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POINT DE VUE

Dysfonctionnements des ambassades du Tchad : Faut-il réformer le système diplomatique ?


Alwihda Info | Par Alwihda Info - 24 Mai 2010



Dysfonctionnements des ambassades du Tchad : Faut-il réformer le système diplomatique ?

Ali Idriss Abderamane - N’djamena (Tchad)

Le débat autour de la problématique du système diplomatique tchadien par l’entremise de nos ambassades mérite une attention particulière. Notre frère Talha Mahamat a été à la hauteur du débat engagé et sa réponse raisonnable au message émotif de notre « ambassadeur » Abakar Alboughary démontre à suffisance sa respectabilité. Il a été cohérent, mesuré, courtois, responsable et digne d’un fils de Toumaï. Je lui tire mon chapeaux.

La diplomatie comme on le sait, est l'art de défendre et de promouvoir les intérêts d’un pays, de cultiver des relations fécondes avec les autres Etats et d’œuvrer au triomphe de la justice et de la paix entre les peuples. Quand les passions sont déchaînées et que les hommes deviennent vraiment déraisonnables, sa mission est d’œuvrer à les cantonner dans les limites du tolérable, d'éviter l'irréparable et, sans plus tarder, à participer à toute entreprise de bonne volonté destinée à préparer le retour à la paix et à la sérénité entre les nations en conflit.

Cependant, la politique étrangère relève du domaine réservé du Chef de l’Etat qui a le choix en dehors du cadre officiel d’obtenir des conseils appropriés auprès de qui de droit, pour préserver les intérêts du pays. Il ne s’agit pas d’une exclusivité des ministres ou des ambassadeurs. Aussi, chaque citoyen a le droit de s’exprimer sur le fonctionnement et la gestion de nos structures publiques qui doivent être conforme aux intérêts du Tchad mais non pas des individus.

Il est vrai que dans les ambassades du Tchad à l’étranger, et à ce titre, l’exemple de Genève est éloquent ; le plus souvent nos ambassadeurs confondent allégrement la gestion publique et privée des ressources financières et humaines. Certains des dysfonctionnements constatés s’expliquent par l’incompétence intellectuelle, professionnelle et morale de ces ambassadeurs. C’est pourquoi, ils excellent dans la fourberie et l’hypocrisie et tentent par tous les moyens (corruption, manipulation, division, utilisation des individus issus des structures associatives apolitiques) pour d’étouffer en vain ceux qui ont eu le courage de dénoncer ces pratiques et d’affirmer raisonnablement tout haut ceux que les autres pensent tout bas.

J’estime qu’il est important de situer les responsabilités individuelles dans la gestion de nos institutions diplomatiques dans la mesure ou dans plusieurs cas, ce sont les chefs de missions qui commettent des actes contraire aux normes de la République et qui sont poursuivable pénalement. Il ne faut pas sous estimé les responsabilités individuelles, parce qu’ on tendance à mettre sur le dos du Président de la République des actes individuels que leurs auteurs se justifient par les fameuses « instructions venant d’en haut ». A Talha comme aux autres tchadiens qui mettent en avant l’intérêt général, il ne faut surtout pas céder aux intimidations et autres campagnes de désinformation et d’intoxication des apprentis diplomates en mal d’assise sociale. Vos contributions font énormément du bien au Tchad et aux tchadiens.

J’ajoute que les dysfonctionnements dans nos ambassades, pertinemment développés par notre ami Talha dans ses différentes réflexions font des ravages pour le Tchad et doivent préoccupés le gouvernement tchadien au plus haut sommet. Au-delà de la dimension politico-économique, ils ébranlent la culture tchadienne, désorganise le lien social entre tchadiens vivant à l’extérieur et met à mal les vertus de nos traditions. Si le gouvernement prend en compte les contributions de nombreux tchadiens quant à la méthode de gouvernance dans chaque secteur de l’Etat, eh bien, le Tchad améliorera ses performances et répondra ainsi aux attentes de ses populations. Je pense que le débat d’idées est la meilleure option pour le Tchad de cheminer vers la modernité . J’encourage tout tchadien à aller dans ce sens.

A partir des analyses faites sur le fonctionnement inadapté des structures diplomatiques tchadiennes, la question maintenant est de savoir quelles réformes faut-il apporter aux structures de l'outil diplomatique et plus spécifiquement quels moyens matériels et humains faut-il préparer et mettre progressivement en oeuvre en vue de faire face aux défis de la diplomatie tchadienne du 21ème siècle. A la question de savoir ; faut-il réformer le système diplomatique tchadien ? la réponse est incontestablement oui. Il faut commencer à partir des propositions déjà existantes et aller plus en profondeur.

Pour ce qui concerne la définition de la politique étrangère, de ses choix, de ses orientations et de ses champs d'action, elle relève de la compétence du pouvoir politique. Dans tous les cas, l'appareil étatique doit être prêt pour mettre en oeuvre cette politique étrangère quelle que soient ses dimensions.

Ces réformes qui seront engagés doivent faire l’objet d’un débat de l’ensemble des acteurs du système diplomatique tchadien afin que l’implication de tous puisse produire des résultats à la hauteur des attentes nationales et insuffler ainsi une nouvelle dynamique diplomatique à même de répondre aux enjeux et défis du moment.

Malgré la chaleur implacable qu’il fait actuellement à N’djamena, permettez moi de terminer mon propos en rendant un hommage mérité à notre frère Talha. Je suis impressionné et admiratif de son talent et de sa sagesse. Il a laissé de côté tous les aspects personnel, les injustices le touchant directement pour ne focaliser que sur le fond du sujet depuis un an maintenant. C’est vraiment tout à son honneur.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)