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Tchad : 10 choses à retenir sur la brillante intervention de Djerassem à l'Université d'été


Alwihda Info | Par - 18 Septembre 2020


Rétrospectif sur l'Université d'été de Moundou d'août 2020. Alwihda Info publie une série de trois articles axés sur l'intervention d'un intervenant, Djerassem Le Bemadjiel, ancien ministre tchadien du Pétrole (3/3).


L'ancien ministre du Pétrole Djerassem Le Bemadjiel. © Golmem Ali/Alwihda Info
L'ancien ministre du Pétrole Djerassem Le Bemadjiel. © Golmem Ali/Alwihda Info
Du 13 au 15 août 2020, la première édition de l'Université d'été sur "l'engagement citoyen et le développement local" s'est tenue à Moundou, en présence de l'ancien ministre du Pétrole Djerassem Le Bemadjiel qui était parmi les intervenants. L'ex-membre du gouvernement s'est penché sur plusieurs pistes pour le développement de la province. Il a également fait plusieurs propositions.

1733 unités économiques au Logone Occidental
"On compte 1733 unités économiques (entreprises, etc). En terme d'unités économiques, la province est la troisième après N'Djamena et le Ouaddaï. On est parmi les trois provinces ayant reçu le plus d'investissements. Il y a beaucoup d'investissements publics ici. Mais malgré cela, on reste la deuxième province la plus pauvre (dans l'ordre : Mandoul, Logone Occidental, Tandjilé, Guéra)."

"On est une région qui s'appauvrit. L'appauvrissement ça a un effet exponentielle"
"On a vu aussi que la pauvreté a progressé. C'est dire qu'en 2003, on a 57,6%, en 2011 on est passé à 66,4%. La pauvreté a fortement progressé. Cette progression est la plus forte de toutes les régions du Tchad. On est une région qui s'appauvrit. L'appauvrissement ça a un effet exponentiel. Les statistiques le montrent, pour une personne active, il y a 114 personnes qui dépendent de lui. Chaque année, s'il y a une personne qui tombe dans la précarité, il faut multiplier par ces personnes dépendantes aussi qui tombent dans la pauvreté.

C'est quelque chose qui est alarmant, il faut qu'on prenne conscience et qu'on essaie (...) Comment arrêter cela. Si on arrête pas, on arrivera à un moment où ce sera très difficile de rattraper cela."

Une population très jeune
Djerassem relève que l'âge moyen est de 19,2 ans, ce qui fait que le Logone a la plus forte densité. "On a une population qui est très, très jeune. On est la quatrième province la plus peuplée du Tchad."

Optimiser la rentabilité commerciale : Construire de silos
"Ce que vous voyez c'est de silos. Il faut qu'il y ait une structure qui permette de stocker le mil, etc. J'ai visité des silos comme ça. Des grands agriculteurs qui ont 2000 hectares chacun mais ils n'ont pas les stockages personnels. Ils ont un silo régional. Chaque fois qu'ils coupent leur blé, ils viennent directement avec un camion, on mesure le tonnage et on leur donne le reçu, ils déposent là-bas. Lorsque le prix du blé change, on les saisit par téléphone. S'il veut vendre son blé, il dit OK, vendez moi 50% de mon stock qui est chez vous avec ce prix là. Ce n'est pas la même chose qu'on peut faire ici mais au moins, c'est quelque chose auquel qu'il faut réfléchir à faire."

Faire de l'agriculture en contre-saison
Pourquoi privilégier l'agriculture en contre-saison ? "Parce qu'on maitrise l'eau, les plantes aiment le soleil, et en avril il n'y a pas de nuages comme maintenant. Le rendement est complètement différent. Moi, si je veux être agriculteur, je ne vais jamais cultiver en saison des pluies."

Système de goutte à goutte : "les gens disaient que ça ne va pas marcher. Ça a très bien marché. On a vu que le rendement était meilleur en saison sèche parce que l'ensoleillement est très fort et qu'on maitrise l'eau. "

"Vous êtes à côté de N'Djamena, vous faites un hectare de gombo, c'est 3 millions. Vous avez peut être dépense 300, 400.000. Mais vous avez 3 millions. La réflexion que je me suis faite, vous avez les agents du ministère du Pétrole, Bac+5, ils ont 125.000 Fcfa par mois. Je fais un hectare de gombo, j'ai deux ans de son salaire en trois mois. Ça peut changer les choses."

