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Tchad: Le MPS est-il trop fort ou est-il favorisé par un jeu politique mal arbitré ?


Alwihda Info | Par Moussa Goudja - 15 Avril 2015


la chronique de Moussa


le match electoral est different du match du football


Le jeu électoral dans notre pays n’a jamais fait l’unanimité entre les différents acteurs politiques. A l’approche de chaque processus électoral, que des problèmes ! Ces problèmes sont liés au recensement électoral et la formation de la CENI.
Accord du 13 aout 2007, né pour les élections présidentielles, législatives et communales passées et le Cadre National pour le Dialogue Politique(CNDP) pour les élections avenir. Mais que observe t- on dans la réalité ?
A l’observation des élections législatives et communales passées, j’ai eu à dégager trois(3) catégories des candidats.
Les 3 catégories des candidats sont : Les Habitués du coin ; les Bonnes graines et les Aventuriers.
Les Habitués du Coin : sont des candidats qui ont à leur actif plusieurs mandats de députés, généralement c’est les vieux de la vieille politique. Entre eux et leur base électorale, c’est une longue histoire d’amour. Qu’il pleuve ou qu’il vente, ils sont des chevaux gagnants. Ils règnent sur leur fief politique comme un roi. Qu’il fasse campagne ou non, ils raflent toujours la mise. Gare à ceux qui s’aventureraient à s’y frotter. Défaite assurée. Ces chefs des Partis qui répondent à ce critère ne sont pas nombreux.
Les Bonnes graines: ce sont des candidats sélectionnés par leurs partis à cause de leurs moyens ou notoriétés dans leurs circonscriptions respectives. Ils sont généralement des jeunes. C’est leur baptême du feu. Il se présente indirectement comme des messies venus sauver les mairies et les circonscriptions de l’apocalypse. Cette catégorie investissent beaucoup et promettent beaucoup. Des gens capables de transformer les sentiers d’aujourd’hui en des autoroutes de demain. Cette catégorie se recrute généralement dans les grands Partis.
Les Aventuriers : ce sont tous ceux là qui se lancent dans l’aventure des élections avec des chances quasi nulles. C’est des candidats très nerveux qui veulent amener par la force le gibier vers le chasseur. Ils ne sont nantis que des maigres moyens. Ils ne bénéficient pas du soutien marquant et déterminant de leurs partis politiques. Ils ne drainent pas à leur suite une foule d’amis et de sympathisants. Seul contre tous. Ces candidats sont pour la plupart des grands intellectuels mais étrangers à la réalité de leur pays. Ils sont candidats pour rire d’eux même. C’est les genres des candidats qui crient au voleur, sans qu’on lui vole.
Comment se déroule la campagne ?
Au déroulement de la campagne, les candidats issus du parti au pouvoir peinaient à défendre leur bilan. Ceux de l’opposition, qui voulaient obtenir les suffrages du peuple peinaient à développer des idées neuves au sujet de leurs projets. Le match se déroule alors par la technique de la diabolisation de l’autre et la technique de nourrir sa chèvre au jour du marché.
La technique de la diabolisation de l’autre : La diabolisation de l’autre est une pratique politique de plus en plus récurrente dans le jargon politique tchadienne. Elle consiste à se servir des médias pour proférer aux adversaires politiques des calomnies. Au lieu de défendre un projet politique ou un bilan, nos hommes politiques passent le temps à traiter leurs adversaires de tous les noms. Mais de tels actes tiennent du fait qu’au pays de SAO, on n’est pas encore parvenu à comprendre qu’un adversaire politique n’est pas un ennemi. Mais juste quelqu’un qui a des points de vue différents pour atteindre un même objectif: développer le pays.
Cette technique est généralement utilisée par les candidats de l’opposition. En panne d’idée, ils n’ont que pour seul arme de diaboliser l’adversaire. Les consignes donnés à leur électorat sont les suivantes : s’il vous donne des dons « Prenez et mangez, car ces dons sont l’argent de vos impôts, du pétrole, qu’ils ont volé. Mais ne votez pas. Seuls dans l’isoloir, pensez à vos souffrances et votez pour le changement. »
La technique de nourrir sa chèvre le jour du marché : Cette technique est aussi vieille que le Tchad, elle a fait son lit depuis le PPT RDA et Le MSA, respectivement, partis de Gabriel Lisette et de Ahmat Kouloumallah, le père de Abdramane Kouloumallah, ancien Ministre de la Culture jeunesse et Sport. Elle se manifeste par l’achat des votes à travers les dons de nourritures et autres boissons. Très souvent, comme on l’a constaté encore cette fois-ci, les lieux de campagne se transforment en réels lieux de bataille alimentaire. Ceux qui adoptent cette technique gagnent souvent les élections, haut la main.
Que veulent les électeurs ?
Les électeurs, pour la plupart, politiquement analphabètes n’ont pas besoin des rêves ou des bilans. C’est le présent qui les intéresse. Ils ne votent que pour les habitués du coin ou les bonnes graines. Les consignes données par les aventuriers sont jetées à la poubelle.
Que retient t-on ?
Le jeu politique est différent du match de football. En football, une petite équipe peut battre une équipe de renommée parce que le ballon est rond. En politique un petit parti ne peut jamais vaincre un grand parti, parce que le bulletin est plat.
Pour expliquer leur échec, beaucoup de partis se disent dépourvus des moyens. Mais un parti qui n’a pas de moyen ne pas un parti. Car, il ne pourrait gagner aucune élection, puisque Les moyens du Parti c’est d’abord les ressources humaines. Un parti qui compte par exemple 100.000 militants, il peut encaisser facilement 10.000.000 de francs CFA /semaine à raison de 100 francs CFA par cotisation hebdomadaire par militant. Même 25 francs CFA, ils auront 2.500.000 francs CFA. La richesse d’un parti, ce sont ses militants. Certains Partis ont du mal à vendre même leurs cartes d’adhésion et crie au voleur à chaque élection.
Quoi qu’on puisse dire du MPS, c’est le parti le plus influent actuellement au Tchad. Car, ses militants viennent de toutes les origines et de tous secteurs d’activités. Ils présentent toujours aux élections, les candidats de deux premières catégories. Le Habitués du coin et les bonnes graines.
Le MPS est un parti populaire bien structuré doté d’un grand pouvoir financier et difficile à battre dans une élection au Tchad. La politique est l’affaire du gros sou, disait un grand homme politique tchadien.

Moussa Goudja
66 24 03 08






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