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REPORTAGE

Immigration : Mourir ou vivre !


Alwihda Info | Par MAAS - 2 Mai 2014


Traversé le désert de la Libye en tout essayant d’éviter les différents check-points à la rentrée de la capitale avant s’aventurer dans une embarcation d’infortune ; c’est le lot – et à la fois un défi – pour ces guerriers venus d’ailleurs. Depuis leur demeure jusqu’ à "la terre promise", ils seront armés juste d’une volonté inébranlable et d’un brin de chance, le tout moyennant un financement pour chaque passeur au long de leur parcours. Ils seront des milliers à s’y aventurer mais peu d’entre eux arrivent sains et sauves. Leur chemin était parsemé des obstacles loin de l’imagination auquel ferait face, en temps normal, un individu lambda. Nous sommes partis à leur rencontre, pour les écouter, pour vivre leur détresse, et enfin pour les narrer afin de partager, avec eux, leur souffrance.


Par MAAS

Immigration : Mourir ou vivre !
Presque maintenant deux ans et demi, la rencontre a été riche en couleur. Plusieurs communautés s’entrecroisent et fassent connaissance dans le camp, un endroit modestement peu éloquent pour les personnes en attente des papiers de séjours. On croise toutes sortes de communautés : des somaliens, des érythréens, des kényans, des nigériens, des irakiens, des serbes, des syriens, des bosniens et encore plus. Ils sont beaucoup, de ceux qui ont fait la traversée du dessert. Depuis leur demeure jusqu’à " la terre promise" – comme ils aiment le dire tendrement – des hommes et des femmes, des enfants à la main, ont parcouru des milliers de kilomètres pour atteindre le vieux continent par le biais des côtes de l’Italie ou pour échouer au large des côtes de Malta.

Au cours de ces dernières années, une affirmation revenait en boucle : la Libye était un enfer. Ce pays, dernière étape pour les desperados de l’Afrique de l’Est, était le calvaire personnifié pour tous les immigrants. Comme en témoigne les histoires vécues, la Libye n'a pas été une chose acquise à tous ceux qui n'ont pas eu d'autre choix que de la traverser, tout en évitant les différents check-points à la rentrée de la capitale. Neuf sur 10 de personnes croisées, sont restées au minimum une semaine ou plusieurs années ( 2 à 3 ans ). Les unes que les autres, leur histoire suscitent un émoi, devinant ainsi la souffrance et le regret dans leur visage.

Abdi. Y, les larmes au yeux, regrette d'avoir traversée ce pays de l'Afrique du Nord. Un pays, qu'il a du mal à trouver les mots exacts pour le qualifier lorsqu'il reprend son souffle. " En venant en Libye, j'ai rencontré les pires moments de ma vie. J'étais enfermé dans une sorte de prison où j'étais dénoncé par des bédouins, qui exigeaient que je deviens un domestique pour leur besogne. Et, en prison, on nous traitait comme des animaux. Tout sauf comme des êtres humains. Par la suite, en payant une sorte de caution, j'ai trouvé ma liberté. De là, je suis allé me réfugier dans une maison, situé un peu loin de la capitale, avec des candidats à l'exil ", précise-t-il avant de poursuivre, " Et là encore, on était entassé tous comme des boites de sardines, attendant un jour propice pour embarquer dans une embarcation de fortune".

En réalité, les nombreux candidats à l'exil en provenance de pays de l'Afrique de l'Est parcourent la région désertique qui s'étend depuis l'est du Soudan jusqu'au Sinaï égyptien. Avant de regagner les côtes de européens en traversant la Méditerranée; le voyage à travers le désert - et parfois en prenant la mer - est périlleux. Aucune garantie de survie. Et, ceux qui arrivent sains et sauves, sont comme des guerriers venus d'ailleurs.

La chance est également de mise, pour dire qu'elle joue un rôle important dans le dénouement des immigrants clandestins. Nombreux étaient coincés en Libye pour des raisons financiers ou encore simplement par manque de volonté ou de courage pour faire la traversée en mer. De ce fait, obligé de prolonger leur séjour, à Tripoli, la main-d'oeuvre sur le marché sera guetté à la moindre opportunité pour survivre. Avant l'ère du printemps arabe, la Libye était connue pour être un oasis d'abreuvage à tous les immigrés avant l'ultime traversée. Un péril avec deux options : La noyade ou la survie, en d'autre terme, mourir ou vivre.

