L'organisation souligne que les raisons précises de l'arrestation et de l'inculpation d'Ulrich Landry Nguéma Ngokpélé restent floues, les autorités judiciaires n'ayant pas communiqué clairement les éléments qui lui sont reprochés. Les accusations portées contre lui sont "incitation à la haine contre le gouvernement" et "diffusion des informations tendant à causer des troubles à l’ordre public". Sa première comparution est prévue pour le 19 mai.
Le vice-président de l'Union des journalistes centrafricains, Jean-Fernand Koena, qui suit attentivement le dossier et a visité le journaliste durant sa garde à vue, indique qu'un article publié dans Le Quotidien de Bangui le 22 avril, portant sur la présence à Bangui de l’ancien président François Bozizé, visé par un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité, pourrait être à l'origine de son arrestation.
L'avocat du journaliste, Roger Loutomo, dénonce une tentative des autorités de "chercher à créer une qualification qui ne sied pas avec l’objet", suggérant que le recours au Code pénal est une manœuvre pour éviter l'application de la loi sur la presse, qui ne prévoit plus de peines de prison pour les délits de presse depuis 2004. RSF déplore le silence du procureur de la République Benoît Narcisse Foukpio et du ministre de la Communication et des médias, Maxime Balalou, qui n'ont pas répondu à leurs sollicitations.
Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, a déclaré : « Après avoir passé près de six jours à la Section de recherches et d’investigations de la gendarmerie sans mandat d’arrêt connu, le directeur de publication Ulrich Landry Nguéma Ngokpélé est désormais enfermé sans même en connaître la raison exacte, et sur la base du Code pénal, beaucoup plus sévère que la loi sur la presse. Pourtant, tout indique qu’il est détenu en raison de l’exercice de sa profession. La procédure étant opaque depuis le début, RSF appelle les autorités judiciaires à la transparence et dénonce un contournement de la législation relative à la presse. Le journaliste doit être immédiatement libéré. »
RSF rappelle qu'avant son placement sous mandat de dépôt, Ulrich Landry Nguéma Ngokpélé avait été détenu pendant près de six jours sans mandat d'arrêt connu. L'organisation met également en lumière les précédentes tentatives d'intimidation dont le journaliste a été victime en raison de son travail, notamment des poursuites pour diffamation en 2021 et son déplacement forcé de son domicile en 2020 suite à la publication d'articles sensibles.