 

L'ancien ministre du Pétrole Djerassem Le Bemadjiel. © Golmem Ali/Alwihda Info
L'ancien ministre du Pétrole Djerassem Le Bemadjiel. © Golmem Ali/Alwihda Info
Spécialiser la région dans différents types de culture
"Pour le Logone Occidental, on a les types de sols qui vont avec. On peut spécialiser la région dans différents types de culture. On peut cultiver l'oignon, les ananas, etc. Pour s'adapter à la situation actuelle, on doit changer complètement, pas faire les choses comme à toujours fait."

"Si on ne change pas, on reste, on ne va pas s'en sortir. Il y a les sols qui sont très biens, c'est un atout de taille.  Deuxièmement, on a d'immenses eau souterraines. Ca nous dépasse. On peut même donner à d'autres régions. C'est dire qu'on a 732 milliards de mètres cubes d'eau étalés sur tout le Logone Occidental. Si vous prenez cette eau là, la totalité, à la fin de la saison des pluies, ça se renouvelle. Ce n'est pas de l'eau qu'on épuise, c'est de l'eau renouvelable. Pour donner un peu une idée, on peut utiliser 406.000 km2 pour toute cette eau, ça fait 46 fois la taille du Logone Occidental. On peut produire des terres cultivables et il restera toujours de l'eau."

Passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture intensive
Comment faire de l'agriculture autrement ? "On a vu que c'est l'agriculture qui est la cause. Si on règle le problème de l'agriculture, on peut régler le problème de cette crise sociale qu'on est en train de connaitre. Donc, passez de l'agriculture de subsistance à une agriculture intensive, passez de l'agriculture saisonnière à une agriculture pérenne. Il faut choisir les cultures les plus rentables et non les cultures habituelles."

"Exemple : le piment, à N'Djamena, 3800 Fcfa le Kilos. On néglige mais en faite ça coute très cher. Si vous avez 200 kg de piment, à N'Damena vous êtes à plus de 700.000 Fcfa, alors que vous pouvez avoir une tonne de mil penicillaire, vous n'aurez pas ça. Donc c'est aussi le moment de réfléchir intelligemment."

"On n'a pas une culture industrielle"
"On voit que le Tchad d'une manière globale, 82% des activités sont agricoles. (...) On voit qu'au Tchad, presque tout est concentré au niveau des commerces. Il y a presque zéro entreprise agricole, alors que c'est le secteur qui est le plus présent. On n'a pas une culture industrielle. Ça même, ça pose déjà un problème."

"Les malédictions de pauvreté c'est lié à l'insécurité alimentaire"
"Notre rêve, au moins, c'est de faire du Logone Occidental la source du Tchad. (...) Nous aussi on a ce potentiel là, peut être que vous ne vous en rendez pas compte mais on a tous les ingrédients qui sont là. C'est le facteur humain qui fait la différence. Si vous prenez conscience de là où on est, on peut aller très loin. Comment y arriver ? On doit introduire de nouvelles variétés plus rentables. On ne doit pas faire les choses qu'on a l'habitude de faire. Non. On doit choisir des cultures dont on sait qu'on peut après même acheter une voiture. Il faut aussi rêver. 

Être ambitieux c'est normal, si vous n'êtes pas ambitieux, vous n'avez pas de vision. Et si vous n'avez pas de vision, vous allez subir la vie. On doit être ambitieux. (...) Il faut qu'on fasse les choses (...) On doit être ambitieux. C'est quelque chose qui est faisable et c'est possible.

On peut même dépasser nos besoins alimentaires. On a beaucoup de cadres. Les malédictions de pauvreté c'est lié à l'insécurité alimentaire. Vous prenez les budgets familiaux, la partie qui prend 65% c'est l'alimentaire. (...) La seule solution c'est de passer à l'agriculture intensive, on va être en sécurité et l'excédent peut permettre de développer le secteur secondaire."

Investir à plusieurs, notamment pour les salariés
"Le reste des cadres qui travaillent et qui n'investissent pas, il faut qu'un effort soit fait de ce côté là. On peut ensemble créer une structure, divisée en actions, c'est comme ça que les blancs font. Vous ne connaissez même pas la société mais telle structure, il y a 1000 actions de 10.000 Fcfa. Tu peut prendre combien d'actions ? Ça ne te coute rien. Après la société produit et on te paye ta part. Là, c'est l'argent qui travaille pour toi.""
Golmen Ali
Correspondant de la province du Logone Occidental En savoir plus sur cet auteur



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