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TCHAD

Tchad : ces étrangers qui offrent la mode et l'emploi


Alwihda Info | Par Masrambaye Blaise - 29 Juin 2022



Ils sont Sénégalais, Maliens, Ivoiriens et autres, ces migrants (appelés étrangers) qui offrent leur savoir-faire dans la mode ouest-africaine, très en vogue au Tchad. Par la même occasion, ils offrent une formation et des emplois aux jeunes Tchadiens. « Où l'on est mieux est sa patrie ». Cette maxime sied quelque peu à la situation d'Issa Dagnoko, couturier malien.

À son atelier « Bamako Couture », ouvert sur l'avenue Goukouni Weddeye, Issa, la trentenaire révolue, teint noir, svelte, mètre enroulé au cou, scrute un spécimen dans son smartphone, gribouille un schéma, puis coupe délicatement un tissu étalé sur le carreau lorsque nous l'interrompions. « Cela fait bientôt 10 ans que je suis ici. Je me sens à l'aise comme chez moi », informe maître Issa. Celui-ci envisagerait de rester définitivement au Tchad si « tel est la volonté de Dieu ».

En attendant, le natif de Bamako propose à ses clients des modèles typiquement ouest-africains. Des ensembles pour femmes et hommes, conçus avec différents tissus. Si Issa se sent « à l'aise au Tchad », Pape y est absolument lié. Ce soir du lundi 27 juin, il plonge dans la solitude dans son atelier, alors que les employés, chassés par l'obscurité et la chaleur, s'affairent au bas de la porte. Certains coupent du tissu, alors que d'autres passent le fer à repasser incandescent sur un morceau découpé de tissu. D'autres encore, à coups de pédales, obtiennent une broderie quelquefois dorée.

Interrompu dans sa méditation, Pape renseigne laconiquement qu'il est « condamné à vivre ici ». En effet, le quarantenaire imposant de taille, a épousé une Tchadienne qui lui a donné deux enfants, rendant « difficile » le retour au pays de la Teranga. Mieux, comme pour l'aider à s'insérer définitivement dans la société tchadienne, les enfants l'obligent à parler les langues tchadiennes. Lui en retour, s'efforce de transmettre à ces derniers, les bribes du wolof.

« Je travaille de l'argent pour le Tchad. Si je gagne 10 000 francs, les 8 000 sont dépensés ici », explique Pape avec un accent de son wolof maternel. Cet argent, il le répartit entre le loyer, l'écolage et surtout l'impôt. « C'est seulement la semaine passée que j'en ai payé, avant qu'on ne m'ouvre l'atelier », explique le propriétaire de La référence, comme pour prouver sa loyauté envers la fiscalité. « Je paye régulièrement l'impôt, alors je n'ai pas de problème », renforce Issa Dagnoko.

Outre l'impôt payé à l'État, Pape a formé trois Tchadiens prêts à l'emploi. Un autre est actuellement en formation aux côtés d'un Nigérien et d'un autre Sénégalais.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)