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Idriss Déby : « S’il y a un Président le plus pauvre au monde, c’est moi »


Alwihda Info | Par - 15 Aout 2011


Il avoue ne pas maitriser la mentalité et le comportement de certains Tchadiens. Il confie que un jour en blaguant, un de ses gardes-du-corps disait que, « Déby a réussi sur tous les fronts, mais il a raté deux, l’énergie et les zaghawa. » Abordant les relations étrangères, le Chef de l’Etat déclare : « Je ne suis le protégé de personne, ni de la France, ni de Kadhafi, je suis le protégé du peuple tchadien et de Dieu seulement ».


Le Président Idriss Déby Itno, assis en tenue militaire. / Photo Agence
N’DJAMENA (Tchad) – Le Chef de l’Etat, Idriss Déby a animé une conférence de presse au palais présidentiel avec la Presse nationale. Sans tabou, il a abordé plusieurs thèmes avec les journalistes en estimant que « les Tchadiennes et les Tchadiens veulent savoir ce qui se passe dans leur pays ».

En abordant la renaissance du Tchad, Idriss Déby affirmait que « nous avons connu des dictatures, dans ce pays et voire même vers la fin, la naissance d’une sorte de mercenariat au service de l’étranger, pour détruire le Tchad, leur pays et semer le désordre. Je pense que sans la stabilité, sans la paix et sans l’unité nationale, je n’aurais jamais prononcé cette expression ».

Pour ceux qui disent que le discours de l’investiture est seulement verbal, le Président répond « Je ne chante pas beaucoup sur moi. Mais, j’ai appris, dans ma culture, à ne pas mentir, surtout à celui qui est devant moi. J’ai appris aussi à ne pas faire de fausses promesses, même dans ma propre famille, à mes enfants, ne serait-ce que pour calmer un petit problème, combien de fois pour une Nation... Je leur donne le droit de critiquer ce que je fais et de le mettre en cause. J’y arriverai. Je n’ai pas le droit de tromper le peuple tchadien. »

Quand au cursus universitaire du Premier Ministre qui est remis en question, le Chef de l’Etat répond : « Moi, je suis le président de la République, mais je n’ai pas de cursus universitaire. Donc, on n’a pas besoin de cela pour être Premier ministre ».

Pour Déby, le problème du micro lors de la cérémonie d’investiture est un détail parmi tant d’autres. Il ne reproche rien au Chef du Gouvernement qui présidait la commission d’organisation.

S’agissant du retrait de l’opposition aux présidentielles, le Président estime que « certains ont pensé que, puisqu’ils sont sûrs d’avoir les voix d’une préfecture ou d’un département, mais pas plus que cela, pourquoi encore perdre de l’argent. C’est logique pour un homme qui réfléchit. Voilà donc votre opposition dont vous parlez. Je les mets au défi que, même si demain on part aux élections, je les battrai à plate couture. »

Concernant la gestion des finances publiques et l’autorité de l’Etat, Idriss Déby reconnait des insuffisances et des ratés. Il souhaite de tout son cœur une gestion publique saine et une justice sociale.

« S’il y a un Président le plus pauvre au monde, c’est moi », car il pouvait bien se servir selon lui. « Je ne suis pas matérialiste et ne le serai jamais pour voler l’argent des Tchadiens. On peut faire quelque chose par l’intermédiaire d’un cousin, cousine ou d’un frère, mais je ne le ferai pas. J’ai combattu cette injustice », souligne t-il.

Il avoue ne pas maitriser la mentalité et le comportement de certains Tchadiens. Il confie que un jour en blaguant, un de ses gardes-du-corps disait que, « Déby a réussi sur tous les fronts, mais il a raté deux, l’énergie et les zaghawa. »

Il déplore également qu’un gouverneur, représentant de toutes les structures de l’Etat, attende l’intervention du Président pour résoudre un petit problème avec un commandant de brigade. Afin de laisser l’administration tranquille, il demande à l’armée de se remettre en ordre de la hiérarchie, malgré que cette situation lui ait value plusieurs tentatives de meurtres pour son exigence et son refus de certains comportements d’hommes en armes, dénonce t-il.

« J’ai le courage d’affronter. Que les autres aussi aient ce courage. Il ne faut pas fuir sa responsabilité, il ne faut pas avoir peur quand vous savez que vous êtes dans le droit », affirme le Président.

Abordant les relations étrangères, le Chef de l’Etat déclare : « Je ne suis le protégé de personne, ni de la France, ni de Kadhafi, je suis le protégé du peuple tchadien et de Dieu seulement ».

Au sujet de la Libye, il pense que le sort des Tchadiens bloqués et tués là-bas devrait préoccuper leurs compatriotes ici. Il indique ne pas soutenir non plus le CNT (Conseil National de Transition » qu’il a eu l’occasion de recevoir deux fois, au Tchad, via des représentants auxquels il n’a pas hésité à exprimer ses vérités.

Revenons sur un sujet d’actualité nationale, la raffinerie de Djermaya et ses produits qui deviennent petit-à-petit accessible à tout les tchadiens. « Maintenant, fin septembre, il faut trouver le prix définitif. Est-ce que ce sera plus ou moins, je ne le sais pas. Ce que je pense, je ne vous diras pas » selon Idriss Déby.

Côté infrastructures, il sollicite les entreprises tchadiennes plutôt qu’étrangères malgré la dégradation des constructions réalisées par les nationaux. « Je ne dit pas d’accepter pour accepter, il faut être très dur et critique pour les amener à mieux faire. Il ne faut pas les condamner et dire qu’elles le font mal. Donc, vu le nombre d’emplois créés, sur l’ensemble du territoire, je vous dis très sincèrement, aujourd’hui, que, quelques entreprises s’en sortent bien. On est arrivé à avoir quand même une sorte de noyau d’entreprises privées nationales qui sont capables d’aller faire la concurrence au-delà de la frontière tchadienne. Il vaut mieux cela que de compter sur l’étranger » répond le Président de la République.

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