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Sénégal: L'expérience du Tchad dans la lutte contre l'extrémisme violent


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 22 Mars 2018


Présenté par Ahmat Yacoub au nom du Centre de Prévention de l'extrémisme à la conférence de Dakar.


Sénégal: L'expérience du Tchad dans la lutte contre l'extrémisme violent
Présenté par Ahmat M. Yacoub Dabio à la réunion de Dakar le 21 mars 2018
 
 Avant son intervention militaire dans les pays voisins (Nigeria, Cameroun, Niger) contre le groupe djihadiste de Boko Haram puis avant les attentats meurtriers du lundi 15 juin 2015 (voir image ci-dessous), force est d’avouer que le Tchad n’avait pas du tout une expérience en matière de lutte contre le terrorisme. Cependant, il a fait de son mieux pour parvenir à dissuader la menace.
Nous retenons cinq aspects ayant joué un rôle dans le traitement de l’extrémisme violent au Tchad.
1/ l’aspect militaire:
Le Tchad a réussi à bouder hors de son sol la menace djihadiste et en même temps il n’a pas hésité d’intervenir militairement pour soutenir les pays voisins en difficulté face aux offensives suicidaires de Boko Haram qui a mis en difficulté l’armée nigeriane et occupait des villes importantes comme Gamborou, Banki…au Nigeria. Le Tchad par son intervention militaire a compris très tôt que le terrorsime n’a pas de frontière et sa victoire ailleurs pourrait être une menace serieuse dans tous les pays y compris au Tchad.
2/ L’aspect sécuritaire:
Immédiatement après le double attentat, les forces de l’ordre ont été déployées en masse autours des lieux sensibles comme les églises, les mosquées, les marchés, les grands axes et ont adopté une stratégie de quadrillage et des fouilles systématiques des véhicules et leurs occupants. Des check-points ont été multipliés dans les centres villes et aux entrées et sorties des frontières et des villes. La circulation des voitures à vitres fumées a été officiellement interdite et l’entrée et sortie des motos entre la frontière tchadienne et camerounaise ont été interdites. La circulation des véhicules privés entre les frontières a été soumise à des strictes contrôles. L’obtention d’une autorisation de passage des véhicules administratives entre le cameroun et le Tchad a été rendue difficile.
 
3/ L’aspect judiciaire : la réaction des autorités compétentes étaient aussi immédiate et c’était une sorte d’un message clair au groupe extrémiste. A la suite d’un procès rapide, dix djihadistes auteurs des attentats ont été condamnés à mort et exécutés.
4/ L’aspect religieux : la réussite de cette recette (militaire/sécurité/justice) n’a pas été possible sans le soutien des chefs religieux et la solidarité de la population qui a compris après les attentats du marché que le groupe djihadiste n’a rien à voir avec les principes de l’islam qui appellent à la paix, la tolérance et le respect du mois sacré de ramadan. Les chefs religieux et à leurs têtes les musulmans, les protestants et les catholiques ont entrepris des actions concrètes pour prêcher et appeler à la paix et au renforcement de la cohabitation pacifique. Une journée de paix et de prière est organisée chaque année par les différentes religions.
5/ l’aspect populaire : Certes, il convient de rappeler que l’exécution sommaire en 2009 par les forces de l’ordre nigérianes de Mahamat Youssouf le leader de Boko Haram surtout son humiliation et son exhibition à la télé n’a pas manqué de susciter une sorte de sympathie dans les milieux des musulmans tchadiens. Et jusqu’à la date des attentats meurtriers  de 2015, d’aucuns pensent que Boko Haram est un mouvement nigérian qui revendique des droits légaux dans son pays. Et c’est pourquoi,  si les attentats ont eu lieu au Tchad c’est parce qu’il y avait une complicité locale. Le coordinateur de BH arrêté et exécuté aurait même reconnu que leur leader Shekou aurait séjourné pendant trois mois après avoir été blessé au combat. Mais les images des attentats et les recettes des autorités administratives et religieuses ont permis de dissuader le groupe djihadiste.

Enfin, malgré ces aspects relatifs au traitement de l’extrémisme violent au Tchad, cependant il manque un aspect de prévention de l’extrémisme violent dont le CEDPE est en train de mettre en place. Il s’agit d’étudier une stratégie à court, moyen et long termes qui consiste à effectuer des campagnes de mobilisation, de sensibilisation, de deradicalisation, de formation surtout introduire dans les établissements scolaires une matière qui apprend à nos enfants dès leurs bas âges :  la tolérance, le dialogue, le respect de l’autre et le savoir-vivre malgré nos différences.  Il ne faut pas aussi perdre de vue que pour éradiquer l’extrémisme violent il faut combattre les causes surtout l’extrémisme intelligent qui irrigue et alimente l’extrémisme violent. L’extrémisme intelligent ce sont les propos racistes, le xénophobie, le chauvinisme, l’injustice, la maladministration, la dictature, la répression, la corruption…

Centre d’études pour le développement et l’extrémisme violent – CEDPE – Tchad.
Tél 0023599860817 mail: [email protected]



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)