
Le monde célèbre les enfants africains chaque année le 16 juillet. Photo : UNICEF/Francis Kokoroko/2025
C'est une journée de mémoire, mais aussi une journée de mouvement et de progrès. C'est un clin d'œil solennel au passé, et un appel fort à l'action pour le présent.
Cette journée n'a pas été tirée au hasard du calendrier. Elle est née dans le feu de la résistance. Le 16 juin 1976, dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, des milliers d'écoliers noirs ont défilé dans les rues de Soweto. Ils protestaient contre un système éducatif conçu pour subjuguer, et non pour élever. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase ? L'imposition de l'afrikaans (la langue de leurs oppresseurs) comme langue d'enseignement obligatoire. Ce qui avait commencé comme une manifestation pacifique s'est terminé dans l'horreur. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des enfants non armés. Des centaines de personnes ont été tuées. Leur crime ? Avoir osé exiger mieux.
En 1991, l'Organisation de l'unité africaine (aujourd'hui l'Union africaine) a proclamé le 16 juin, Journée de l'enfant africain. Cette journée a un double objectif : commémorer ces élèves courageux et nous inciter à faire mieux pour les générations suivantes. Cette journée n'est pas seulement historique ; elle est d'une actualité brûlante. Au Ghana, au Soudan du Sud, au Nigeria, au Kenya et sur tout le continent, des millions d'enfants souffrent encore de la faim, abandonnent l'école, souffrent de maladies évitables ou sont victimes de violences.
La Journée de l'enfant africain nous rappelle que nous ne pouvons pas parler de l'avenir de l'Afrique sans parler des enfants africains. Non pas en tant que groupe abstrait, mais en tant qu'individus avec un nom, des rêves, des peurs et un potentiel. Chaque enfant a droit à un environnement sûr, la dignité, aux opportunités et à la justice.
La Charte
La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant est le pilier moral de cette journée. Avec ses 48 articles, elle ne mâche pas ses mots. Elle établit que les enfants africains ne sont pas des bénéficiaires passifs de la charité ; ils sont des titulaires de droits, ayant droit à la survie, au développement, à la protection et à la participation à la société.
De l'éducation et de la santé à la protection contre l'exploitation et les abus, la Charte est un appel à l'action pour que les gouvernements et les sociétés africains défendent la dignité de leurs plus jeunes citoyens.
Les chiffres incontournables
En 2023, l'Afrique comptait environ 627 millions d'enfants de moins de 18 ans. D'ici 2050, ce chiffre devrait atteindre près d'un milliard, soit 4 enfants sur 10 sur Terre. Ceci n'est pas une note de bas de page dans un manuel de démographie ; c'est tout un chapitre. C'est un message en lettres capitales : l'Afrique est en passe de devenir la capitale mondiale de l'enfance.
Le Ghana, par exemple, reflète déjà cette tendance. Les enfants représentent environ 45 % de sa population. Cela représente près de la moitié de l'avenir du pays, entassés dans les salles de classe, les foyers, les hôpitaux et les rues dès maintenant.
Ces chiffres sont prometteurs pour l'Afrique, mais ils constituent aussi un problème imminent si elle ne prend pas soin de son avenir. UNICEF Ghana le dit clairement : il ne s'agit pas seulement de survie, mais de prospérité.
Cela signifie investir dès maintenant dans l'essentiel :
● L'apprentissage fondamental pour forger les esprits ;
● Les soins de santé et la nutrition pour forger les corps ;
● La protection contre les dangers pour renforcer la confiance ;
● L'accès au numérique et les compétences pour renforcer la pertinence ;
● Les programmes de préparation à l'emploi pour construire l'avenir.
L'avenir de l'Afrique est l'avenir du monde. Et le poids de cet avenir repose sur les jeunes.
