Malheureusement, la tribune virtuelle de ce cadre de dialogue et d’échanges d’information pour la paix est envahie par une catégorie de Tchadien(ne)s qui souffre d’illettrisme et d’analphabétisme fonctionnel dans la lecture du passé politique des conflits tchadiens. Ce n’est une insulte à personne. Car il y a une démission de ceux qui connaissent l’histoire de la folie politique au Tchad (les ainés ou anciens), et qui ne veulent pas la raconter clairement, au détriment de ceux qui doivent chercher à mieux comprendre cette histoire (les jeunes) pour ne pas la répéter. Voilà le virus qui tue le vrai débat virtuel sur le problème de paix au Tchad.
Le problème de compréhension entre Tchadiens dans la recherche de paix, de réconciliation nationale et de développement du pays doit mériter notre attention pendant ce moment de mondialisation de l’information. Certains « internautes-intellectuels » tchadiens affichent leurs problèmes de lecture et compréhension des écrits d’autrui sur le Net. Ils lisent avec un esprit sélectif. Cela constitue un fléau politique et intellectuel qui risque de retarder pour longtemps le changement politique ainsi que le dialogue inclusif pour la paix et la réconciliation au Tchad. Les querelles de clocher auxquelles nous sommes habitués sur le Net n’augurent en rien que les Tchadien(ne)s ont des opinions divergentes sur la gestion politique de leur pays. Chacun tire sur la couverture politique pour seulement justifier sa motivation ethnique ou clanique d’accaparer le pouvoir d’état au Tchad. Et le plus souvent, ce sont les éduqués ou « internautes-intellectuels » tchadiens qui font ce jeu pour les autres. Ce problème a déjà fait jour pour ceux qui ont suivi avec attention la Conférence Nationale Souveraine (CNS) de 1993 au Tchad. Tout a chamboulé à cause des « concertations de coulisse ». C'est-à-dire cette frousse qu’ont les Tchadiens de résoudre leurs problèmes en plein soleil et en face. Pour l’histoire, la conférence s’est bien déroulée jusqu'à ce que certains participants commencèrent à se désolidariser des autres pour poursuivre leurs intérêts privés – au nom du clan, de l’ethnie, du parti, de la région, de la religion, voire de la loge etc. Alors, la méfiance s’est installée dans la grande salle du Palais du 15. Et lors des discussions en plénière des commissions, deux personnes ont révélé en quelque sort le mal tchadien actuel sur le Net: messieurs Adam B. et feu M. El-Bongo. Constatant les jacqueries entre « intellectuels » sur de simples questions de virgules à la CNS, monsieur Adam B. s’est levé pour dire en arabe local, « C’est vous les intellectuels qui détruisez le Tchad ». Par ailleurs, malgré l’exigence de certains participants que les communications et documents soient traduits et interprétés en arabe local et classique, ils ont fini, tout de même, par afficher l’incompréhension. Alors, le Président du Présidium de la CNS, feu M. El-Bongo, s’est adressé en ces termes à ces participants de mauvaise foi: « Je me demande si mes amis ‘arabophones’ ne savent pas lire ; ou bien, s’ils savent lire mais ne comprennent pas ce qu’ils lisent » ? Ces exemples illustrent un tant soit peu les jérémiades de certains « internautes-intellectuels » tchadiens qui prétendent échanger sur l’avenir de leur pays sur les blogs en lançant des invectives. Autrement dit, ces comportements sur le Net témoignent-ils de la mauvaise foi, de l’ignorance ou de l’analphabétisme fonctionnel ?
Il nous faut soigner nos écrits et l’image de notre pays sur les blogs. C’est vrai que le Tchadien sait appuyer sur la gâchette. Mais nous sommes loin d’écrire comme nous appuyons sur la gâchette. Nous savons aussi raisonner sur papier comme les autres peuples qui ont connus la civilisation occidentale. Aussi, les conflits dans notre pays ont-ils permis quand même à un bon nombre d’entre nous d’aller en aventure, de vivre dans les pays des autres, de s’alphabétiser et de faire l’expérience du respect de l’autre dans la différence. Ainsi, cela doit nous permettre de faire un transfert de connaissance adapté à nos « réalités tchadiennes » afin d’avancer dans notre recherche de paix en commun. Il est temps d’abandonner ces échanges acerbes et haineux sur le Net par pseudonymes et autres prête-noms qui n’avancent en rien les causes de nos populations meurtries par des conflits et guerre ethno-militaro-politiques que nous continuons par cautionner.
Le Net représente un tribunal mondial ou les uns et les autres peuvent s’informer, se faire entendre et défendre des idéaux qui puissent avancer l’humanité. Même si certains d’entre nous croient que l’Internet est une poubelle où celui/celle qui sait taper aux touches du clavier d’un ordinateur doit parler, insulter et médire, il faut savoir que ce n’est pas seulement l’ennemi visé qui lit à seul le message ou l’article. Ce message anodin peut être lu par des millions de curieux qui veulent avoir d’informations sur le Tchad ou les Tchadiens en général. Alors, si les Tchadiens posent mal leurs problèmes par des invectives sur le Net, cela ne peut qu’influencer négativement les membres de la communauté internationale à les voir sous le prisme de leurs propres écrits. Les insultes et autres manquements criards sur les actualités de notre propre pays est une question sérieuse d’analphabétisme fonctionnel et de mauvaise foi qui doivent trouver des solutions adéquates au niveau des webmasters. Et cela si nous voulons construire un Tchad de demain avec toutes les voix, opinions et tendances politiques ou politico-militaires. La communauté internationale dont nous saisissons et invoquons tous les jours pour nous assister dans la résolution de nos conflits ne nous jugera qu’a partir du sérieux de nos propos/écrits. Et aujourd’hui l’Internet est ce coin ou la communauté internationale va puiser l’information pour agir. Alors rendons service à notre pays par des échanges sains et édifiants! C’est la compréhension mutuelle qui importe et non nos fautes de grammaire que certains peuvent encore nous aider à corriger.
Laounodji M. Monza
Washington DC
E-mail:[email protected]