Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
ANALYSE

Centrafrique : La classe politique passive sur les attentes de la population


Alwihda Info | Par RJP MAYTE - 8 Avril 2013



Rodrigue Joseph MAYTE
Rodrigue Joseph MAYTE
Chronique de Rodrigue Joseph MAYTE sur la passivité de la classe politique par rapport à la crise contemporaine et les attentes de la population centrafricaine…


Au fur et à mesure que la situation politique centrafricaine devient de plus en plus alarmante, nombreux sont les analystes qui s’interrogent sur l’approche politique réelle de certains hommes politiques du pays. A la base, la position des hommes politiques centrafricains sur l’actuelle crise est totalement divergente et varie d’un leader à un autre en fonction de l’orientation idéologique de tout un chacun. Certains hommes politiques soutenaient mordicus la coalition Seleka comme étant la force idoine pour un changement réel dans le pays. D’autres ont préféré jouer la carte de la neutralité tout en soutenant dans l’ombre les nouvelles autorités. D’autres encore ont préféré prendre position le jour et jouer à la « Nicodemie »la nuit dans l’unique but de ne pas échapper à la « mangecratie ».

Néanmoins, tout ce fourmillement de système politique lance de nos jours un réel débat sur la responsabilité et la prise en compte des attentes de la population par les hommes politiques centrafricains. De plus en plus des Centrafricains jettent le pavé dans la mare sur le comportement passéiste et rétrograde des hommes politiques qui émanent de l’époque coloniale. Nombreux sont ceux qui estiment que les multiples crises à répétition en Centrafrique sont l’œuvre de cette classe politique qui non seulement s’arc-boutent au pouvoir mais s’identifient également par la guerre d’égo, la guerre de positionnement, les crocs-en-jambes au point de rendre l’environnement sociétal et politique à la dimension d’un véritable panier à crabe. Tellement que le constat est amère, la Centrafrique profonde ne décolère pas et qualifie ces différents événements fâcheux de l’échec d’une vielle génération.

Il est indubitable que le passé tumultueux de la République Centrafricaine n’est de secret pour personne. Là ou le bât blesse, ces hommes politiques ont quasiment mangé à tous les râteliers sans pour autant laisser au travers de leurs chemins les rebuts et les rognures. En dehors de ceux-là, il existe une autre classe politique centrafricaine adoubée dans la transhumance ambiante. Par-dessus le marché, même si le principe du changement brutal est acté par toute la classe politique centrafricaine, il n’en demeure pas moins que les dégâts collatéraux doivent immédiatement faire l’objet d’une critique acerbe de la part des hommes politiques du pays. En dépit, des actes de pillages effrénés, des vandalismes à répétition, des exactions et autres destructions ciblées des maisons d’autrui, aucun leader politique n’a condamné ces actes déviationnistes sachant que la population centrafricaine est la plus victimisée de la crise.

Une situation inédite qui alimente la discussion sur la nature réelle de l’opposition politique en Centrafrique. Est-ce une opposition qui agit au faciès ? Ou une opposition politique qui met les attentes de la population au cœur des ses dispositifs ? Une chose est sûre, si l’opposition centrafricaine agit au faciès, il conviendrait de reconnaître que cela s’explique par son immobilisme et sa passivité suite à l’impasse excessive que traverse la population en générale. De ce fait, on pourrait  dire : « Ô tempores, ô mores » qui veut dire en Français usuel « Autres temps, autres mœurs ». Bien évidemment, l’ancien locataire du palais n’est plus à la tête de la magistrature suprême et il est certain que les leaders politiques doivent changer de fusil d’épaule car les défis qui s’imposent au pays sont nombreux et ils doivent faire preuve d’un peu de lucidité et de sobriété.

Par contre, si l’opposition centrafricaine s’avérait politique, elle aurait défendu sans vergogne la population en fustigeant les actes de barbarie et autres méfaits liés au changement brutal. On se demande toujours et encore si l’atermoiement politique centrafricain trouve son explication dans la mauvaise gestion d’un régime quelconque ou dans la mentalité de la Centrafrique profonde. Même lorsque les structures administratives, para étatiques, la Mairie et autres structures connexes ont été pillées et saccagées, il n’y a eu aucun acte de condamnation de la part des voix les plus autorisées du pays. On s’interroge même sur le fonctionnement de l’administration centrafricaine à partir du moment où tous les ministères sont pillés et vandalisés…Hélas, de cette pensée africaine qui dit : « Qui aime le vent, ouvre sa fenêtre », les hommes politiques centrafricains doivent changer de fusil d’épaule si jamais ils aspirent à faire de la République Centrafricaine, une exemplarité totale en matière de gouvernance et de gestion de la chose publique.

Certes, à cause des intérêts grégaires égoïstes et « alimentaristes », il faut admettre que l’opposition politique d’hier, en dehors du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) qui lutte pour la conquête effective de la magistrature suprême, semble devenir de nos jours la majorité présidentielle de l’actuel homme fort de Bangui. Beaucoup de personnes s’accordent à dire que le changement brutal du régime défunt a sonné le glas de l’inviolabilité de l’opposition centrafricaine. Les arcanes du pouvoir ont écarté certains leaders politiques de leurs entités décentralisées au niveau de la diaspora occidentale, africaine etc.…Plusieurs leaders politiques ont même lâché sciemment leurs bases pour des intérêts « alimentaristes » alors que le débat sur les défis réels qui s’imposent au pays continue d’alimenter la chronique quotidienne. Il est aisé de reconnaitre que l’actuelle transition peine à prendre une dimension consensuelle en dépit de l’orientation solennelle des chefs d’états de la CEEAC qui demandent une répartition équitable par toutes les forces vives de la nation pour la mise en place des mécanismes de la gestion de la chose publique.

Le caractère contextuel hyper sensible de la précarité sociale actuelle nécessite une transition consensuelle inclusive et axée sur une grande représentativité des différentes régions centrafricaines. Les arrangements de bas étage avec à la clé des prédispositions dotées d’une trivialité balourde ne pourront qu’embraser la transition surtout lorsqu’on sait que des ilots de résistances s’organisent encore ça et là. Il est fort important que la transition soit dirigée par une personnalité neutre et qu’une plate forme républicaine soit organisée le plus rapidement possible chez le Médiateur de la crise à Brazzaville en vue de définir les feuilles de route pour une sortie de crise durable en République Centrafricaine. Des bruits de couloirs depuis l’hôtel Ledger font état d’une éventuelle élaboration de la constitution sous les auspices des nouvelles autorités… Peut être qu’on en saura un peu plus dans les jours à venir.

RJP MAYTE



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)