Les voix de la prochaine génération
Cette urgence n'a jamais été aussi palpable qu'au Soudan du Sud cette année. Lors des commémorations au Parlement national de Juba, les enfants n'ont pas seulement participé ; ils ont joué un rôle moteur. Les membres du Parlement des enfants du Soudan du Sud ont mis en lumière la crise : des écoles sous-financées, des enfants souffrant de malnutrition et un gouvernement qui n'a pas respecté ses propres engagements budgétaires.
Une jeune intervenante, Naomi Joseph, l'a exprimé sans détour : « Comment pouvons-nous vivre sans aide sociale ? Si vous ne donnez pas à manger aux dirigeants, que mangeront-ils ? Si vous ne nous envoyez pas à l'école, quel langage utiliserons-nous lorsque nous serons les dirigeants ? » Sa voix, claire, provocatrice et tranchant avec les platitudes politiques, a été reprise par des pairs comme Necodemus Garang, qui a souligné l'imbrication profonde entre la faim, la mauvaise santé et le manque d'éducation. Sans l'un, les autres s'effondrent.
Les enfants ont interpellé leurs dirigeants, dénonçant l'incapacité répétée du pays à allouer 10 % du budget national à l'éducation, 15 % à la santé et 10 % à l'agriculture. La société civile a fait écho à cette frustration, soulignant que le budget de l'éducation au Soudan du Sud est passé de 5,9 % à seulement 2,6 % au cours du dernier exercice budgétaire. La santé ? Un maigre 1,2 %.
La présidente du Parlement, Jemma Nunu Kumba, a pris acte des critiques et a promis des changements. « Vous influencez nos esprits et la façon dont nous devrions prendre des décisions », a-t-elle admis. Mais les promesses ne suffisent pas. Les enfants ont besoin d'engagements qui se traduisent par des salles de classe, des cliniques et des repas.
La Journée de l'Enfant Africain n'est pas un mémorial. C'est un miroir. Elle nous montre qui nous sommes et qui nous prétendons être. Les enfants de 1976 sont morts en demandant mieux. Les enfants de 2025 continuent de demander. La différence ? Aujourd'hui, ils s'organisent, s'expriment et réclament le changement de leur propre voix.
Cette journée n'a pas été tirée au hasard du calendrier. Elle est née dans le feu de la résistance. Le 16 juin 1976, dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, des milliers d'écoliers noirs ont défilé dans les rues de Soweto. Ils protestaient contre un système éducatif conçu pour subjuguer, et non pour élever. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase ? L'imposition de l'afrikaans (la langue de leurs oppresseurs) comme langue d'enseignement obligatoire. Ce qui avait commencé comme une manifestation pacifique s'est terminé dans l'horreur. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des enfants non armés. Des centaines de personnes ont été tuées. Leur crime ? Avoir osé exiger mieux.
En 1991, l'Organisation de l'unité africaine (aujourd'hui l'Union africaine) a proclamé le 16 juin, Journée de l'enfant africain. Cette journée a un double objectif : commémorer ces élèves courageux et nous inciter à faire mieux pour les générations suivantes. Cette journée n'est pas seulement historique ; elle est d'une actualité brûlante. Au Ghana, au Soudan du Sud, au Nigeria, au Kenya et sur tout le continent, des millions d'enfants souffrent encore de la faim, abandonnent l'école, souffrent de maladies évitables ou sont victimes de violences.
La Journée de l'enfant africain nous rappelle que nous ne pouvons pas parler de l'avenir de l'Afrique sans parler des enfants africains. Non pas en tant que groupe abstrait, mais en tant qu'individus avec un nom, des rêves, des peurs et un potentiel. Chaque enfant a droit à un environnement sûr, la dignité, aux opportunités et à la justice.
La Charte
La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant est le pilier moral de cette journée. Avec ses 48 articles, elle ne mâche pas ses mots. Elle établit que les enfants africains ne sont pas des bénéficiaires passifs de la charité ; ils sont des titulaires de droits, ayant droit à la survie, au développement, à la protection et à la participation à la société.
