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AFRIQUE

Journée de l'enfant africain : du Nigeria à l'Ouganda, l'Afrique se mobilise pour son avenir


Alwihda Info | Par Dr Florence Omisakin, journaliste indépendant et humanitaire - 19 Juin 2025


Chaque année, le 16 juin, le continent africain et sa diaspora mondiale s'accordent un moment de recueillement.


Bannière de la Journée internationale de l'enfant africain. Photo : acerwc.africa
Bannière de la Journée internationale de l'enfant africain. Photo : acerwc.africa
La Journée de l'enfant africain est certes une journée de mémoire collective, mais surtout un appel à la conscience. Instaurée au lendemain du tragique soulèvement de Soweto en 1976, lorsque des écoliers de l'Afrique du Sud de l'apartheid sont descendus dans la rue pour protester contre les mauvaises conditions d'éducation et l'imposition de l'afrikaans à l'école, cette journée nous rappelle le prix du silence et le coût de l'inaction.

Près de 50 ans plus tard, le souvenir de Soweto est toujours vivant parmi nous, nous rappelant les origines du continent, pour ne pas revenir en arrière. La Journée de l'enfant africain n'est pas seulement une cérémonie ; elle s'inscrit dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, un cadre continental qui vise à garantir les droits de chaque enfant né sous le soleil africain.

Le thème de cette année, « Planification et budgétisation des droits de l'enfant : progrès depuis 2010 », est à la fois opportun et révélateur. Cela témoigne non seulement des aspirations du continent pour ses enfants, mais aussi des systèmes qui ont été construits ou n’ont pas été construits pour les soutenir.

Nigeria : une étude contrastée
À Jos, dans l’État du Plateau, la branche locale de la Fédération internationale des femmes juristes (FIDA Nigéria) a privilégié l’action aux discours. Sous la direction de sa présidente, Na’ankus Fyaktu, la FIDA a marqué la journée par une visite au service pédiatrique de l’hôpital universitaire de Jos (JUTH), apportant des articles de toilette, des collations, des boissons et même de nouveaux stores. De petits cadeaux, certes, mais un symbole important.

L’une des patientes, Beatrice Tankat, du district de Langai, s’est exprimée au nom de beaucoup en déclarant que ces cadeaux « ont apporté sourires et espoir ». La direction de l’hôpital, représentée par la directrice administrative Roseline Sani, a salué le soutien constant de la FIDA.

Mais les sourires à Jos contrastent fortement avec le sombre tableau national. La ministre nigériane des Affaires féminines, Imaan Sulaiman-Ibrahim, l’a clairement souligné : plus de 10,2 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés. Environ 44 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Il ne s’agit pas seulement d’une crise, mais d’une urgence qui se propage lentement.

« Chaque naira non investi dans le développement de l'enfant laisse un vide dans notre destinée nationale », a averti la ministre dans un communiqué. Son appel était sans équivoque : les enfants ne doivent plus être des considérations statistiques secondaires, mais doivent être des priorités stratégiques. Les politiques doivent quitter les conseils d'administration et aller à la rencontre des enfants là où ils se trouvent : dans les salles de classe rurales, dans les cliniques mal desservies, dans les camps de déplacés surpeuplés et dans les foyers vulnérables.

Ce thème d'urgence a fait écho à la position adoptée par SOS Villages d'Enfants Nigeria. Dans sa déclaration, Rhoda Daniel Ocheche, responsable du plaidoyer, a souligné que si des améliorations ont été apportées au niveau des politiques en matière de santé, d'éducation et de nutrition depuis 2010, leur mise en œuvre reste principalement pragmatique. En 2021, seuls 127 milliards de nairas sur les 742 milliards de nairas alloués aux projets d'investissement dans l'éducation ont été débloqués. L'écart entre le budget et les bénéfices reste important.

L'organisation ne réclame pas seulement plus d'argent, mais un financement plus intelligent, opportun, coordonné et contrôlé de manière transparente. Son appel au renforcement des systèmes de protection de remplacement et des programmes de soutien aux familles, met en lumière une réalité dérangeante : une nation qui sous-finance ses enfants ruine son avenir.

Ouganda : un autre rythme, le même cri
Sur tout le territoire ougandais, des célébrations nationales ont eu lieu dans le district de Kamwenge, s'ouvrant sur un dialogue avec les enfants qui a mis en lumière de dures réalités : manque de matériel pédagogique de base, châtiments corporels à l'école, violences conjugales, mariages précoces et violences communautaires.

Les recommandations des enfants étaient aussi pragmatiques que poignantes. Ils réclamaient davantage d'enseignants et de travailleurs sociaux professionnels, de meilleures écoles, des centres de santé accessibles et des plate-formes où leurs voix pourraient être entendues. Leurs demandes n'étaient pas extravagantes, mais essentielles et attendues depuis longtemps.

M. Ngabirano Fred, commissaire à la Jeunesse et à l'Enfance, a souligné les progrès réalisés par l'Ouganda, notamment l'intégration de la protection de l'enfance dans le Plan national de développement, une Politique nationale de l'enfance et des stratégies visant à mettre fin au mariage des enfants. Cependant, le défi reste une question d'ampleur et de rapidité. Comme il l'a indiqué, la jeunesse ougandaise représente 56 % de la population. Elle constitue, soit son atout le plus important, soit son principal handicap, selon les choix effectués aujourd'hui.

Le Dr Gloria Seruwagi, du Programme de recherche Baobab, a insisté sur ce point : les données et les preuves doivent guider les efforts de protection de l'enfance. Une intervention de dépistage en milieu scolaire, qu'elle a citée, a permis d'identifier 653 cas de violence contre des enfants en seulement cinq mois.

La représentante de l'UNICEF en Ouganda, Mme Susan Birungi, a souligné l'urgence morale des débats : « Faisons en sorte que la Journée de l'enfant africain soit plus qu'une cérémonie. Qu'elle marque un tournant ; un moment où nous passons de l'engagement à une action audacieuse et durable. »

Son appel à une coordination renforcée, à de meilleures données et à des investissements accrus n'était pas nouveau. Mais son insistance sur l'urgence était percutante. « La protection et le bien-être des enfants ougandais ne peuvent plus être différés, ni négociés. »

Les enfants célèbrent l'événement avec des t-shirts aux couleurs de la marque. Photo : calendarlabs.com
Les enfants célèbrent l'événement avec des t-shirts aux couleurs de la marque. Photo : calendarlabs.com

Gloria Seruwagi, responsable de l'intégration de la recherche au sein du Consortium du programme de recherche Baobab, signant un accord lors de la célébration de l'IDAC en Ouganda. Photo : Nelson Mandela.
Gloria Seruwagi, responsable de l'intégration de la recherche au sein du Consortium du programme de recherche Baobab, signant un accord lors de la célébration de l'IDAC en Ouganda. Photo : Nelson Mandela.



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