Le déplacement du Président centrafricain ce mardi avait pour objectif affiché de renforcer les liens avec l'UE. Outre une rencontre avec la commissaire européenne à l'aide humanitaire, Hadja Lahbib, Touadéra s'est entretenu avec la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. L'agenda officiel mentionnait des discussions sur les activités de la mission civile de l’Union Européenne (EUAM) en RCA, notamment son rôle de conseil stratégique et organisationnel dans la réforme du secteur de la sécurité. Cependant, les médias spécialisés, dont Africa Intelligence, avaient anticipé que le dossier Figueira serait un sujet brûlant.
L'affaire Figueira : Espionnage et pressions européennes
Au cœur des négociations se trouve l'affaire de Martin Joseph Figueira, un citoyen belgo-portugais accusé par les autorités centrafricaines d'« atteinte à la sécurité de l’État, d’incitation à la rébellion et d’espionnage ». Arrivé en RCA sous couvert de travailler pour l’ONG américaine FHI 360, Figueira est soupçonné par les autorités de Bangui d’avoir tissé des liens avec des groupes armés et d’avoir tenté de constituer un « réseau terroriste à grande échelle ». Selon plusieurs médias, l'Union européenne envisage d'exiger sa libération sous la menace de sanctions économiques et politiques à l'encontre de la République centrafricaine. Il est actuellement incarcéré au camp de Roux à Bangui.
D'après un membre de la délégation centrafricaine, Kaja Kallas a effectivement abordé le cas Figueira avec une posture inflexible, brandissant la menace de sanctions « globales » en cas de refus de libération. Cette approche illustre la volonté de l'UE d'exercer une pression maximale sur Bangui.
La réponse ferme de Touadéra : Défense de la souveraineté nationale
Selon des sources proches de la délégation, le Président Touadéra a répondu fermement, rappelant que le dossier Figueira relevait exclusivement de la justice centrafricaine et qu’aucune ingérence extérieure ne serait tolérée. Il a également souligné que la RCA, en tant qu’État souverain, n’accepterait plus de subir des diktats étrangers. « L’époque où les pays africains vivaient sous les ordres des autorités européennes est révolue », aurait-il déclaré selon notre source, rappelant que son pays avait déjà résisté à des sanctions par le passé et saurait trouver des partenaires alternatifs si nécessaire.
Cette confrontation illustre les tensions croissantes entre l'Afrique et l'Europe sur les questions de souveraineté et de justice. D'un côté, l'UE utilise son poids diplomatique et économique pour tenter d'imposer ses normes ; de l'autre, la RCA, à l'instar d'autres États africains, rejette toute forme de néocolonialisme judiciaire.