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Tchad / Coronavirus : quelle stratégie au Logone Occidental ?


Alwihda Info | Par Golmen Ali - 5 Avril 2020


Le délégué sanitaire provincial du Logone Occidental, Dr. Djekainkoulayom Redmbayo Honoré détaille la stratégie mise en place au Logone Occidental pour faire face à toute éventualité contre la pandémie du COVID-19. Il donne également des conseils sur l'utilisation des masques et les mesures barrières.


Alwihda Info : Monsieur le délégué, depuis quelques temps, le Tchad est secoué par ce virus qu'on appelle le COVID-19. Des mesures sanitaires sont prises pour faire face à la propagation de ce virus. Au niveau de la province du Logone Occidental, quelles sont les stratégies que vous adoptez pour faire face à la propagation du COVID-19 ?

Dr. Djekainkoulayom Redmbayo Honoré : Le coronavirus est une pandémie, c'est-à-dire que ça touche plusieurs continents. Ça a commencé d'abord par la Chine, le continent européen, le continent asiatique, le continent américain et récemment le continent africain. Le Tchad a commencé à noter quelques cas et aujourd'hui nous sommes à neuf cas maintenant.

Au niveau national, une stratégie de lutte contre le coronavirus a été élaborée et cette stratégie a été reprise. Mais dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, il faut un cadre administratif. Ce cadre administratif, il faut que le gouverneur prenne au moins des arrêtés pour mettre en place les organes de gestion. C'est ainsi que dans la province du Logone Occidental, le gouverneur a sorti deux arrêtés. Un arrêté n° 016/2020 portant création d'un comité de gestion de crise, et un autre arrêté n° 017 portant création aussi d'un comité technique de prise en charge des cas. Ces deux arrêtés nous ont donné une ouverture pour nous organiser.
 
Également, à l'image de ce qui s'est passé au niveau national, nous avons élaboré un plan de contingence provincial. A l'intérieur nous avons six domaines d'intervention : la coordination et la gestion des épidémies ; l'identification des cas en mettant l'accent sur la surveillance épidémiologique ; la prise en charge des cas -éventuellement, si un cas se présente, automatiquement on doit essayer d'assurer la prise en charge ; mais aussi nous avons l'aspect mobilisation, sensibilisation et implication communautaire. Et à ce niveau, nous avons mis en place un groupe de communicateurs. Ils ont fait un plan de communication, je vous assure que c'est très intéressant. Nous sommes en train de suivre et d'assurer la mise en œuvre également. En plus de cela, il y a le domaine de laboratoire parce que si on arrive à suspecter des cas, il va falloir faire des prélèvements, envoyer à N'Djamena pour que le diagnostic soit posé. En dernière position, nous avons le domaine de la gestion de la logistique. Si vous comptez bien, ce sont six domaines que nous avons eu à développer.

Aussitôt, nous avons déjà mis en place certains organes. Nous avons identifié deux sites. Un site uniquement pour la prise en charge des cas, un autre site pour les confinements. Mais, déjà, au niveau de l'hôpital, nous avons identifié certains services où l'on a dit que si les six premiers cas venaient à se présenter, automatiquement, nous allons assurer la prise en charge de ces six premiers cas au niveau de l'hôpital. Nous avons aussi mis en place au niveau de l'hôpital, un groupe de personnes, des médecins en charge, au cas où un malade venait à se présenter.

Ce qui est intéressant, à partir des deux arrêtés que le gouverneur a signé, automatiquement, le gouverneur a convié les préfets de départements et les autres responsables des services déconcentrés de l'État. Automatiquement on a présenté les deux arrêtés. Le gouverneur leur a recommandé de prendre aussi dans les départements les mêmes arrêtés, à l'image de ce qui s'est passé au niveau de la province. 

Je suis sûr qu'au niveau du département, les gens sont à pied d'œuvre pour mettre déjà en place ce comité. Eux également, ils vont essayer d'assurer la mise en œuvre des activités en fonction des domaines ressortis dans le plan de contingence.

