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ANALYSE

Réflexion sur le système sanitaire du Tchad


Alwihda Info | Par Djiddi Ali Sougoudi - 17 Juillet 2018


Système de santé du Tchad : l’épave qui refuse de remonter et le bateau de secours prêt à chavirer à son tour.


Crédits photo : DR
Crédits photo : DR
L’on a cru que le système de santé serait redressé, les vérités seront dites et les compétences seront exploitées avec l’arrivée du jeune ministère actuel.

Oui, on a espéré que le ministère serait toiletté, les poches de gabegies et de concussions aseptisées à jamais et que la méritocratie sera hissée haut comme un trophée.

Oui, on a largement cru que les vieux bougres et les jeunes « pickpocketeurs » aux poches sans fond seront dissuadés dans leurs élans de voleurs des deniers et de usurpateurs sans profil idoine des postes juteux de responsabilité.

Oui, on a rêvé pour un meilleur système de santé qui traquera les mauvaises habitudes, qui rétablira un minimum des normes et de décences administratives et qui par ailleurs gérera les biens et les hommes dans la transparence, l’équité et l’impartialité.

Oui, on rêve toujours d’un grand élan de probité et de mise à niveau de ce système de santé pourri où les faussaires et les arnaqueurs ont longtemps eu le vent en poupe. Il n’est pas interdit de rêver, même si les mêmes bandits et indélicats reviennent au galop dans les affaires par certains subterfuges de trafic d’influence et achats de conscients sinon harcèlement pur du nouveau maître du département.

Rappelons que les quinze dernières années, les mêmes badauds, les mêmes incapables et les mêmes voleurs des services et de médicaments ont mis en place un système digne de la mafia sicilienne dans lequel ils s’interchangent, solidaires dans leurs magouilles et dans leurs manipulations expertes de chaque nouveau ministre qui mord imprudemment à leur hameçon efficace et fétichiste, dans une lancinante promotion des mêmes quidams encarapacés comme jamais. Certains sont si indétronables, pourtant si incompétents et hypocrites, qu’ils se font « grands chefs » ou « petits ministres » ou « enfants du système ». Ceux-là dévorent et s’empiffrent de tout et partout : ressources de projet détournés, financement des vaccins englouti dans leurs immeubles de Diguel, de Dubaï, de Ngaounderé ou d’Egypte. Enfants grassouillets du monde environnant marasmique et population désillusionnée. Ces gosses nés des cuisses et des mains chapardeuses ne reculent pas devant l’illicite qu’ils promettent avec l’aisance du diable incarné en humains perfides, froids et sans vergogne. Ces véreux ont été capables de provoquer les ruptures de vaccins, les ruptures ou ventes illicites de médicaments de premières nécessités dans les grands et petits hôpitaux du pays.

Aujourd’hui, le ministère reste inefficace et incompétent par un système de santé au bord du précipice : vols et foutaise dans tous les rouages. La majorité pensent à leurs bedaines. Aucune objectivité, aucun bon sens, aucune équité dans l’orientation des interventions des ONG et des bailleurs.

Vol des médicaments antipaludiques et autres, vendus à vil prix dans les marchés parallèles, matériels des hôpitaux revendus ou égarés expressément, détournements et non justification des ressources financières de Gavi pour la vaccination, détournements et ventes des antituberculeux et des ARV du Tchad dans les pays voisins. Ces indélicatesses ont vite fait de plonger le pays dans un enfer d’épidémies galopantes et d’hôpitaux en agonie. Les mêmes malfrats sanitaires nous agonisent d’injures et d’étiquettes de débilité ou de démence. Pourtant, il n’y a que la vérité crue et sans détours qui nous fait une paria dans un système pourri à la pourriture à jamais putrescible et miasmatique.

Dans les grands hôpitaux, tout manque et jusqu’au fil de suture et le valium contre les convulsions d’un enfant qui convulse. Incroyable mais vrai! Oui, il manque même et souvent les gants non stériles comme nous l’avons dénoncé auparavant.

Le bateau ivre du système sanitaire chavire par dessus sa propre tombe et sépulture marine antérieure dans les abysses de l’océan de l’hypocrisie et de l’incompétence sanctuarisé.

Le jeune ministère maitrise-t-il les directions des vents pour réorienter les voiles de son titanesque voilier pris aux furies de tous les horizons macabres qui hurlent et se réverbèrent en écho sordide sur les confins et le centre de notre pays ?

Saura-t-il haranguer ses matelots, sinon chicoter ses marins, pour sauver son « Titanic » pris aux diables du voyage périlleux et aux récifs coralliens et icebergs tapis dans la mer houleuse et traîtresse ?

Comment pourra-t-il ou peut-il comprendre un instant que certains de ses marins sabotent son titan de mer qui recule au lieu d‘avancer ?

Sur le paquebot sanitaire du Tchad, le chef des marins est à sa première épreuve ébruitée par des décrets qui ont le relent de parentélisme et de médiocratie. Les cancres obtiennent un coup de pouce qui les placent au beau milieu du râtelier ou du « management », au mépris des compétences et pour la clochardisation des techniciens virés au garage de la DRH qui demeure certes le cimetière de tous les espoirs assassinés.

Les petits infirmiers sans cursus, les faux-gestions à compétence clanique et douteuse, les faux-comptables qui peinent à dresser un journal de comptabilité, les médiocres géographes qui ignorent où se situent le village de Djoukoulkouli au Tchad, les tintins et autres farceurs cupides sans parchemins munis de fausses attestations se réveillent au milieu d’une charogne grassouillette offerte à eux, les charognards insatiables. Les petits commis de parcours scolaires douteux cherchent et obtiennent à diriger les érudits et les médecins au nom du faux et d’un mensonge selon lesquels « les Médecins sont des effigies plantées dans les salles de consultations » , telles des statues robotisées ne savant que délivrer des ordonnances. Désormais les idiots, en complicité avec des politiciens, vont diriger les éminences grises du système sanitaire pour espérer des résultats non obtenus à cause des nominations fantaisistes antérieures et des interférences des politiques et des politiciens manipulateurs. Les mêmes bêtises renouvelées pour escompter des résultats différents. Les mêmes récriminations de petits ministrons contre les médecins clochardisés, jamais écoutés et toujours pris pour boucs émissaires.

Et la situation est catastrophique et en reculade manifeste et honteuse. Les décideurs lâchent les faux cris d’orfraie. Entre-temps les médecins sont en grève, la population court après les soins primaires, les vaccins en rupture dans tout le pays, l’anarchie règne dans tous les rouages et en dépit des indicateurs Tous en rouge, les fauves et les carnivores dépècent les dernières quartiers de viande du cadavre sanitaire gisant au sol, spumeux et boursouflé.

Le problème du ministère reste le népotisme et la promotion des cancres aux peaux si dures. C’est la tribalisation du système sanitaire par chaque nouveau ministron sans vision que celle de se servir et servir les siens avec la morgue de celui qui sème sciemment la corruption et le favoritisme.

Il est encore tôt et temps de se rattraper et mettez-moi l’ordre et la discipline dans cette fourmilière dantesque où grouillent des vrais assassins du système. 

De toutes les manières, les médecins et les pharmaciens du Tchad n’auront plus de complaisance dans un système en perdition ! Ils prendront leur responsabilité après avoir été longuement et toujours bafoués, chiffonnés ou piétinés dans une insouciance narquoise qui nargue.

La messe est dite !!

Dr Djiddi Ali Sougoudi
Médecin infectiologue et paludologue 
Écrivain
Coordonnateur du Programme National de lutte contre le paludisme 
[email protected]



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