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TCHAD

Tchad : Dialogue national, un bateau difficile à mener à bon port


Alwihda Info | Par Yana Abdoulaye - 20 Septembre 2022


Ouverte pompeusement le 20 août dernier, les assises du Dialogue national inclusif continuent mystérieusement son chemin, malgré des retraits et suspension de participation des partis politiques et des organisations de la société civile.


Un mois après son ouverture par le responsable de la Transition, les assises du Dialogue national inclusif semblent être un bateau difficile à conduire à bon port. Ce moment censé refonder le Tchad est marqué par le départ des religieux, des partis politiques et ceux de la société civile.

C’est l’Eglise catholique qui a tout d’abord suspendu sa participation et il quittera définitivement le navire. Les évêques évoquent le caractère non inclusif du Dialogue national inclusif et disent qu’ils ont comme l’impression d’assister à une « campagne électorale avec, d’un côté ceux qui soutiennent le changement et un renouvellement de la classe politique, et de l’autre côté, ceux qui bloquent tout et veulent continuer comme avant, en mettant en place une machine savamment orchestrée ».

« Face à cette crise de confiance et pour ne pas apparaître comme ceux qui soutiennent une partie contre l’autre, les évêques du Tchad ont décidé de suspendre leur participation au Dialogue national. Toutefois, ils affirment rester disponibles pour continuer à offrir nos services dans toutes les démarches ultérieures de réconciliation que nous jugerons sincères ».

Outre les évêques, l'Entente des églises et missions évangéliques du Tchad (EEMET), les emboîte également le pas et décide de suspendre sa participation au Dialogue national, pour « ne pas être du côté de ceux qui cautionnent l’injustice et l’inégalité ». « Les procédures de l’adoption du Règlement Intérieur (RI) et de la mise en place du présidium sont rocambolesques, ni transparentes, ni consensuelles et inclusives. Elles laissent présager un « agenda caché », sinon, comment comprendre que malgré l’appel et l’insistance des participants, les acteurs sont restés insensibles », relève le révérend Dr Djimalngar Madibaye, secrétaire général de l’Entente.

Il ajoute que la composition du présidium n’a pas requis l’unanimité de la plénière. C’est ce qui aurait motivé le président du présidium à promettre un léger réaménagement. « Cette promesse ne s’est pas encore réalisée jusqu’aujourd’hui. L’absence de certains acteurs politiques, de la société civile et des politico-militaires non signataires de l’Accord de Doha ne garantit non plus le caractère inclusif du Dialogue ». La proclamation de la liste du présidium, est à l’origine du retrait de l’ordre professionnels.

Des personnalités, responsables de partis politiques et associations ont menacé de quitter le Dialogue. Siddick Abdelkerim Haggar, à la tête d’une coalition d’une centaine de partis politiques et associations, menace de rejoindre les Transformateurs et Wakit Tamma, qui ont refusé de participer eux aussi au Dialogue. « Nous leur donnons raison. Nous leur disons que nous sommes désormais avec eux. Nous allons agir ensembles pour bâtir ce Tchad nouveau », a justifié le président national de l’Union pour la refondation du Tchad. Malgré la méditation faite par les aînés et les religieux, le Dialogue national inclusif avant lourdement.

Après les annonces de suspension des organisations et partis politiques et les confessions religieuses, c’est l’Eglise qui a quitté le navire de façon définitive du Dialogue national inclusif et souverain, le 17 septembre dernier. Pour les catholiques, l’Eglise a voulu participer, non seulement à travers les fidèles laïcs catholiques, membres des différentes corporations qui les ont délégués, mais par une délégation officielle composée de trois laïcs, d’un prêtre et trois évêques selon. Ils disent avoir constaté que le DNIS, dans sa forme comme dans sa gestion, était mal parti, et un bon nombre de participants en ont été frustrés.

« Nous nous sommes rendus compte d’une certaine volonté de main mise d’un groupe sur ce processus, alors qu’il devait être un exercice d’écoute réciproque, dans le respect mutuel », indiquent les évêques du Tchad.

« Conscients de notre statut de pasteurs qui nous invite à nous tenir à égale distance entre les parties, nous avons exprimé nos réserves en suspendant notre participation aux séances. Nous avons mis à profit ce temps pour continuer avec les autres leaders religieux et ainés, notre travail de médiation, afin de redonner au dialogue son caractère inclusif ».



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)