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TCHAD

Education : La Turquie veut violer l’inviolable au Tchad


Alwihda Info | Par Abakar Tahir Mahamat - 18 Décembre 2017


Des manœuvres ont été mises en place pour récupérer ces établissements construits par une société privée dénommée «Bahar».


Le complexe scolaire international Bahar à N’Djamena. AlWihda Info
Le complexe scolaire international Bahar à N’Djamena. AlWihda Info
La semaine dernière, l’Etat tchadien a décidé de mettre sous tutelle du ministère de l’Education Nationale, le Complexe Scolaire International Bahar (CSIB), surnommé par le commun de mortel « l’Ecole Tchado-Turque » et construit par des investisseurs turcs.

La mise sous tutelle de cet établissement privé soulève beaucoup d’interrogation jusque-là sans réponse.

L’on sait que depuis le coup d’Etat raté en juillet 2016, le gouvernement turc menaçait d’arracher ces écoles, appartenant au mouvement Hizmet. Ankara a alors dépêché des émissaires à N’Djaména.

Des manœuvres ont été mises en place pour récupérer ces établissements construits par une société privée dénommée «Bahar».

Le mois dernier, le président turc Receip Erdogan a dépêché un envoyé spécial à Déby. Ce dernier a été reçu au Palais Rose. L’envoyé spécial d’Erdogan aurait demandé à Déby d’opérer un choix entre le CSIB et la coopération diplomatique avec son pays. Le chef de l’Etat en tant que tacticien n’opte pas pour la fermeture de l’école, ni donner la gestion à Maarif, une «fondation créée au lendemain du coup d’Etat» comme le souhaite Ankara. Mais l’Etat décide de prendre provisoirement l’école en main.

Cependant, ce qui taraude la tête de plus d’un tchadien, pourquoi mettre une école privée sous la tutelle l’administration publique en pleine année scolaire ? Pourquoi la Turquie veut transposer son problème interne sur un territoire étranger ? Qui est derrière la fondation «Maarif» ? Sur quelle base veut-elle arracher une école privée qui existe depuis 2001, sur un territoire étranger ? Ne peut-elle pas créer son école en investissant sur un autre terrain au lieu de s’acharner à arracher une propriété privée ? A toutes ces questions, il est difficile de répondre au stade actuel de la chose. Mais une chose est sûre, le Tchad est un pays souverain et l’on ne doit pas brader notre souveraineté. Et les plus hautes autorités du pays attachent du prix à l’Education nationale.

Même pendant la période difficile avec le voisin soudanais en 2008, l’école soudanaise dont l’enseignement est en partie issu du programme scolaire soudanais n’a pas été fermée. L’on justifiait que c’était des enfants tchadiens qui en bénéficiaient. Pourquoi devrait-il en être autrement avec le CSIB qui est complètement une école privée financée par des turcs avec des enseignements et des enseignants Tchadiens ?

Une chose est sûre, au Tchad, la propriété privée est un droit constitutionnel. La Constitution Tchadienne stipule à son article 41 que «la propriété privée est inviolable et sacrée. Nul ne peut être dépossédé que pour cause d’utilité publique dûment constaté et moyennant une juste et préalable indemnisation». Autrement dit, le statut juridique du Complexe Scolaire International Bahar reste inviolable car, il relève de l’initiative privée.

Sentant la menace venir, au lendemain du coup d’Etat, les promoteurs de cet établissement ont décidé légalement de changer le nom de leur école, qui était liée en quelque sorte à leur pays avec la dénomination Complexe Scolaire International Tchado-Turc (CSITT) et le drapeau de ce pays. L’école devient alors le Complexe Scolaire International Bahar (CSIB), au nom de la société qui l’a créée.

Entretemps, son directeur général justifiait dans les colonnes du Quotidien Le Progrès que les gens pensaient ou croyaient que cette école est consulaire. « Nous avons changé le nom pour éviter cette confusion. Nous voulons que les autorités, ainsi que les peuples tchadien et turc comprennent et voient clairement à quel statut appartient notre école».

De ce qui précède, il est clair que le CSIB ne doit pas être sous le contrôle de l’Etat ou d’une quelconque organisation.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)