De l'éducation et de la santé à la protection contre l'exploitation et les abus, la Charte est un appel à l'action pour que les gouvernements et les sociétés africains défendent la dignité de leurs plus jeunes citoyens.
Les chiffres incontournables
En 2023, l'Afrique comptait environ 627 millions d'enfants de moins de 18 ans. D'ici 2050, ce chiffre devrait atteindre près d'un milliard, soit 4 enfants sur 10 sur Terre. Ceci n'est pas une note de bas de page dans un manuel de démographie ; c'est tout un chapitre. C'est un message en lettres capitales : l'Afrique est en passe de devenir la capitale mondiale de l'enfance.
Le Ghana, par exemple, reflète déjà cette tendance. Les enfants représentent environ 45 % de sa population. Cela représente près de la moitié de l'avenir du pays, entassés dans les salles de classe, les foyers, les hôpitaux et les rues dès maintenant.
Ces chiffres sont prometteurs pour l'Afrique, mais ils constituent aussi un problème imminent si elle ne prend pas soin de son avenir. UNICEF Ghana le dit clairement : il ne s'agit pas seulement de survie, mais de prospérité.
Cela signifie investir dès maintenant dans l'essentiel :
● L'apprentissage fondamental pour forger les esprits ;
● Les soins de santé et la nutrition pour forger les corps ;
● La protection contre les dangers pour renforcer la confiance ;
● L'accès au numérique et les compétences pour renforcer la pertinence ;
● Les programmes de préparation à l'emploi pour construire l'avenir.
L'avenir de l'Afrique est l'avenir du monde. Et le poids de cet avenir repose sur les jeunes.
Les voix de la prochaine génération
Cette urgence n'a jamais été aussi palpable qu'au Soudan du Sud cette année. Lors des commémorations au Parlement national de Juba, les enfants n'ont pas seulement participé ; ils ont joué un rôle moteur. Les membres du Parlement des enfants du Soudan du Sud ont mis en lumière la crise : des écoles sous-financées, des enfants souffrant de malnutrition et un gouvernement qui n'a pas respecté ses propres engagements budgétaires.
Une jeune intervenante, Naomi Joseph, l'a exprimé sans détour : « Comment pouvons-nous vivre sans aide sociale ? Si vous ne donnez pas à manger aux dirigeants, que mangeront-ils ? Si vous ne nous envoyez pas à l'école, quel langage utiliserons-nous lorsque nous serons les dirigeants ? » Sa voix, claire, provocatrice et tranchant avec les platitudes politiques, a été reprise par des pairs comme Necodemus Garang, qui a souligné l'imbrication profonde entre la faim, la mauvaise santé et le manque d'éducation. Sans l'un, les autres s'effondrent.
Les enfants ont interpellé leurs dirigeants, dénonçant l'incapacité répétée du pays à allouer 10 % du budget national à l'éducation, 15 % à la santé et 10 % à l'agriculture. La société civile a fait écho à cette frustration, soulignant que le budget de l'éducation au Soudan du Sud est passé de 5,9 % à seulement 2,6 % au cours du dernier exercice budgétaire. La santé ? Un maigre 1,2 %.
La présidente du Parlement, Jemma Nunu Kumba, a pris acte des critiques et a promis des changements. « Vous influencez nos esprits et la façon dont nous devrions prendre des décisions », a-t-elle admis. Mais les promesses ne suffisent pas. Les enfants ont besoin d'engagements qui se traduisent par des salles de classe, des cliniques et des repas.
La Journée de l'Enfant Africain n'est pas un mémorial. C'est un miroir. Elle nous montre qui nous sommes et qui nous prétendons être. Les enfants de 1976 sont morts en demandant mieux. Les enfants de 2025 continuent de demander. La différence ? Aujourd'hui, ils s'organisent, s'expriment et réclament le changement de leur propre voix.
