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TCHAD

Enfants talibés au Tchad : "c'est une bombe à retardement"


Alwihda Info | Par - 13 Septembre 2021


VIDÉO. "Que l'État prenne des mesures pour sensibiliser d'abord. Que l'information parvienne aux parents, aux marabouts. Lorsque l'information sera portée à large échelle, on pourra appliquer les mesures de dissuasion en sanctionnant ceux qui ne respectent pas les textes. Les parents ont échoué dans l'éducation de ces enfants. On encourage la mendicité", s'insurge Mahamoud Mahamat Ali, président de l'Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l'Homme (ATPDH), section du Ouaddaï.


Le phénomène des enfants talibés ou mouhadjirines prend de l'ampleur au Tchad. Pourtant, aucune stratégie ne semble être envisagée pour contrecarrer la situation. Depuis quelques années, des acteurs religieux et associatifs tentent d'alerter sur ce qu'ils qualifient de "bombe à retardement".

Mahamoud Mahamat Ali, président de l'Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l'Homme (ATPDH), section du Ouaddaï, estime que "ces enfants subissent toutes sortes de maltraitances. Ils sont toujours en mendicité. C'est une bombe à retardement. Lorsque leur nombre devient exorbitant, ces enfants peuvent constituer une source d'insécurité".

Mahamoud Mahamat Ali relève que les parents ou tuteurs ont la responsabilité de prendre en charge les enfants et rappelle que "l'échec de l'enfant c'est l'échec de la famille". Au-delà de la sensibilisation, il préconise de cibler les parents des enfants, en leur rappelant qu'ils doivent prendre en charge l'éducation des enfants, tandis que le marabout peut s'occuper uniquement de l'éducation spirituelle.

À ses yeux, l'État n'a pas de programme pour encadrer ces enfants. "On voit un accroissement, c'est galopant. Ça donne le désir à d'autres marabouts de prendre des enfants et de les exploiter à leur guise. C'est un échec. C'est facile de gagner avec la mendicité. Vous ne faites aucun effort. La société a aussi échoué. À qui la faute ? La faute incombe à tout le monde. Si chacune de ces personnes avait pris sa responsabilité, on n'échouerait pas dans l'encadrement de ces enfants. La responsabilité incombe directement aux parents. Quand on cherche les parents, on découvre qu'ils ont parfois des fortunes", dénonce Mahamoud Mahamat Ali.

À terme, ces enfants vont grandir sans perspectives de formation et d'emploi. "Ils vont davantage s'engouffrer dans la pauvreté. Nous sommes en train de contribuer nous-mêmes à notre propre pauvreté", prévient le président de l'ATPDH, section du Ouaddaï.
Abba Issa
Correspondant au Ouaddaï et zone Nord-Est En savoir plus sur cet auteur



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