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INTERVIEW

Tchad : Saleh Kebzabo dénonce l'interdiction du congrès de l'UNDR


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 12 Avril 2019


Le chef de file de l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), Saleh Kezbabo apporte des éclaircissements sur l'annulation du congrès du parti initialement prévu ce vendredi à Mongo, et l'arrestation d'un opposant équato-guinéen par la police.


L'opposant tchadien Saleh Kebzabo. © Alwihda Info
L'opposant tchadien Saleh Kebzabo. © Alwihda Info
Alwihda Info : Le Gouverneur de la province du Guéra déclare ne pas avoir interdit le meeting mais avoir demandé un report. Il dit que nous n'avez ni adressé une correspondance au ministère de l'Intérieur, ni au Gouvernorat de la province du Guéra pour la tenue du congrès.

Saleh Kebzabo : Non, cher ami. Nous on n'est pas un petit parti. On n'est pas des apprentis. On a saisi le ministre de l'intérieur depuis février. Le ministre de l'Intérieur n'a pas répercuté ici peut être. Mais quoi qu'il en soit, notre antenne locale a rencontré le gouverneur, il y a une dizaine de jours. Pour nous c'est une confirmation. Donc, il cherche des poux dans la tête pour raconter n'importe quoi. Il ne faut pas qu'il justifie comme ça, l'administration est bien au courant. Si vous voulez, on va vous retrouver la lettre et la mettre à votre disposition. On va même vous donner une copie.

Il raconte des histoires. J'ai vu le gouverneur hier matin. Il nous a saisi par notre délégué provincial hier, c'est par lui qu'il est passé, alors que je suis passé le saluer. Il ne m'a pas dit ça. Après mon départ, il a préféré laisser à notre délégué régional qui est venu nous annonce la nouvelle hier soir.

Ce matin, je suis retourné le voir avec deux autres amis. On était trois devant le gouverneur qui nous a fait attendre à son domicile. Il est enfin sorti vers 9 heures, on s'est salué et j'ai posé la question. Le gouverneur confirme qu'il y a une situation sécuritaire dans le Guéra qui n'autorise pas la tenue de quelque manifestation que ce soit, ni meeting, ni marche, ni congrès. Aucun rassemblement parce qu'il y a une situation sécuritaire qu'il ne maitrise pas. Qu'on lui donne le temps de maitriser cette situation et on reviendra tenir notre congrès à une autre date. Mais un congrès, c'est une manifestation qui fait déplacer 500 personnes de tout le pays. Vous n'allez pas demander à un parti de reporter un congrès sur 10 ou 15 jours. Ce n'est qu'une interdiction voilée de la part du gouverneur. Ce matin, il nous a aussi fait part de la situation du Soudan qui amène à plus de vigilance.

L'Etat tchadien n'est pas en mesure de maitriser la situation sécuritaire  du Guéra donc du pays. Il faut en tirer les conséquences tout simplement. Est-ce que le Guéra est une région frontalière ? Ça n'a pas de frontières avec le Soudan. Qu'est-ce que la situation du Soudan a avoir là dedans ? Tout ça c'est des arguments fallacieux, précédés deux jours auparavant par le refus de l'amphithéâtre de l'Université qui nous était accordé pour notre congrès. Deux jours avant le congrès, on vient nous dire que la salle n'est plus disponible. La salle qu'on trouve le lendemain chez les catholiques, on nous dit aussi que non, elle est trop petite. Finalement, on s'est rabattu sur notre état-major. On a monté des hangars pour faire notre congrès et hier soir, on nous dit qu'il faut reporter. Ça veut dire quoi ? C'est une machine qui est orchestrée contre nous. Sans compter qu'il y a un mois, quand on a fait le point des maisons qu'on a réquisitionné pour loger nos militants, il y en avait 19. Il y a 5/6 jours, quand on est revenu pour faire le point, il y en avait 6. Les autres ont été menacés pour ne pas nous donner ces maisons ou alors ils ont multiplié la location par 10. Là où on nous demandait 40.000 FCFA, on nous demande maintenant 500.000 FCFA. Tout ça on a vécu. C'est ça la situation globale ici, le MPS veut pas que notre congrès se tienne à Mongo. Un point c'est tout.

