AFRIQUE

La RDC adopte une loi sur la promotion et la protection des droits des peuples pygmées


Alwihda Info | Par APO - 11 Juin 2022


​Cette loi historique est la toute première législation du pays à reconnaître officiellement et à protéger les droits des peuples autochtones pygmées.


© Marc Ngwanza / PNUD en RDC; Laurence Lessire /PNUD
Le Sénat de la République démocratique du Congo a fait un grand pas en avant aujourd'hui dans la reconnaissance des droits coutumiers de sa population autochtone en adoptant une nouvelle loi sur la promotion et la protection des droits des peuples autochtones pygmées.

Cette loi historique est la toute première législation du pays à reconnaître officiellement et à protéger les droits des peuples autochtones pygmées. Elle va maintenant être envoyée au Président Felix Tshisekedi pour être promulgée. Cette loi aura un effet durable sur l'amélioration de la sécurité foncière et des moyens de subsistance des autochtones pygmées, et leur permettra de jouer un rôle de premier (https://bit.ly/3xFyeQz) plan dans la réalisation des objectifs climatiques et de conservation de la RDC.

Patrick Kipalu, directeur du programme Afrique de l'Initiative des droits et ressources (RRI), une coalition mondiale d'organisations autochtones et communautaires qui a plaidé en faveur de la loi, a déclaré : "L'adoption de cette loi organique sur les principes fondamentaux de la protection et de la promotion des droits des peuples autochtones pygmées en RDC est inédite et historique dans un pays où ces groupes ont longtemps souffert d'une profonde discrimination entraînant une marginalisation politique, économique, administrative et sociale. Cette loi va aider le gouvernement à remédier à des années d'injustice historique commise à l'encontre des communautés autochtones et à la discrimination dont elles ont été victimes, et renforcera leur contribution à la gestion durable de la vaste forêt tropicale congolaise."

Reconnus au niveau national et international comme des peuples autochtones pygmées, le mode de vie, l'identité culturelle et spirituelle de ces communautés sont intrinsèquement liés aux massifs forestiers de la RDC, qui représentent 60 % des forêts du Bassin du Congo. Ces communautés ont développé des connaissances et des pratiques traditionnelles qui en font des acteurs clés pour la protection et la préservation de la riche biodiversité de la région.

Pourtant, malgré le rôle important qu'ils jouent dans la protection de ces forêts, les pygmées de la RDC ont été victimes de violations massives des droits de l'homme, telles que l'expulsion de leurs terres ancestrales et l'exploitation sous forme de travail forcé dans des conditions équivalentes à l'esclavage moderne (https://bit.ly/3toFIov), ainsi que l'assimilation culturelle.

Patrick Saidi, Coordinateur de la Dynamique des Groupes des Peuples Autochtones (DGPA) a déclaré : "Cette loi est une victoire qui vient de consacrer plus de 10 ans de lutte et de plaidoyer des organisations de la société civile au niveau parlementaire. Les Sénateurs de la RDC vient de lever l’option exceptionnelle en acceptant que le concept pygmée soit maintenu dans la loi afin de la rendre plus spécifique.

Aujourd'hui, le 10 juin 2022, sera inscrit dans les annales et dans la vie des autochtones pygmées."

La DGPA, membre de la coalition RRI, a travaillé sans relâche pendant plus d'une décennie aux côtés des communautés autochtones, des parlementaires nationaux, des sénateurs, des représentants du gouvernement et des législateurs pour aider à définir et assurer l'adoption de la loi.

"Cette loi est une arme de combat et de libération pour les peuples autochtones pygmées en RDC," a déclaré Dorothée Lisenga, leader communautaire autochtone et coordinatrice de la Coalition des femmes leaders pour l'environnement et le développement durable (CFLEDD).

L'adoption de la nouvelle loi sur la promotion et la protection des droits des peuples autochtones n'est pas le seul changement que fait le gouvernement de la RDC pour reconnaître les droits, et en particulier les droits fonciers, de ses populations les plus vulnérables. En mars, le gouvernement s'est également engagé (https://bit.ly/3Q8hh8B)  à intégrer la justice du genre dans son projet de politique foncière nationale—avec un plaidoyer critique mené par le CFLEDD—mettant ainsi les droits fonciers des femmes au centre d'une législation foncière qui n'a pas été mise à jour depuis 1973.

Les membres de la coalition RRI, DGPA et CFLEDD, sont en première ligne (https://bit.ly/3aV2wG0) de la lutte pour les droits en RDC depuis des années. Aujourd'hui, grâce à leur soutien, les voix des peuples autochtones du pays sont enfin entendues.

"Le soutien de la coalition RRI à la lutte menée depuis dix ans pour l'élaboration et l'adoption de cette loi a été stratégique et influent. Nous nous concentrons maintenant sur les prochaines étapes : La signature de la loi par le Président de la République, l'élaboration des mesures d'application, et la mise en œuvre effective de la loi sur le terrain," a déclaré Patrick Kipalu.

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