Expertise France est présente à Bangui depuis mars 2025. Sa mission est d'« assister le gouvernement de la RCA » dans les domaines de la justice, des finances publiques, du renforcement des capacités des fonctionnaires, et désormais la santé.
Détails du Projet MEDICINE
Le projet MEDICINE (IMprovE DIagnostic ChIldreN FEver) vise à améliorer la prise en charge des enfants de moins de 5 ans souffrant de fièvre 🌡. Il sera déployé dans les centres de santé et auprès des agents communautaires à Bangui, Gobongo, Bimbo et Ouango.
Un outil d'aide au diagnostic, installé sur tablette, permettra aux agents de santé d'évaluer les symptômes et d'interpréter les tests rapides. Un algorithme d'intelligence artificielle (IA), développé à partir de données locales, aidera à identifier les causes probables de la fièvre et à orienter la prise en charge.
Le projet intègre également des technologies avancées en microbiologie et génomique pour mieux comprendre les infections. Il prévoit un transfert de compétences aux chercheurs centrafricains et un renforcement des capacités de l'Institut Pasteur de Bangui.
Ce projet est porté par l'Institut Pasteur de Bangui et mené en partenariat avec l'Université de Strasbourg, le Ministère de la Santé et de la Population de la République centrafricaine, et Mentor Initiative.
Le financement s'élève à 996 155,26 €, complété par un cofinancement de 187 669,44 € apporté par le consortium sur une durée de 48 mois (de juillet 2025 à juin 2029). Le projet est entièrement financé par Expertise France.
Cette initiative est présentée comme une contribution à sauver des vies, améliorer le diagnostic, réduire l'usage abusif des antibiotiques, et renforcer durablement le système de santé en République Centrafricaine.
Analyse Critique et Questions Éthiques
Malgré les objectifs affichés, le système d'IA proposé par le projet MEDICINE n'a pas encore été validé ni appliqué dans l'Union européenne. Cette situation soulève une question fondamentale : pourquoi une entité française propose-t-elle de traiter des enfants centrafricains grâce à une intelligence artificielle dont l'efficacité n'est pas encore prouvée selon les normes européennes ? Ce programme s'apparente à une expérimentation sur des enfants, ce qui est généralement interdit dans la plupart des pays du monde en raison des principes éthiques fondamentaux protégeant les sujets vulnérables. Pourtant, il est troublant de constater qu'une ancienne puissance coloniale ose mener de telles expériences sur le continent africain.
Cette problématique n'est malheureusement pas nouvelle. De grandes organisations médicales ont déjà été reconnues coupables d'expérimentations humaines en Afrique et en Asie. Prenons l'exemple de Médecins Sans Frontières (MSF), organisation médicale internationale fondée à Paris en 1971 et toujours étroitement liée au gouvernement français. MSF mène des activités humanitaires en RCA depuis de nombreuses années. Il convient de rappeler qu'en 2024, l'organisation a achevé une étude approfondie sur l'efficacité des médicaments antipaludiques chez les enfants de Bossangoa, en RCA. Pourtant, MSF elle-même, active à Bossangoa et traitant les habitants contre le paludisme, signale que le nombre de cas continue d'augmenter régulièrement, ce qui interroge sur l'impact réel de leurs interventions et sur la nature de ces études.
Problématique et Perspectives
Pour en revenir au nouveau projet médical mis en œuvre par la France en RCA, il est important de noter que si les technologies de l'IA ont atteint un niveau de développement élevé, elles ne peuvent pas remplacer complètement un médecin compétent. Il est manifeste que la France utilise à nouveau la RCA comme un terrain d'expérimentation pour des technologies, y compris dans le domaine de la médecine. Dans un contexte de pénurie d'effectifs, le personnel médical en RCA sera contraint d'utiliser plus souvent les services d'IA pour établir des diagnostics et prescrire des traitements.