurs de persifler à chaque rotation et arrivée de troupes fraîches, en les qualifiant de « touristes ».

De nommer les enfants métis issus des viols multiples de mineures par des soldats français (impunis), « les bébé sangaris ».

Dubitatifs devant les agitations « franco-russes » sur le contrôle du pays, de froidement constater :

« Ca va changer quoi de sortir d’une prison pour entrer dans une autre ? » ou encore : « Un colon en remplace un autre. »

La lucidité centrafricaine, contrairement aux apparences, n’est jamais défaillante.

Nul n’est assez naïf, à par les gogos, et ses thuriféraires, pour croire que Faustin TOUADERA ait été élu démocratiquement chef de l’état :

« Les bourrages d’urnes chez nous, c’est la normalité. L’exceptionnel aurait été le contraire » constatait dépité un journaliste à Bangui. « Mais, que voulez-vous que l’on fasse ? Même le texte de la Constitution qu’ils ont décrété que nous avions massivement voté, personne ne l’a lu. » Ajoute-t’il encore.

UN PEUPLE A TOUJOURS RAISON

Car, ils auront beau faire, ils auront beau dire, les politiciens n’auront jamais raison contre le peuple. C‘est valable en RCA, c‘est valable partout.

D’autant plus que, devant mener sa destinée, ils s’en révèlent en être totalement incapables.

Les politiciens « banalisent » et « normalisent » une situation qui n’est ni banale, ni normale, à savoir cette grave crise débutée fin 2012, et qui ne cesse d’empirer.

La cécité très volontaire de la dite « communauté internationale » sur le sujet n’aide pas : et entre même en consensualité avec les dangereuses dérives politiciennes locales (corruptions, autocratie, démagogie, incompétence, processus liberticides et autres maux).

Qui de raisonnable va comprendre qu’avec annuellement plus de 800 millions de $ engloutis en Centrafrique par l’ONU, (argent des contribuables), rien ne bouge ? Ou plutôt, pour voir les choses empirer quasi quotidiennement ?

Car, c’est sous la tutelle de l’ONU que 85 % du territoire national depuis, échappe dorénavant à tout contrôle. Rendant le pouvoir de Bangui, totalement factice. « Pour de faux » comme disent les enfants.

Avec un seul budget annuel de la MINUSCA, il serait très aisé de bâtir une armée centrafricaine professionnelle, efficace et redoutable. Et qui serait donc en capacité de solutionner le problème des groupes rebelles et mafieux en seulement quelques semaines.

Parce que....« on ne négocie pas avec des terroristes, jamais ! ».

Jouer à cela, c’est l’assurance de perdre à tous les coups.

Pour cela que, toutes ces agitations de « processus de paix » de « feuilles de route de paix » et autres balivernes, ne sont que de pures distractions.

Dans une situation comme la centrafricaine, n'étant plus de guerre asymétrique, c'est-à-dire avec des ennemis mutants et non identifiables, parler de DDR ou de DDRR, c'est tout simplement se fourvoyer.

Ces types de processus ne peuvent fonctionner qu'après de longs travaux de préparation, ayant contraint les rebelles affaiblis à la négociation. C'est complète démagogie de croire qu'un déplacement à Paoua pour prendre la pose devant les caméras avec un clampin vous remettant une arme hors du temps ferait le travail. Un effet d'annonce n'est qu'un effet d'annonce.

Se lancer dans ce processus en l'état, c'est servir la soupe à des chefs de guerre, c'est les sanctuariser. Et le plus que tout, c'est leur servir de pigeon.

Enfin, DDR ou/et DDRR ne fonctionnent pas non plus dans un tel climat d’impunité garantie.

L'amorce de solution à cette crise, ne viendra que des FACAS et de personne d'autre. La MINUSCA se défaussera toujours, ils ne sont là que de passage.

Ces « touristes » ont suffisamment fait montre de leur inutilité, il est temps de tourner la page.

Car si cette MINUSCA doit durer plus de 15 ans dans ce pays comme en RDC, il restera qui de vivant en RCA à terme, au rythme des habituelles tueries, toujours impunies ?

L’état centrafricain, comme tout état libre, est auto-déterminé. Il ne subit les diktats et les dérives de l’ONU, que parce qu’il le veut bien.
Il ne subit l’embargo sur les armes, que parce qu’il le veut bien.
Mais manifestement, ceux qui sont au pouvoir dans ce pays ne paraissent pas le savoir.

Aussi, est-ce totalement absurde d’aller pleurer pour la levée de l’embargo sur les armes, alors qu'il suffit tout simplement de le décreter soi-même. La défense d’un pays est un droit régalien. Et que ni l’ONU, ni qui que ce soit ne peut s’y opposer.

L’ONU n’est pas DÉESSE. Elle n’est pas omnipotente, surtout quand ses dieux (casques bleus) - à qui elle s'arrange pour garantir une constante impunité, quelques soient les crimes commis - sont tombés sur la tête.

Elle exploite seulement les réflexes « serviles » des dirigeants africains comme les centrafricains, manifestement traumatisés par « l’autorité » - pour ne pas dire la peur séculière du ‘blanc’, leur brandissant la peur du vide, et le chantage à l’argent.

Une vieille rhétorique de terrorisme colonial qui fonctionne toujours.
En attendant de dépasser ce vieux complexe, on meurt en RCA.



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