A ce jour, nous avons enregistré nos enfants qui sont revenus du Cameroun, et nous sommes à 158 enregistrés déjà. Nous avons leurs contacts et à chaque fois, une personne est chargée de les suivre à domicile. Mais aussi, nous avons eu à avoir quelques cas suspects, c'est-à-dire que des rumeurs qui courent autour de certaines personnes qui ont une fièvre, et qui commencent à tousser. Automatiquement on a assuré la prise en charge. Je vous assure que c'est beaucoup plus de peur que de mal. Ceux-là, nous les avons mis sous traitement de paludisme, ils ont recouvert la santé également. Nous avons deux cas suspects qui sont venus de Badila dans le Logone Oriental. On les a confinés toujours à Badila. Une mission est venue du niveau central. Elle est partie faire le prélèvement. On nous a communiqué les résultats, ces deux personnes sont négatifs.

Le gouverneur nous a instruit d'aller voir comment on est en train de gérer les étudiants à la frontière. Parce que ceux qui sont confinés à la frontière, automatiquement quand ils sont libérés, ils viennent directement au Logone Occidental. A ce niveau, il serait intéressant d'aller là-bas sur place et de voir comment les gens seraient en train de les gérer et coordonner les efforts ensemble, Logone Oriental et Logone Occidental, pour que tous ces cas soient gérés dans une harmonie, et que ceux qui sont confinés, l'équipe médicale et tout le monde trouve son compte. Ceci dans l'art professionnel de travailler.

Le délégué sanitaire provincial du Logone Occidental, Dr. Djekainkoulayom Redmbayo Honoré. © Golmen Ali/Alwihda Info
Le délégué sanitaire provincial du Logone Occidental, Dr. Djekainkoulayom Redmbayo Honoré. © Golmen Ali/Alwihda Info
Monsieur le délégué, il y a un problème par rapport aux masques. Les gens achètent les masques pour utiliser. Mais quelle est la durée des masques ? Est-ce que ça peut être utilisé plusieurs fois ?

Les masques, vous même si vous utiliser les masques, vous le saurez. Certains masques, on ne peut pas les utiliser plusieurs fois. Je vous rappelle seulement qu'en suivant les informations, on vous dit que c'est sauf Israël qui est en train de faire des masques qu'on peut réutiliser.

Donc c'est masques, en fonction de l'usage, si on utilise et que c'est sale, on ne peut pas les laver. Si vous voyez bien, c'est des choses en papier. Dès qu'ils sont mouillés, ils vont se déchirer. Ces types de masques, on ne lave pas. Mais là aussi plusieurs qualités de masques sont utilisées à la fois. Vous voyez, dans la peur, n'importe qui amène la qualité des masques qu'il trouve sur les mains. Peut-être que certains masques peuvent se laver. Mais réellement, les masques, quand vous les utilisez et que vous réalisez qu'ils sont déjà sales, il faut les jeter. S'ils sont déjà troués, il faut les jeter. S'ils sont déchirés, il faut les jeter.

Monsieur le délégué, un autre aspect, c'est le problème de la chloroquine. Beaucoup d'États estiment que c'est le remède approprié pour lutter contre le coronavirus. Est-ce que vous comptez l'utiliser un jour dans vos prescriptions ? 

Je vous assure que devant une telle pandémie, qui fait tellement de ravage, tout le monde trouve des solutions à tous azimuts. Il y a des pays qui ont expérimenté, je suis les informations comme vous. Mais je suis dans un pays où le protocole va sortir. Mais je vous assure que la tendance à utiliser la chloroquine et aussi un autre produit appelé azithromycine, est en train de s'affirmer. Mais au niveau national, on n'a pas encore sous les bras ce protocole. Je me réserve de faire des déclarations comme ça parce que je suis dans un pays, et si je fais des déclarations, ça n'engage que ma responsabilité. 

Avez-vous un conseil à lancer à l'endroit des populations, surtout de la province du Logone Occidental par rapport à la lutte contre le coronavirus ?

Oui, le dernier conseil je vais leur dire c'est que la maladie est là. C'est la maladie qui a une très forte puissance de propagation. A ce niveau, des mesures ont été consignées par le Gouvernement tchadien à travers le ministère de la Santé publique. J'appelle la population à respecter scrupuleusement toutes ces mesures que le Gouvernement a demandé à la population de respecter. Il s'agit à ce niveau de se laver les mains plusieurs fois et de manière très soignée dans la journée, mais aussi lorsqu'on veut tousser ou lorsqu'on veut éternuer. Il faut éternuer au pli du coude. 

