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Tchad : colère à la douane après le lynchage d'agents en service


Alwihda Info | Par - 28 Octobre 2019



Tchad : colère à la douane après le lynchage d'agents en service. © Alwihda Info
Tchad : colère à la douane après le lynchage d'agents en service. © Alwihda Info
L'avocat de la direction générale des douanes et des droits indirects, Maître Alain Kagonbé, a dénoncé lundi le lynchage de douaniers en service par des "narco-trafiquants" et des civils, la semaine dernière, lors d'une opération d'interception d'un convoi de drogues.

D'après les informations véhiculées sur les réseaux sociaux, un douanier aurait tiré à balles réelles sur deux personnes à N'Djamena pour un corro (récipient, Ndlr) de sucre, faisant deux morts. "Il y a une interprétation tendancieuse qui se fait. Nous tenons à préciser que c'est archi-faux. C'est archi-faux. Nous avons déjà invité Electron TV qui est venu voir ce qui a été saisi. Vous savez bien que la fraude a changé de tactiques et de nos jours, personne ne se donne la peine pour aller à Kousseri payer un corro de sucre. Disons-nous la vérité entre nous. Les sucres sont importés par des gros-porteurs ou des grands fraudeurs. Personne ne se donne la peine de payer le transport pour aller à Kousseri et payer juste un corro de sucre. Il ne s'agissait pas du tout d'un corro de sucre. Il s'agissait de narco-trafiquants qui ont bravé l'autorité de l'Etat, d'abord en passant par la zone rouge interdite", a déclaré à la presse, Maître Alain Kagonbé.

Une zone rouge du fleuve Chari délimitée par décret présidentiel aurait été franchie par des fraudeurs, entrainant une course-poursuite avec des douaniers. "Curieusement, c'est cette ligne rouge qui est le lieu de passage, de prédilection des narcotrafiquants. Parmi eux, il y avait un expatrié dont les effets ont été également saisis dans des chaussures", selon l'avocat.

Au cours de l'opération, une quantité importante de drogue est saisie. Les trafiquants tentent de récupérer leur chargement et "livrent bataille" aux douaniers.

"Aucun citoyen modèle ne peut lever la main sur une force de l'ordre, sur un agent paramilitaire en service. Il y a des voies de recours, des modes de revendication. Comme tout ce qui est douanier est diable, la population, sans savoir de quoi il s'agit, s'est mêlée. Au cours de cette altercation, un des narcotrafiquants a expulsé un agent de douane de la voiture de l'Etat. Il a pris possession de la voiture pour tenter de fuir avec la drogue qui a été saisi. Malheureusement pour lui, et panique aidant, ne maitrisant pas la voiture, il a commis un accident et a heurté une dame qui était blessée. On dit que cette dame aurait été blessé par la douane, je dis que c'est archi-faux. Si vous voyez bien les images, ce sont les femmes qui étaient en première ligne pour secourir les douaniers. "Amenez-les dedans, amenez-les dedans (...)", c'était des femmes. C'est un message. Les douaniers ne peuvent pas à la fois tirer sur une femme, et que ce soit curieusement les femmes qui sont sur les lieux et qui portent secours et assistance aux douaniers, les couvrant et demandant à ceux qui étaient là de les faire entrer dans les locaux du commissariat", explique Maître Alain Kagonbé.

L'avocat se veut clair ; les douaniers n'ont en aucun cas tiré sur une dame. Celle-ci aurait plutôt été fauché par un narcotrafiquant. "Ne connaissant pas conduire ou sous la panique, il a du commettre un accident", précise l'avocat qui reconnait qu'une victime a été blessé par une balle perdue lorsque des trafiquants ont tenté d'arracher l'arme d'un agent de douane. "Au cours de la dispute, la balle est sortie. Ça a atteint une personne qui se trouvait au mauvais moment, dans un mauvais endroit, ajoute-t-il.

Tchad : colère à la douane après le lynchage d'agents en service. © Alwihda Info
Tchad : colère à la douane après le lynchage d'agents en service. © Alwihda Info
La douane extrêmement choquée

"Nous déplorons ce qui s'est passé (...) La direction générale des douanes a été extrêmement choqué par cette information. Elle a décidé de rompre avec le silence, et pour une fois de porter à la connaissance du public que la douane a été victime d'une agression dont les responsables sont des nartotrafiquants. Les faits ont eu lieu au quartier Sabangali. La douane déplore le comportement indifférent d'autres institutions de l'Etat. La douane invite la police, la gendarmerie, la garde nomade et nationale, et les services de renseignement à coopérer avec les services de douane", estime Maître Alain Kagonbé.

D'après lui, "cette mise au point est indispensable pour lever le voile sur le doute et apporter des précisions aux rumeurs qui circulent et viennent animer un débat déjà existant, à savoir la coopération entre la population et les douaniers. C'est notre douane, c'est la douane tchadienne qui travaille pour le Tchad et c'est des agents tchadiens, vos frères et soeurs, pas d'autres personnes. Par conséquent, il faut leur faciliter le travail et l'exercice de leur mission. Il faut cesser de les considérer comme des ennemis."

"Il faut que la population ait confiance en la douane"

"C'est vrai, les douaniers savent qu'il y a quelques éléments de douane dont il faut déplorer le comportement", souligne Maître Alain Kagonbé. Il précise toutefois que la douane a décider "de se réformer, de se recycler, de se discipliner, de faire des agents de douane des professionnels qui travaillent dans l'intérêt du peuple et dans l'intérêt du pays."

"Tous les citoyens sont invités à prêter main forte à la douane, et à dénoncer, au cas où vous assistez à des actes peu orthodoxes provenant des agents de douane, à signaler immédiatement au responsable des douanes ou à moi-même, avocat conventionnel des douanes. Vous pouvez prélever le numéro de la plaque du véhicule. La population est invitée à collaborer avec la douane. La direction générale des douanes du Tchad a décidé de mobiliser beaucoup de ressources financières, matérielles et humaines pour recycler, former les agents de douane en mission", informe-t-il.

Selon lui, "il faut que la population ait confiance en la douane. C'est notre douane, c'est la douane tchadienne. Il faut que la population apprenne le civisme. Dans aucun pays de la terre, vous verrez des gens taper sur des douaniers avec des machettes, déshabiller des douaniers en pleine rue, ou livrer des douaniers à la vindicte populaire. Ce qui s'est passé, et dont l'image circule malheureusement sur les réseaux sociaux est à déplorer."
Djimet Wiche Wahili
Journaliste, directeur de publication. Tél : +(235) 95415519 / 66304389 E-mail :... En savoir plus sur cet auteur



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