Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
INTERVIEW

Njerane Mardochée : "ma fierté d'appartenir au Tchad peut se lire de plusieurs manières"


Alwihda Info | Par Guillaume Djerane - 18 Avril 2022


Dans un entretien accordé à Alwihda Info, le socioanthropologue et entrepreneur Mardochée Njerane affirme que sa "fierté d'appartenir au Tchad peut se lire de plusieurs manières".


Le socioanthropologue et entrepreneur Mardochée Njerane. © DR
Le socioanthropologue et entrepreneur Mardochée Njerane. © DR
Alwihda Info : Que représente le Tchad pour vous?

Mardochée Njerane : Le Tchad représente le bonheur pour moi. Toutes les belles choses c'est au Tchad que je les ai eues. Que ce soit les bons ou les mauvais moments. Évidemment, la situation politique et son environnement délétère actuelle n'augure rien de bon. On dirait que les ancêtres ont rompu toute communication avec nous et que nous vaquons à perte de vue.

Quel est votre motif de fierté au sujet du Tchad ?

La fierté d'appartenir au Tchad peut se lire de plusieurs manières. Cette capacité à nous jeunes de transcender les clivages ethno-politiques voulus et entretenus par plusieurs. Ce sentiment qui nous anime quand il s'agit de notre drapeau, ces mises en commun des savoirs des jeunes pour lutter contre cet environnement qui est hostile, en un mot la résilience.

Plusieurs personnes voient des inquiétudes. Si elles sont avouées aussi pour toi, qu'elles sont-elles ?

On peut citer entre autres la formation et la recherche supérieure qui sont négligées par la politique publique, l'entrepreneuriat jeune, la culture et cette situation de désordre politique qui a une odeur de souffre.

Que conseillerez-vous ?

À chaque place doit correspondre un profil type. Mettre des gens médiocres aux postes de responsabilité a trop fait reculer ce pays que nous aimons tous. De plus en plus de jeunes cherchent à partir du pays. Des dispositions doivent être prises, notamment l'amélioration de l'environnement des affaires, les accompagnements financiers des jeunes, la lutte réelle contre les injustices qui sont criardes et l'impunité qui a élu domicile chez nous.

En terme d'éducation ou en développement que les jeunes ont hérité de ce pays, comment qualifierez-vous l'ancienne génération politique ?

Vous savez. nous avons eu une éducation au développement au plus bas niveau. Mais aujourd'hui, la seule certitude pour le jeune, c'est d'être griot à temps plein d'un homme politique pour avoir des miettes qui sont dans un état normal et correct des choses légitimes.

Nous sommes ce pays où tu as 40 ans et vis sous le toit de ton père, tu es grondé devant tes enfants. Cela avec aucune possibilité de changement. Les politiciens nous ont légué un patrimoine néant dans presque la totalité des aspects de la bonne vie. Le vol, l'impunité, l'injustice, la corruption, l'insécurité.

Selon-vous, quel type d'héritage national dispose-t-on dans ce pays ?

Nous sommes un pays qui est dans un tourbillon sans arrêt et y sortir est compliqué, difficile pour ne pas dire impossible.

Bonne ou mauvaise, quelle est la responsabilité des jeunes tchadiens face à leur héritage ?

La jeunesse est devenue amorphe, inconsistance et sans substance. Il faut refaire une éducation citoyenne, inclure des nouvelles données, des bonnes pratiques, arrêter la masturbation sexo- politisanne, la cooptation sous-intelligente, les copinages à différents niveaux, qu'on arrête cette hémorragie qui sous tend que l'accès aux postes de responsabilité ne dépend que de votre appartenance ethnolinguistique ou anthroponymique et qu'on concède tout au droit au mérite.

Entre ce qui est fait et ce qui reste à faire, qu'est-ce qui semble difficile ?

Rien n'est difficile si l'on s'attaque à la racine du mal.

C'est-à-dire ?

Vous serez étonné si l'on donne la possibilité à la jeunesse de faire et surtout de bien faire les choses. Les compétences sont là dans ce pays, qu'on y puise simplement.

Quel est votre cri de coeur pour le Tchad ?

Justice, sécurité, financement des initiatives pour les jeunes, états généraux de l'éducation, de la formation supérieure sans oublier le secteur de la santé.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)