Si vous avez des mouchoirs propres à usage unique dans votre poche, sortez le mouchoir, couvez la bouche avant de tousser. Après ça, vous jeter dans une poubelle, ne jetez pas à l'air libre. 

On peut porter aussi des masques. Ce qui est aussi intéressant, c'est d'observer une distance sociale, c'est-à-dire qu'entre deux personnes, il faut un minimum d'un mètre, il faut qu'elles soient écartées l'une de l'autre d'un mètre. Mais si on va à deux mètres c'est une bonne chose. Voilà les mesures qui sont là. Si on arrive à les observer, automatiquement je pense qu'on mettra un frein à la maladie.

Autre chose aussi, ce sont les attroupements. Le Gouvernement a pris des mesures pour dire qu'il n'y a plus de culte, de prières dans les églises et dans les mosquées, mais aussi lors des attroupements, il faut faire un effort pour que ce soit limité. 

Si l'on soupçonne quelqu'un d'avoir le coronavirus, quels sont les symptômes qui peuvent nous amener à conforter cette suspicion ?

Ces symptômes sont clairs. Le premier symptôme c'est d'abord la fièvre. Une personne, quand elle commence à présenter la fièvre, et en plus de ça, cette fièvre est accompagnée d'une toux, et automatiquement vous voyez que la personne évolue vers une respiration difficile, c'est-à-dire que la personne présente une difficulté respiratoire. A cela, d'autres signes peuvent s'ajouter : des douleurs musculaires, des douleurs articulaires, quelques fois c'est des écoulements nasaux, des démangeaisons de la gorge, mais quelques fois il y a des troubles gastriques qui s'expriment en termes de diarrhée. Toutes ces personnes, quand elles se trouvent devant vous, vous allez fortement suspecter. La suspicion s'accentue lorsque la personne revient d'un pays où l'on a déjà notifié des cas.

En résumé, on a retenu trois signes. Si la personne présente une forte fièvre, si la personne en plus de la fièvre commence à tousser, mais si la personne en plus des deux symptômes à des difficultés respiratoires, en ce moment il faut suspecter déjà le coronavirus.

Si on suspecte quelqu'un de coronavirus, qu'est-ce que le citoyen doit faire ?

Devant toute situation comme ça, il faut rapidement appeler. Nous avons communiqué des numéros. A peu près six ou sept numéros que nous avons communiqué. Si la personne se trouve à la maison, automatiquement il faut qu'elle appelle. Si la personne n'a pas de possibilité, automatiquement il faut amener la personne à l'hôpital. A ce niveau, on reçoit la personne. Vous avez deux possibilités. Si la personne, quand on la prélève, devient positif, on l'envoi directement sur le site de prise en charge mais au cas où l'on reste toujours dans la suspicion, on la met en confinement. On la met quelque part et on la suit.

S'il s'avère qu'il y a un déclenchement des cas, est-ce que la province du Logone Occidental est prête à y faire face ? Avez-vous les moyens possibles ?

Les moyens possibles c'est trop dire, mais si les cas se présentent, on va assurer la prise en charge. Nous avons déjà mis une équipe technique sur place, composée des médecins, des infirmiers et des secouristes qui sont sur place, et qui sont en ce moment à l'hôpital. Ils reçoivent même déjà des cas suspects et les mettent sous traitement. Mais heureusement que l'évolution est bonne à ce niveau.

Si le nombre n'excède pas six, on va les garder à l'hôpital. L'équipe est là. On va assurer la prise en charge. Si le nombre venait à augmenter, à dépasser le chiffre six, automatiquement on va les sortir dans le deuxième site qu'on a identifié, et que nous sommes en train d'apprêter pour assurer la prise en charge.

Nous avons les moyens pour assurer la prise en charge des premiers cas. Mais il faut aussi se dire qu'au fur à mesure qu'on commence à déclarer des nombres de cas, il est probable que le niveau central nous appui fortement, les partenaires aussi. Si des cas se présentent, on va assurer la prise en charge.

Propos recueillis par Golmen Ali.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)