
Les forces de sécurité du Soudan du Sud sont assises près du cercueil du général David Majur Dak, commandant des Forces de défense du peuple du Soudan du Sud, tué lors d'une attaque de l'Armée blanche. Photo : Samir Bol/Reuters
La dernière crise en date dans ce pays porte sur l'arrestation du vice-président Riek Machar. Il s’agit d’une décision qui pourrait compromettre le délicat accord de partage du pouvoir qui a empêché le Soudan du Sud de replonger dans une guerre totale. Figure clé de l'opposition et ancien chef rebelle, Machar a été arrêté cette semaine.
Son parti, le SPLM/A-IO, affirme que cette arrestation met en échec l'accord de paix qu'il a signé avec le président Salva Kiir en 2018. Leur déclaration est sans détour : « Les perspectives de paix et de stabilité au Soudan du Sud sont désormais gravement compromises. » Ce n'est pas une exagération.
Depuis la signature de l'accord de paix, le Soudan du Sud a réussi à maintenir une coexistence précaire entre la faction au pouvoir de Kiir, largement alignée sur l'ethnie Dinka, et l'opposition de Machar, dirigée par les Nuer. Mais les tensions ont toujours couvé sous la surface, et les récentes violences à Nasir, où des dizaines de personnes auraient été tuées lors d'affrontements entre les troupes gouvernementales et une milice connue sous le nom d'Armée blanche, témoignent de l'exacerbation de ces tensions.
Pour compliquer encore les choses, le gouvernement du Soudan du Sud a fait venir des troupes d'Ouganda pour aider à réprimer les milices locales, une mesure que Machar a dénoncée dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, la qualifiant de violation de l'accord de paix. Son parti a qualifié cette mesure d'«agression militaire contre des civils ». Parallèlement, le gouvernement accuse Machar d'incitation à la rébellion et de tentative de perturber les élections prévues.
Le ministre de l'Information, Michael Makuei, a affirmé que des rapports de renseignement reliaient Machar à une attaque d'une milice contre un hélicoptère de l'ONU, un incident qui a également coûté la vie à un haut commandant du gouvernement, le général David Majur Dak. Selon Makuei, Machar et ses alliés sont « anti-paix » et devront rendre des comptes. Le SPLM/A-IO nie tout lien avec la milice et n'a pas réagi aux nouvelles allégations.
La communauté internationale réagit avec prudence
La communauté internationale observe la situation avec attention, mais avec circonspection. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a décrit la situation comme « sombrement réminiscente » des précédentes guerres civiles au Soudan du Sud, avertissant que le pays est « au bord de l'effondrement ».
Une coalition d'ambassades occidentales, dont celles des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de l'Union européenne, a appelé à la libération de Machar et à un cessez-le-feu immédiat. L'Union africaine a annoncé l'envoi d'une délégation diplomatique à Juba, la capitale, pour apaiser les tensions. Parallèlement, l'ancien Premier ministre kényan, Raila Odinga, est intervenu en tant que médiateur régional.
« Je suis encouragé par la possibilité d'une résolution », a-t-il déclaré après avoir rencontré le président Kiir, promettant d'informer les dirigeants d'Afrique de l'Est sur une possible voie vers la stabilité. Mais la paix est-elle toujours d'actualité ? La réponse est simple : elle n'est pas claire.
Le Soudan du Sud n'a jamais organisé d'élections nationales. Son gouvernement est toujours le fruit d'un accord de partage du pouvoir précaire, issu d'une guerre civile de cinq ans, qui a fait environ 400 000 morts et déplacé des millions de personnes. Si l'accord de paix de 2018 a mis fin aux combats ouverts, il n'a pas résolu les profondes divisions ethniques et politiques.
Et avec plus des deux tiers de la population vivant avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale, les enjeux d'une reprise du conflit sont extrêmement élevés. La situation humanitaire est désastreuse.
L'ONU affirme que le Soudan du Sud est confronté à « de multiples crises simultanées », allant de la violence à l'effondrement économique, en passant par les chocs climatiques et les déplacements. Malgré son instabilité, le pays accueille toujours plus d'un demi-million de réfugiés fuyant la guerre au Soudan, en RDC et en République centrafricaine.
Un pays qui ne tient qu'à un fil
Dans un rapport de décembre dernier, la Banque mondiale dressait un tableau sombre : la violence, la corruption et l'impasse politique n'ont fait qu'aggraver les souffrances des citoyens ordinaires.
L'insécurité alimentaire est généralisée, les infrastructures sont minimales et les services rares. La dernière escalade pourrait anéantir les maigres progrès réalisés. Pour l'instant, la voie à suivre est incertaine. Kiir reste inflexible et Machar est en détention. Les élections sont incertaines. Et alors que l'accord de paix est au bord du gouffre, le pays l'est aussi. Ce qui se passe au Soudan du Sud n'est pas seulement une impasse politique.