Pour Abdifatah. S, originaire de la Somaliland, la vie était plus gaie lors de son séjours en Libye. " Le choix n'était pas facile entre faire la traversée et rester en Libye, " incite-il après une mûre réflexion. "Avec le peu que je gagnais, je vivais comme un prince durant trois années lorsque j'étais à Tripoli. Et à l'époque, j'arrivais également à subvenir aux besoins de ma famille. Pourtant je savais que cette situation ne pouvait perdurer dans la mesure où je ne détenais pas un permis de travail et moins encore un séjour. A plusieurs reprise, j'ai recalé mon départ mais il arrive un jour où tu prends ton courage à deux mains pour tenter ta chance ", dit-il sous une fausse air de fierté avant de rendre la grâce à Son Créateur, "j'ai eu beaucoup de chance si je respire encore. D'autres n'ont pas eu cette chance", explique en substance Abdifatah.

En venant en Libye, Hassan. W a galéré. Le désert, il l'a connu à ses dépens. Il y est resté plus de quatre semaines, avec ces amis d'infortunes. Pour cause, leur voiture est tombé en panne. Et, ainsi, lui et ses amis ont creusé des fosses pour se tenir au chaud, contre le froid et le vent qui se mettait à souffler durant toute la soirée.

"Durant cette période de traversée, j'avais qu'une seule chose en tête : survivre. Je m'étais mal imaginer que le voyage du désert sera aussi pénible qu'on me l'a décrit. En sortant du Soudan, j'ai embarqué dans un convoi où une grosse voiture de désert les gens étaient superposés les uns sur les autres. C'était à prendre ou à laisser, il n'y avait pas 36 solutions. Les passants ne nous donnaient pas les choix", affirme Hassan. W en se rappelant des difficultés qu'il a pu surmonter avant de se lancer de plus belle, " au cours quatre premier jours, on s’ est arrêté la nuit pour se reposer et au cinquième jour, la voiture est tombé en panne. Et, c'était le début d'une descente en enfer. Le convoi, composé de deux grandes voitures et d'un 4x4 modèle ancien Land-Cruiser, était obligé de s'arrêter. Et ainsi, nous avons passé plus d'un mois dans le désert à attendre le 4x4, qui a fait demi-tour vers le Soudan pour ramener les pièces cassés. On mangeait qu'une fois par jour, c'était de la soupe populaire. Femme et enfant était du voyage", renchérit Hassan.

Ces témoignages édifiants nous interpellent ô combien, parmi ceux des candidats à l'exil n'ont eu cette chance de vivre en traversant le désert de la Libye. Suffocant par manque d'air, puis laissé au milieu de nulle part pour que leur âme reposent en paix, certains n'ont pas donc eu cette chance de voir " la terre promise". D'autres, nées peut-être sous la bonne étoile, ont atteint leur objectifs mais à quel prix ? Au prix d'un lourd sacrifice au dépit de leur vie ? Les preuves ne manquent pas sur la toile pour jeter un coup d’œil sur youtube où les somaliens ou encore d'autres communautés sont mal traités.

Et les Djiboutiens ? Les djiboutiens sont certes frileux pour entamer de telles aventures périlleuses mais ont, avouons-le, cette fâcheuse tendance d'avoir une fierté inébranlable pour avoir une place bien chaude dans une avion. Bien que deux cas ont attiré l'intention : celui de Faycal et de Mahdi. Le premier, d'origine de la Somaliland, plus précisément de Borama, a vécu à Djibouti pendant une courte durée avant de prendre le chemin de l'exil. Rien de particulier, jusqu'à ici. En fait, tout au début de son parcours, Faycal a pris le petit bus stationné à Arhiba qui vous emmène jusqu'à Tadjourah, puis de la ville blanche, il en a pris un autre pour se rendre à Obock. De cette région, il s'est rendu à Ras-Doumeira avant de rejoindre les frontières de l’Érythrée où il sera emprisonné pendant plusieurs jours avant d'être relâché. Une précision qu'il faut souligner, sa traversée remonte bien avant le litige entre Djibouti et notre belligérant voisin. En tout et pour tout, Faycal a mis une année entier pour atteindre l'Hexagone. Quant à Mahdi, un pur djiboutien, il a passé par la Turquie en rejoignant la Grèce où il est resté coincer pendant plusieurs années avant de trouver refuge dans un des pays de scandinaves. Un cas rare qui traduit la personnalité des djiboutiens !

MAAS



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