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TCHAD

Tchad : Wakit Tamma était encore dans la rue


Alwihda Info | Par Masrambaye Blaise - 11 Décembre 2021


La coordination des actions citoyennes Wakit Tama a marché ce 11 décembre. La révision de la charte de transition, l'inclusivité et la sincérité du dialogue sont entre autres les raisons la marche pacifique.


Froid de canard ce matin du 11 décembre. Des centaines de jeunes l'ont bravé et ont investi la Place Fest'Africa. Ils s'enroulent du Bleu-jaune-rouge ou l'arborent fièrement, s'en serrent les têtes ou le poignet. Vuvuzelas, sifflets, haut-parleurs, tout est utile pour faire du vacarme. Les chants hostiles au Conseil militaire de transition (CMT) sont entonnés à rompre les cordes vocales. "Ils ont dit que Déby est mort au front. En réalité, c'est un coup d'État ! Nous avons des diplômes, nous voulons l'intégration..." sont chantés en boucle.

Appolos Woïbogo, handicapé, licencié en gestion et intégré à la fonction publique n'est pas satisfait de sa situation et est prêt marcher "pour le changement, pour la considération des personnes handicapées". Et son "sixième sens lui dit que ce changement aura lieu". Clarisse, élève en classe de seconde, veut marcher pour "une éducation de qualité". 

À 8h 30, Masra Succès, président du Parti Les Transformateurs, rejoint les autres leaders Max Loalngar, Barka Michel, Younouss Mahadjir, Yacine Abdramane et Sitack Yombatina sous de folles ovations de la foule.

La tchadienne entonnée, commence alors environ trois kilomètres de marche. L'avenue Charles de Gaulle est envahie par les manifestants sous l'encadrement de la police nationale et la garde nationale et nomade du Tchad. On se tient les mains par solidarité et pour éviter des dérapages. De nouveaux manifestants rejoignent au fur et à mesure le groupe par la queue. La file compacte s'étire infiniment.

Devant les institutions (ministère de l'Éducation nationale, Radio nationale, Institut français du Tchad), les marcheurs marquent un arrêt, s'agenouillent  et chantent l'hymne national. La marche reprend ensuite et prend l'allure d'une fête. On ne se lasse pas. Les pieds prennent vigueur, frappent le bitume au son du Gourna répandu dans les airs par de gros baffles. Le refrain "ayé namchou" rythme la marche. Les motards, emballés par l'ambiance, traînent leur moto, klaxonnent à crever le tympan. Sur les T-shirts et pancartes on peut lire "le peuple triomphe toujours", "non à la France, non au CMT", nous voulons un dialogue sincère".

Après une heure et demie, la foule arrive au stade Idriss Mahamat Ouya. Tour à tour, les leaders prennent la parole, chargeant tantôt le CMT, encourageant tantôt la jeunesse. "Le CMT entrera dans l'histoire par la grande porte s'il compose avec Wakit Tamma (...). Le dialogue ne se tiendra pas sans nous !", prévient Max Loalngar. Le jour où le peuple décide de braver le destin (...), il rompt la chaîne de l'esclave. Celui qui ne suivra pas cette voie périra sans histoire, avertit Younouss Mahadjir, paraphrasant un auteur tunisien. "Bientôt, nous allons arriver à la terre promise", annonce Masra Succès. Et Max Loalngar y croit fermement car Wakit Tama est "prophétique". Même si le président des Transformateurs reconnait la "mobilisation minimale", au stade, elle constitue toutefois un "entraînement" pour remplir le stade le 8 janvier 2022, inaugurant donc "une année de paix".
 



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