C'est une crise humaine qui se déroule en temps réel et qui mérite une attention internationale accrue, et non moindre. Comme l'a dit Guterres sans détour : « Le Soudan du Sud a peut-être disparu des radars internationaux…, mais nous ne pouvons pas laisser la situation sombrer dans l'abîme. »
Son parti, le SPLM/A-IO, affirme que cette arrestation met en échec l'accord de paix qu'il a signé avec le président Salva Kiir en 2018. Leur déclaration est sans détour : « Les perspectives de paix et de stabilité au Soudan du Sud sont désormais gravement compromises. » Ce n'est pas une exagération.
Depuis la signature de l'accord de paix, le Soudan du Sud a réussi à maintenir une coexistence précaire entre la faction au pouvoir de Kiir, largement alignée sur l'ethnie Dinka, et l'opposition de Machar, dirigée par les Nuer. Mais les tensions ont toujours couvé sous la surface, et les récentes violences à Nasir, où des dizaines de personnes auraient été tuées lors d'affrontements entre les troupes gouvernementales et une milice connue sous le nom d'Armée blanche, témoignent de l'exacerbation de ces tensions.
Pour compliquer encore les choses, le gouvernement du Soudan du Sud a fait venir des troupes d'Ouganda pour aider à réprimer les milices locales, une mesure que Machar a dénoncée dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, la qualifiant de violation de l'accord de paix. Son parti a qualifié cette mesure d'«agression militaire contre des civils ». Parallèlement, le gouvernement accuse Machar d'incitation à la rébellion et de tentative de perturber les élections prévues.
Le ministre de l'Information, Michael Makuei, a affirmé que des rapports de renseignement reliaient Machar à une attaque d'une milice contre un hélicoptère de l'ONU, un incident qui a également coûté la vie à un haut commandant du gouvernement, le général David Majur Dak. Selon Makuei, Machar et ses alliés sont « anti-paix » et devront rendre des comptes. Le SPLM/A-IO nie tout lien avec la milice et n'a pas réagi aux nouvelles allégations.
La communauté internationale réagit avec prudence
La communauté internationale observe la situation avec attention, mais avec circonspection. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a décrit la situation comme « sombrement réminiscente » des précédentes guerres civiles au Soudan du Sud, avertissant que le pays est « au bord de l'effondrement ».
Une coalition d'ambassades occidentales, dont celles des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et de l'Union européenne, a appelé à la libération de Machar et à un cessez-le-feu immédiat. L'Union africaine a annoncé l'envoi d'une délégation diplomatique à Juba, la capitale, pour apaiser les tensions. Parallèlement, l'ancien Premier ministre kényan, Raila Odinga, est intervenu en tant que médiateur régional.
« Je suis encouragé par la possibilité d'une résolution », a-t-il déclaré après avoir rencontré le président Kiir, promettant d'informer les dirigeants d'Afrique de l'Est sur une possible voie vers la stabilité. Mais la paix est-elle toujours d'actualité ? La réponse est simple : elle n'est pas claire.
Le Soudan du Sud n'a jamais organisé d'élections nationales. Son gouvernement est toujours le fruit d'un accord de partage du pouvoir précaire, issu d'une guerre civile de cinq ans, qui a fait environ 400 000 morts et déplacé des millions de personnes. Si l'accord de paix de 2018 a mis fin aux combats ouverts, il n'a pas résolu les profondes divisions ethniques et politiques.
Et avec plus des deux tiers de la population vivant avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale, les enjeux d'une reprise du conflit sont extrêmement élevés. La situation humanitaire est désastreuse.
L'ONU affirme que le Soudan du Sud est confronté à « de multiples crises simultanées », allant de la violence à l'effondrement économique, en passant par les chocs climatiques et les déplacements. Malgré son instabilité, le pays accueille toujours plus d'un demi-million de réfugiés fuyant la guerre au Soudan, en RDC et en République centrafricaine.
Un pays qui ne tient qu'à un fil
Dans un rapport de décembre dernier, la Banque mondiale dressait un tableau sombre : la violence, la corruption et l'impasse politique n'ont fait qu'aggraver les souffrances des citoyens ordinaires.
L'insécurité alimentaire est généralisée, les infrastructures sont minimales et les services rares. La dernière escalade pourrait anéantir les maigres progrès réalisés. Pour l'instant, la voie à suivre est incertaine. Kiir reste inflexible et Machar est en détention. Les élections sont incertaines. Et alors que l'accord de paix est au bord du gouffre, le pays l'est aussi. Ce qui se passe au Soudan du Sud n'est pas seulement une impasse politique.
C'est une crise humaine qui se déroule en temps réel et qui mérite une attention internationale accrue, et non moindre. Comme l'a dit Guterres sans détour : « Le Soudan du Sud a peut-être disparu des radars internationaux…, mais nous ne pouvons pas laisser la situation sombrer dans l'abîme. »