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ANALYSE

Les méthodes controversées de la société Qnet


- 2 Août 2019



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Harcèlements, escroqueries, arnaques, rose croix… la société de vente en ligne est sous le feu des critiques acerbes. Ses responsables s’en défendent. 

En cause : ses produits couteux et aux vertus extraordinaires et les méthodes inhabituelles qu’elle utilise pour les vendre. En 2015, la société basée à Hong Kong (Chine) s’est transportée en douce au Tchad avant d’avoir une autorisation de fonctionnement en janvier 2016. 

Dans les quartiers de la capitale tchadienne, les agents de Qnet, très discrets, vont même dans ménages à la recherche des clients. Ils proposent plusieurs produits de luxe dont les prix peuvent aller jusqu’à 500 mille. Leurs cibles : généralement les personnes proches, plus susceptibles d’être convaincues. Montre, bijoux, logiciels de communications, huile de monteur, etc. Les produits n’ont rien de commun avec ceux que les N’Djaménois consomment. Plus intrigant, la société propose des produits qui procurent le bienêtre (filtre à eau, phisio-radiance, défy, crème, egde). 

Chaque client qui achète un produit Qnet s’offre la possibilité d’en devenir agent. Il s’agit d’un « marketing de réseau, un multiservice de niveau », explique un agent rencontré à la rue de 40 mètres. Les agents, appelés distributeurs, sont rémunérés sur les ventes réalisées. L’agent qui veut engendrer beaucoup de commissions doit constituer une équipe très large à la base, une sorte de pyramide. Un procédé qui passe mal chez certains clients, potentiels agents. Ceux-ci étant obligés de débourser une petite fortune pour acquérir un gadget et entrer en même temps dans le cercle des « futurs richards ». Pour le convaincre d’acheter un produit Qnet, un agent peut appeler plusieurs fois le client par téléphone, se rendre à son domicile, lui faire miroiter des gains colossaux qu’il peut engranger en peu de temps. Conséquence : la technique d’approche est décriée. D’aucuns dénoncent un harcèlement, une arnaque ; d’autres n’hésitent pas à traiter les agents de Qnet de rosicruciens. 

Sur les réseaux sociaux, les méthodes de la société Qnet sont aspergées de vitriol. En avril dernier, un journal en ligne de la place a publié un article qui rend compte d’une activité de Qnet. L’article a suscité des réactions acérées. « Qnet ou système de vente pyramidal est une escroquerie financière qui consiste à faire croire aux adhérents qu’ils seront des supra millionnaires grâce à la vente des pseudos produits (pendentifs, biodisque…) moyennant une certaine somme équivalent aux frais d’adhésion qui varient de 400 à 600 mille. En réalité, c’est une illusion, une tromperie. Seuls, les leaders à la tête de la pyramide qui peuvent s’enrichir au profit de ceux qui sont en bas de l’échelle grâce aux frais d’adhésion de chaque networker…), observe Doutoum Souleyman un utilisateur social. Oumar Djimet Ratou, lui, par contre, apprécie les méthodes Qnet. « Voilà quelque chose de très intéressant. Ça nous manque vraiment dans notre pays », a-t-il lancé. 

Dans le milieu n’djaménois des affaires, certaines opinions reprochent aux institutions tchadiennes de n’avoir pas suffisamment enquêté sur cette société avant de la laisser s’installer. « L’ANIF (Agence nationale d’investigation financière) et la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale), la CCIAMA (Chambre de commerce, d’industrie, de l’agriculture, des mines et de l’artisanat) devraient prendre leur temps avant de laisser faire une société critiquée dans tous les pays où elle va. Les populations tchadiennes n’ont absolument pas besoin de ses produits », fulmine une source basée à la CCIAMA. 

Au début de l’année en cours, cinq agents de Qnet ont été arrêtées à Abéché à l’est. Les autorités provinciales leur reprochent d’arnaquer la population. Dans les propos rapportés par le quotidien Le Progrès (n°5030 du 18 mars 2019), le gouverneur de la province du Ouaddaï, Ramadane Erdebou, a expliqué que cette équipe (du Qnet, NDLR) a mis en place un système pour arnaquer la population et que plus de 300 personnes dans la ville en ont été victimes. Quelques semaines après, la justice a ordonné la libération de cinq agents. Puis, dans une lettre adressée au président de la CCIAMA en date du 22 mars 2019, la direction de Qnet a sollicité son intervention afin qu’il ordonne la restitution du matériel de Qnet. Matériel qui avait été saisi par les autorités sur dénonciation de la population. Dans cette lettre, la direction de Qnet accuse une haute autorité de la région (le gouverneur ?) de servir des intérêts attachés à une bande d’individus. A noter que la lettre, dont La Voix détient copie, ne comporte aucun nom et contient un numéro de téléphone peu cohérent…

En dépit des critiques, la société se vante de réduire le chômage en créant des « emplois pour les jeunes tchadiens, en les formant dans le domaine d’entreprenariat ». Amine Kharine est le représentant indépendant des marques Qnet au Tchad. Il balaye d’un revers de la main les accusations selon lesquelles la société est une secte et qu’elle arnaque les citoyens. Il croit savoir que c’est parce que les gens ne sont pas habitués au commerce en ligne qu’ils n’arrivent pas à percevoir la logique employée par Qnet pour vendre ses produits. Produits qui, selon lui, sont de meilleure qualité et procurent réellement les effets pour lesquelles ils ont été fabriqués. 

Qnet est présente dans plusieurs pays du monde. Si elle trouve un terreau fertile dans le milieu des jeunes, dont la plupart sont au chômage en Afrique, ses méthodes sont décriées partout. Des cas de poursuites en justice aux articles de presse pour sa technique, jamais une société internationale n’est aussi critiquée. Le 20 juin,  rapporte les sites sénégalais, deux responsables de Qnet à Thiès (Sénégal) ont été arrêtés et gardés à vue suite à une plainte des étudiants qui estiment avoir été roulés dans la farine par les agents de Qnet. Les sites renchérissent que les deux responsables de Qnet, dont l’un serait détenteur de deux nationalités (malienne et sénégalaise) « avaient complètement disparu des radars » alors qu’ils étaient recherchés par la police.

(Source : Le Journal La Voix)



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