Par rapport à l'interpellation de l'opposant équato-guinéen, le gouverneur dit qu'il n'a pas été informé, qu'il vous a rencontré ce matin mais que vous ne lui avez pas fait cas de l'interpellation de votre ami.

Ça là ! Vous même vous êtes tchadiens. nos dirigeants brillent par leurs mensonges. Comment est-ce que je peux ne pas lui en parler ? Lorsque hier soir, on n'avait rien que des rumeurs, je lui ai dit qu'il n'y a pas de secrets au Tchad. Il m'a dit pourquoi ? Je lui ai dit que les rumeurs courent selon lesquelles les services de sécurité veulent arrêter l'un d'entre nous. Il a dit non, il n'est pas au courant. Vous voulez que je vous dise quoi quand un gouverneur vous dit qu'il n'est pas au courant.

Alors qu'il vous a rencontré ce matin et ne vous a pas...

Oui, attendez...Et que dans la nuit maintenant, le commissaire vient pour le prendre. On s'est interposé, on a dit non, nous aussi on vient avec lui. Nous sommes allés avec lui au commissariat. Personnellement, je suis resté au commissariat pendant deux heures. Ils sont venus pour le prendre, on a dit non, nous ne partons pas sans lui. Revenez demain matin. Ils ont refusé. Nous aussi on refuse. Comme on ne voulais pas d'affrontements, on a dit qu'on donne trois de nos éléments dont Topona pour les accompagner. Ils ont accepté. Ils ont pris les trois. Ils ont roulé toute la nuit pour arriver à N'Djamena ce matin. 

Ce matin, la première chose que j'ai faite, c'est d'aller rendre visite au gouverneur avant de partir. Je lui ai dit que je suis venu écouter de mes propres oreilles ce qu'il veut dire, au lieu de passer par le délégué provincial comme il l'a fait hier. Il m'a répété ce que je vous ai dit. Il vous a dit autre chose alors qu'il m'a dit ce matin que la situation séculaire ne le permet pas.

D'ailleurs, il m'a dit qu'il va saisir tous les partis pour les tenir informés de cette décision, qu'il n'y aura aucune manifestation politique dans le Guéra, ni réunion, ni meeting, ni congrès, ni quoi que ce soit. Je lui ai demandé une notification. Il m'a dit qu'il n'y a pas de problème, qu'il le ferait. Vers midi, nous retournerons chez le gouverneur pour récupérer la notification écrite. Ça m'étonnerait, mais on le prendra au mot tout simplement.

L'opposant équato-guinéen est toujours aux arrêts ou il a été libéré à N'Djamena ?

Non, il n'a pas été libéré. Il est aux renseignements généraux. Il va être ensuite récupéré par le directeur général de la police qui va venir le prendre, parait-il, pour l'amener je ne sais où.

C'est quelqu'un qui est sorti librement de son pays, c'est un chef de parti. Il est parti il y a environ cinq jours de son pays. Il est allé à l'Ambassade du Tchad prendre son visa, on lui a donné le visa. Il est allé faire une escale de deux jours à Douala. Voilà son itinéraire. Il est arrivé à N'Djamena avant-hier soir à 19 heures. Nous l'avons accueilli. Nous sommes venus à Mongo hier soir et la police l'a pris. Qu'est-ce qu'ils peuvent nous trouver comme argument ? Le gouverneur m'a dit que d'après la fiche qu'il a reçu de la police, c'est une personne dangereuse. Pourtant, ils l'ont laissé sortir (de son pays, ndlr). 

Propos recueillis par Djimet Wiche.



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